Le RN et la réélection de Le Pen comme la présidente du parti

Remy Legaros
10 Min Read
Jean-Marie Le Pen et sa fille, Marine Le Pen

Ecrit par Agathe Thomas

Marine Le Pen a été réélue à la tête du Rassemblement national, parti d’extrême droite française, lors d’un congrès du parti, où elle cherche à donner un nouvel élan à sa candidature à la présidentielle de 2022 après avoir enregistré de mauvais résultats dans les sondages régionaux. Le Rassemblement national (RN), qui était promis à une forte progression lors des élections régionales du mois dernier, a été laissé en plan après n’avoir remporté aucune des 13 régions de France métropolitaine. Les résultats ont soulevé des questions sur la stratégie de Le Pen, qui tente de désintoxiquer la marque de son parti et de le positionner comme une force de droite plus traditionnelle.

L’avocate de formation, âgée de 52 ans, devrait profiter d’un discours-programme plus tard dimanche pour tenter de rallier les troupes avant le vote présidentiel. Jordan Bardella, 25 ans, a été nommé « premier vice-président » du Rassemblement national. Ce qui lui permettra de remplacer Le Pen à la tête du parti pendant sa campagne présidentielle. Les sondages montrent que l’élection se résume à un nouveau duel entre Le Pen et le président centriste Emmanuel Macron, qui a largement battu la candidate anti-immigration au second tour de l’élection de 2017. Mais ce scénario n’est plus considéré comme une fatalité.

Le Pen sous le feu des critiques pour avoir rendu son parti trop traditionnel

Macron est également considéré comme affaibli par les mauvais résultats de son parti La République en marche (LREM) aux élections régionales. LREM, qui a été fondé en 2016, a terminé dernier de grands partis, ne remportant que 7 % des voix du second tour lors d’une élection caractérisée par un taux de participation record.

La dirigeante de l’extrême droite française, Marine Le Pen, fait l’objet de critiques virulentes pour avoir rendu son parti trop traditionnel, en atténuant son côté extrémiste et en ignorant les membres de la base. Des voix internes et externes ont prévenu que cela pourrait lui coûter des voix lors de la course à la présidence de l’année prochaine. Les grondements se sont amplifiés après l’échec du Rassemblement national aux élections régionales il y a un mois. Ils surviennent juste avant le congrès du parti.

Le Pen est la patronne incontestée du parti anti-immigration. On ne s’attend pas à ce que son sort change lors de cet événement qui s’est déroulé à Perpignan. Et ce qui est organisé par le maire de la ville, Louis Aliot, ancien compagnon de Le Pen et, surtout, meilleur résultat du parti lors des élections municipales de l’année dernière. Mais il pourrait y avoir une confrontation inconfortable, au moment même où Le Pen tente d’insuffler un nouveau dynamisme au Rassemblement national.

Jean-Marie Le Pen : « La politique d’adaptation, de rapprochement avec le pouvoir, même avec la droite ordinaire, a été sévèrement sanctionnée »,

 Les critiques disent que Le Pen a effacé la signature anti-establishment de son parti en essayant de le rendre plus acceptable pour la droite traditionnelle. Dans le cadre de cette stratégie, elle a adouci les bords. Elle s’est aussi efforcée d’éliminer les stigmates du racisme et de l’antisémitisme. Ce qui s’accrochaient au parti après des décennies sous la direction de son père, Jean-Marie Le Pen, désormais ostracisé. Elle a même changé le nom du Front national, comme il était appelé sous son père, qui a cofondé le parti en 1972 et l’a dirigé pendant quatre décennies.

« La politique d’adaptation, de rapprochement avec le pouvoir, même avec la droite ordinaire, a été sévèrement sanctionnée », a déclaré Jean-Marie Le Pen. Cela a été une erreur politique et se traduit par un échec électoral, et peut-être des échecs électoraux, a-t-il ajouté, en référence au résultat des élections régionales et au scrutin présidentiel de 2022. Le patriarche provocateur, aujourd’hui âgé de 93 ans, a été exclu dans le but de renforcer la respectabilité du parti. Mais sa critique reflète celle de membres plus modérés qui disent que sa fille a brouillé le message. Son objectif est d’atteindre le second tour de la course présidentielle dans 10 mois avec plus de succès qu’en 2017, lorsqu’elle a atteint le dernier tour, mais a perdu face au centriste Emmanuel Macron.

Louis Aliot : « Marine Le Pen est en déclin »

« Malheureusement, depuis 20 ans, elle est en déclin », a déclaré Louis Aliot, député du Rassemblement national d’extrême droite française. “Les gens en ont assez “. La réputation de Perpignan en matière de criminalité et de pauvreté, le marché se trouve à côté des rues jonchées de détritus du quartier historique de Saint-Jacques où les bâtiments en ruine sont maintenus debout grâce à des poutres en bois coincées en travers des rues, en a fait un territoire politique fertile pour le parti RN de Marine Le Pen. Aliot, autrefois surnommé « Monsieur Le Pen » parce qu’il a été son compagnon pendant 10 ans, espère faire de Perpignan et de ses 122 000 habitants près de la frontière espagnole la plus grande ville détenue par le parti, consolidant ainsi la position du RN sur la côte méditerranéenne ainsi que dans certaines villes industrielles du Nord de la France.

 Si lui et les autres candidats du RN réussissent, cela pourrait aider Le Pen à exploiter ce que Aliot appelle « l’énorme colère » des gens ordinaires contre le gouvernement et la consolider en tant que principal challenger du président Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2022. À Perpignan, où sévit la criminalité, a déclaré Aliot, “la drogue infecte tout. Les gens ne veulent pas que Perpignan devienne comme Marseille. Il y a un fort désir de renouveau. Il n’y a pas d’entreprises qui viennent investir et il y a des problèmes de transport et d’infrastructure”. La quasi-totalité des candidats à l’élection de Perpignan attribuent son déclin au sclérosant « système Alduy-Pujol » sous lequel la ville est dirigée par les deux mêmes familles depuis 1959. Le seul à ne pas le faire est Jean-Marc Pujol, 70 ans, le président sortant qui se représente.

Le gouvernement vers un « front républicain » contre l’extrême droite !

 Le taux de chômage à Perpignan est de 25 %, soit trois fois plus que la moyenne nationale. Selon l’Insee, près d’un tiers des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Parmi les milliers de gitans locaux, l’équivalent catalanophone d’origine espagnole des Roms d’Europe de l’Est, les responsables affirment que le taux de chômage atteint 60 %. Ce n’est pas la première fois que Aliot se présente à ce poste. Lors de la dernière élection municipale de 2014, il a remporté le premier tour de scrutin. Mais s’est vu refuser la mairie parce que le candidat socialiste a pesé de tout son poids derrière Pujol pour faire barrage à l’extrême droite. Tout comme les électeurs l’ont fait lors des précédentes élections présidentielles françaises dans le cadre d’un soi-disant « front républicain » visant à écarter Le Pen et son père du palais de l’Élysée.

Ces derniers mois, les responsables politiques français se sont de plus en plus demandé si ce « front républicain » contre l’extrême droite pouvait perdurer, au niveau local ou national. Le Pen a essayé de « désintoxiquer » son parti et de nettoyer sa réputation de racisme et d’antisémitisme. À Perpignan, Aliot a recruté des partisans de centre-droit sur sa liste pour le conseil municipal. Au lieu du logo du RN, sa documentation de campagne ne montre que les drapeaux catalan et français de chaque côté du Castillet médiéval, le mini-castle du centre. Il parle également plus de la loi et de l’ordre que de l’immigration et attend le soutien de certains électeurs d’origine marocaine qui en ont assez de la criminalité de rue.

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