Ces derniers mois, une armée d’ingénieurs s’est déployée dans les centrales nucléaires de France pour inspecter les réacteurs à la recherche de signes d’usure. Des centaines d’experts soudeurs ont été recrutés pour réparer les problèmes rencontrés dans les circuits de refroidissement. Des tests de stress sont effectués pour vérifier l’absence de problèmes de sécurité. Alors que l’Europe passe un hiver sans gaz russe, la France agit rapidement pour réparer une série de problèmes qui affectent son parc nucléaire. Un nombre record de 26 de ses 56 réacteurs sont à l’arrêt pour maintenance ou réparation après la découverte inquiétante de fissures et de corrosion dans certains tuyaux utilisés pour refroidir le cœur des réacteurs.
La crise bouleverse le rôle que la France a longtemps joué en tant que premier producteur d’énergie nucléaire en Europe, et soulève la question de savoir dans quelle mesure son arsenal nucléaire pourra contribuer à combler la pénurie qui menace le continent. L’opérateur d’énergie nucléaire soutenu par l’État, Électricité de France (EDF), qui gère le secteur de l’énergie nucléaire en France, a déclaré la semaine dernière qu’il travaillait selon un calendrier accéléré pour remettre en service tous les réacteurs sauf 10 d’ici janvier, ajoutant qu’il n’y avait aucun risque pour la sécurité et que les régulateurs surveillaient chaque étape. Le gouvernement du président Emmanuel Macron a fait pression sur l’entreprise pour qu’elle améliore ses performances.
« Nous avons été confrontés à une situation sans précédent et nous avons dépassé le pire », a déclaré Regis Clément, directeur général adjoint de la production nucléaire d’EDF, lors d’un point presse. « Nous faisons de notre mieux pour jouer un rôle dans la crise énergétique », a-t-il ajouté. Les problèmes auxquels EDF est confrontée, une nouvelle vague d’incidents liés à la sécurité, combinée à des retards imprévus dans le calendrier de réparation de l’entreprise, ne pourraient pas tomber à un pire moment. En Russie, la tactique du président Vladimir Poutine consistant à retenir l’énergie pour punir les pays soutenant l’Ukraine pousse l’Europe à transformer sa façon de produire et d’économiser l’énergie.
Les pays se regroupent pour stocker des réserves d’énergie supplémentaires, tout en mettant en place d’importants programmes de conservation. La sécurité énergétique de l’Europe reste sur le fil du rasoir, ce qui crée un sentiment d’urgence en France pour remettre son programme d’énergie nucléaire sur les rails. Le gouvernement du président Macron a présenté ce mois-ci au Parlement une mesure visant à accélérer un plan ambitieux de construction de six réacteurs gigantesques à partir de 2028, afin de tenir la promesse de ce qu’il a appelé une « renaissance nucléaire » française. La France s’est tournée vers l’énergie nucléaire dans les années 1980 et possède, après les États-Unis, le plus grand parc atomique du monde, produisant 70 % de son électricité et l’exportant vers d’autres pays. Cela a rendu la France historiquement moins dépendante du gaz russe que son voisin allemand.
Mais la crise de l’énergie nucléaire en France est devenue si aiguë que Macron se prépare à ce que le gouvernement reprenne les 16 % d’EDF qu’il ne possède pas encore, pour un coût de près de 10 milliards d’euros (10,3 milliards de dollars). L’entreprise, dont la dette s’élève à près de 45 milliards d’euros, s’est enfoncée davantage dans les difficultés financières et a annoncé que son bénéfice pour 2022 chuterait de 29 milliards d’euros en raison des problèmes liés à ses réacteurs, ainsi que des efforts déployés par le gouvernement pour obliger EDF à fournir de l’électricité artificiellement bon marché aux ménages et aux entreprises. Alors même qu’EDF s’empresse de se conformer à la demande de réparations accélérées, l’entreprise a réduit la semaine dernière ses prévisions de production d’énergie nucléaire pour 2022. Cette annonce a provoqué une flambée du coût de l’électricité française et européenne. Les efforts herculéens pour réparer la corrosion dans les tuyaux qui refroidissent les cœurs de quatre réacteurs ont pris plus de temps que prévu, a déclaré l’entreprise.
Électricité de France (EDF) a récemment déclaré qu’il était probable qu’elle réduise encore la production de ses réacteurs nucléaires, alors que le temps chaud fait monter la température des rivières, mettant ainsi en lumière la crise énergétique de la deuxième économie de l’Union européenne. La compagnie française d’électricité a également déclaré que les centrales électriques situées sur le Rhône et la Garonne produiraient probablement moins d’électricité dans les jours à venir, tout en maintenant un niveau de production minimum pour assurer la stabilité du réseau. La vague de chaleur fait grimper la température du fleuve, ce qui limite la capacité de la compagnie à refroidir les centrales. Ces restrictions risquent d’entraîner une nouvelle hausse des prix de l’électricité, qui ont atteint des niveaux record en France et en Allemagne. L’Europe subit sa pire pénurie d’énergie depuis des décennies, les retombées de l’invasion de l’Ukraine par la Russie entraînant une hausse du gaz naturel.
Selon la réglementation française, EDF doit réduire ou arrêter la production nucléaire lorsque la température des rivières atteint certains seuils, afin de garantir que l’eau utilisée pour refroidir les centrales ne nuit pas à l’environnement lorsqu’elle est rejetée dans les cours d’eau. Les dernières restrictions comprennent des limitations à la centrale de Saint-Alban, selon un document déposé. L’installation fonctionnera à un minimum de 700 mégawatts, par rapport à une capacité totale d’environ 2 600 mégawatts. Des réductions sont également probables à la centrale de Tricastin, où deux unités maintiendront au moins 400 mégawatts.
La compagnie d’électricité en difficulté a estimé que la production de cette année serait la plus faible depuis plus de trente ans, car de nombreuses centrales sont fermées pour des travaux de maintenance et de contrôle. Ses problèmes obligent le pays, traditionnellement exportateur, à compter sur les importations de ses voisins, dont le Royaume-Uni, qui est confronté à sa propre crise énergétique. Les réacteurs nucléaires français fonctionnaient à 44 % de leur capacité. Ainsi, la France doit licencier un grand nombre d’employés travaillant dans le secteur de l’énergie nucléaire après avoir fait face à une crise énergétique de grande ampleur. Selon les estimations, il est même possible de réduire de moitié le nombre d’employés dans ce domaine en France. Une question qui a suscité l’inquiétude des travailleurs et des syndicats. Récemment, la France a connu de grandes manifestations contre la réforme des retraites.
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