Un gouvernement dont les mains sont entachées du sang du peuple innocent yéménite et qui est connu pour avoir emporté les terroristes criminels vers la région n’est certainement pas à la hauteur d’assumer l’énorme responsabilité d’accueillir des pèlerins et doit être tenu responsable de sa mauvaise gestion.
Hajj (ou hadj) est l’un des piliers de l’Islam que tout musulman rêve d’accomplir. Le grand pèlerinage se déroulera pour cette année 2023 du 26 juin et 1er juillet prochain.
Le souvenir de la tragique bousculade survenue en 2015 à Mina, la pire de l’histoire refait encore surface dans ces jours. Plus de deux millions de musulmans ont entamé dimanche sous une chaleur écrasante le pèlerinage annuel à la Mecque en Arabie saoudite.
2 300 personnes avaient trouvé la mort en 2015 en plein rituel de la lapidation des stèles. Pourtant et malgré tout, pour cette année 2023, les candidats sont toujours aussi nombreux. Après la tragédie de Mina, l’organisation du hadj par Riyad est toujours pointée du doigt.
Le gardien des lieux saints, le roi d’Arabie Saoudite, Salmane ben Abdelaziz, a présenté ses condoléances aux familles des personnes qui ont trouvé la mort dans la bousculade ayant eu lieu à Mina le 24 septembre 2015, tout en écartant les critiques, formulées par les pays musulmans, quant à une quelconque faille dans l’organisation de ce pèlerinage annuel.
L’absence de sens des responsabilités chez le gouvernement saoudien et sa mauvaise gestion dans l’organisation du hajj ont entraîné à plusieurs reprises la mort de milliers de pèlerins à la maison de Dieu. Il revient donc au monde musulman de trouver une solution à ce problème important.
Le hajj est un culte divin qui doit être accompli dans une ambiance sûre et calme sans aucune tension et sentiment d’insécurité, pour que les musulmans puissent se rapprocher de Dieu en l’accomplissant en sérénité.
A cet effet il incombe aux pays islamiques de jouer leur rôle dans la gestion de l’organisation du hajj abrahamique et y avoir une part.
La sécurité des pèlerins et tous les aspects de ce culte qui est de nos jours aussi politique que spirituel doivent être pris sérieusement en compte dans l’organisation du hajj.
Pour de nombreux commentateurs, les rites du Hajj devraient être organisés sous la direction collective des pays musulmans, et la mise en œuvre des rituels de ce gigantesque pèlerinage ne devrait pas être monopolisée par l’Arabie saoudite.
Tous les services nécessaires prévus pour les pèlerins de la Maison de Dieu doivent être fournis, car « Bait allah al haram » devrait être la maison sûre de Dieu et la sécurité de tous les pèlerins fidèles qui y sont présents doit être assurée.
Bien que la cérémonie du Hajj soit l’une des obligations de l’Islam, difficile à accomplir pour diverses rasions, un attrait particulier se développe chez les musulmans pour le grand pèlerinage à La Mecque (le Hajj peut être sous forme de collective (Tamattu ou grand pèlerinage) ou Umra (individuel ou petit pèlerinage).
Pour les musulmans, le pèlerinage annuel du hajj qui s’effectue à la Mecque, en Arabie Saoudite est donc au cœur d’un grand tourisme religieux. Il fait partie des intérêts spirituels des musulmans, mais du point de vue économique, c’est un tourisme de pèlerinage dans le sens vrai du terme. Cette industrie est à la base de la croissance économique de nombreux pays, et l’Arabie saoudite qui en est consciente a su attirer des revenus importants dans ce domaine du fait que la Qiblah des musulmans, la Kaaba, est située en son cœur.
Bien que le tourisme soit considéré comme une industrie très importante, il est très sensible. La pierre angulaire de l’industrie touristique est d’assurer dignement la sécurité des touristes dans le pays de destination. Si un pays ignore la sécurité de ses voyageurs pour une raison quelconque, il perdra progressivement sa position de destination touristique. Par conséquent, une bonne gestion et une bonne fourniture des infrastructures nécessaires pour créer le bien-être et la sécurité des voyageurs sont importantes pour la plupart des pays qui ont pris conscience de l’importance de ce marché.
Il paraît que les autorités de La Mecque et de l’Arabie saoudite ne se soucient pas tellement de la sécurité et du bien-être de leurs touristes. Cette indifférence est principalement due à la volonté et à la croyance des musulmans dans l’accomplissement du Hajj Tamattu, (obligatoire en Islam pour tout musulman qui est en capacité physique de le faire et qui en a les moyens financiers). Cela signifie que l’Arabie saoudite, sur la base de la nature obligatoire du hajj, est convaincue que les musulmans affluent toujours à La Mecque pour accomplir leur hajj obligatoire, quelles que soient les conditions d’accueil dans le pays hôte. Un événement qui génère des revenus considérables pour l’Arabie saoudite, qui est parfois égal aux revenus pétroliers du pays,
Le hadj, l’autre pétrole des Al-Saoud
Le pèlerinage à La Mecque, l’un des piliers de l’Islam, garantit une manne perpétuelle aux autorités saoudiennes. Pour recevoir un nombre toujours plus important de visiteurs, les dirigeants wahhabites n’hésitent pas à transformer la ville sainte en chantier permanent, quitte à la défigurer. L’ambition d’accueillir toujours plus de pèlerins pose de graves problèmes de sécurité et de santé.
Selon l’AFP, plus de 2 millions de musulmans se rendent chaque année en Arabie saoudite pour accomplir les rituels obligatoires du hajj.
En moyenne, le hajj rapporte au royaume entre 10 et 15 milliards de dollars par an. À cette manne, il faut rajouter 4 à 5 milliards de dollars apportés par les huit millions de pèlerins accomplissant la Umra, un pèlerinage, non obligatoire, à La Mecque qui peut s’effectuer à n’importe quelle date de l’année (en dehors du hadj) et qui atteint un pic pendant le ramadan. Selon la chambre de commerce et d’industrie de La Mecque, 25 % à 30 % des revenus du secteur privé des deux villes saintes (La Mecque et Médine) dépendent du pèlerinage. Au total, les revenus cumulés du hajj et de la Umra constituent le deuxième poste de recettes de l’État saoudien après les ventes d’hydrocarbures. En 2018, Riyad prévoyait que ces deux pèlerinages lui rapporteraient 150 milliards de dollars de revenus au cours des cinq prochaines années. Et le royaume veut plus. Selon les experts ayant rédigé « Vision 2030 », le plan de diversification économique du royaume concocté sous l’égide du prince héritier Mohammed Ben Salman, trente millions de personnes devraient effectuer chaque année la Umra d’ici à dix ans. Selon ce document, « le tourisme religieux est une option durable pour l’Arabie saoudite »
Selon la source, le plus grand bénéficiaire du hajj en Arabie Saoudite est le secteur immobilier, car 30 à 40% des dépenses des pèlerins sont consacrées au logement, et ce revenu a rendu très dynamique les activités dans ce secteur en La Mecque.
Le hajj a également ses retombées économiques positives sur d’autres secteurs saoudiens, tels que l’emploi, les transports, le luxe, les cadeaux et les souvenirs.
Un autre résultat du hajj est l’augmentation des paiements et des réserves de change de l’Arabie saoudite, car pendant la saison du hajj, la demande de riyals saoudiens augmente de manière significative par les pèlerins. Les devises étrangères font ainsi partie de la principale et importante source de revenus pour le pays.
Le hajj joue un rôle important dans la résolution des problèmes économiques des musulmans, ainsi que dans le fait de donner un nouveau sens aux affaires dans cette terre sainte, car la présence de pèlerins augmente la demande et augmente par la suite l’offre, et les commerçants trouvent l’occasion de se rencontrer et d’apprendre sur les produits de tous les pays islamiques, et sur les modalités de les échanger.
Les importations de l’Arabie saoudite pendant les saisons du Hajj et de la Umra en 2012 ont atteint plus de 62 milliards de riyals saoudiens (5,16 milliards de dollars) et 12 millions de pèlerins ont visité le Pays de la révélation de l’Islam.
Le journal saoudien Al Youm citant Nadia Bashan, experte en économie et directrice de la faculté de commerce et d’économie du nord de Jeddah, a écrit : « Si cette source de revenus est bien utilisée, les acquis qui en découlera sera égal aux moyens financiers colossaux tirés de la manne pétrolière ».
Enfin le hajj est aussi affaire de tensions diplomatiques. Pour punir un pays qui ne partagerait pas ses vues, Riyad peut diminuer de manière unilatérale son quota de pèlerins. Une situation critiquée par la Turquie et l’Iran, voire l’Indonésie et la Malaisie, qui ont eu à subir ce type de rétorsion et qui évoquent régulièrement la création d’une sorte de Vatican musulman échappant à l’oukase saoudien.