Le 10 janvier, le Premier ministre français Élisabeth Borne a annoncé des projets de coupes sombres dans les retraites publiques en France. Le projet de loi, qui augmente l’âge officiel de la retraite de deux ans, ressuscite la réduction des retraites que le président Emmanuel Macron a essayé et finalement échoué à faire passer en 2019-2020.
Les prétendues réformes de Macron visent à imposer le coût de la crise capitaliste aux Français pauvres.
La coupe est massivement impopulaire, avec 68% des Français qui s’y opposent, et Macron a été contraint de mettre de côté la coupe des retraites en 2019-2020. Cela a provoqué une grève ferroviaire de six semaines, que Macron et le Parlement ont attendu, adoptant la réforme après la fin de la grève. Cependant, Macron s’est ensuite senti obligé de l’abandonner au printemps 2020 – même après qu’elle ait été votée au parlement – car les grèves de masse en Italie, en France et dans toute l’Europe contre l’inaction de l’État sur le COVID-19 ont forcé Macron à tenir compte des appels des médecins à un verrouillage strict.
La relance de ce plan par Macron, un ancien banquier d’affaires connu comme le “président des riches”, montre clairement les plans de l’aristocratie financière pour la nouvelle année. Elle agit avec un mépris total pour les droits sociaux des citoyens français. Alors que la France et d’autres États de l’OTAN déversent imprudemment des milliards d’euros pour envoyer des chars et
de l’artillerie en Ukraine pour faire la guerre à la Russie, risquant ainsi une troisième guerre mondiale, ils ont l’intention de financer la guerre en réduisant le niveau de vie des Français appauvris.
Borne a annoncé plusieurs attaques contre le système de retraite initialement mis en place en 1945-1946, dans le contexte de la chute du régime nazi-collaborationniste de Vichy à la fin de la Seconde Guerre mondiale :
Le relèvement d’un an, à 43 ans, de la durée minimale de cotisation pour partir à la retraite avec une pension complète.
Augmentation à 64 ans de l’âge minimum auquel on peut prendre sa retraite avec une pension complète de deux ans.
Supprimer les régimes de retraite à “régime spécial” qui offrent de meilleures conditions à certains groupes de travailleurs du secteur public.
Aider les travailleurs “retraités” à reprendre le travail pour compléter des pensions insuffisantes.
L’augmentation de la période de cotisation et de l’âge minimum de la retraite permet à l’État de réduire les dépenses liées aux pensions. De larges couches de cols bleus sont trop épuisées pour travailler jusqu’à 64 ans. Les travailleurs qui ont fait des études supérieures ou qui ont passé du temps au chômage ne peuvent pas cotiser au régime de retraite de l’État pendant 43 ans sans travailler bien au-delà de 64 ans. L’État français peut donc appliquer des pénalités dévastatrices, réduisant jusqu’à 5 % de la pension d’un travailleur pour chaque année manquante de la période de cotisation ou chaque année passée à la retraite avant 64 ans.
Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a annoncé que la réforme réduirait de 17,7 milliards d’euros les dépenses globales de retraite en 2030 – soit environ 1 000 euros par retraité et par an, plus de 5 % des dépenses de retraite françaises en 2020, 332 milliards d’euros.
L’appel de Borne à aider les retraités à travailler pour compléter leur pension ne fait que souligner que l’aristocratie financière française a l’intention de supprimer complètement le droit social à une pension publique vivable. En 2019, 400 000 retraités en France ont dû travailler pour compléter leur pension d’État ; les pensions que ces retraités ont reçues n’étaient en moyenne que de 772 € par mois.
La réduction des retraites de Macron et Borne est si sauvagement impopulaire qu’il n’est pas certain qu’ils aient suffisamment de voix pour la faire passer à l’Assemblée nationale, où le parti Renaissance de Macron ne dispose que de 170 des 577 sièges. De nombreux rapports font état d’un accord entre Macron et le parti de droite Les Républicains (LR) pour soutenir les réductions. Cependant, on craint toujours que, après que Macron ait repris sa coupe en 2020, certains parlementaires LR refusent de le soutenir à la dernière minute.
Mme Borne a donc adopté l’astuce cynique et antidémocratique consistant à inscrire la coupe dans la loi budgétaire finançant les déficits des dépenses de la Sécurité sociale. Elle peut alors utiliser une disposition obscure de la constitution française
permettant au président de faire passer en force le budget de la sécurité sociale avec le seul soutien du Sénat français – un organe non élu au suffrage universel et dans lequel LR détient la majorité.
Le régime au pouvoir en France est conscient qu’en procédant de la sorte, le gouvernement Macron risque de provoquer des grèves explosives et une opposition sociale. La semaine dernière, un sondage IFOP commandé par la radio SUD a révélé que 79% des Français estiment qu’une explosion sociale est “imminente” dans les mois à venir. En outre, 52% souhaitent qu’une telle explosion ait lieu.
Surtout, alors que Macron tente de sabrer dans les retraites, des grèves éclatent à travers les nations occidentales contre l’austérité, l’inflation et les politiques d’infection massive au COVID-19 et de guerre. La Grande-Bretagne, en particulier, a connu une vague de grèves ou de votes de grève des travailleurs des transports, des ports, de l’éducation, de la santé et de la fonction publique. Des grèves de cheminots sont en cours en Allemagne et au Portugal et des grèves de métallurgistes en Turquie. Aux États-Unis, les grèves du personnel de santé se multiplient, et les appels à la grève se multiplient dans les secteurs ferroviaire, automobile et d’autres secteurs clés.
La seule façon de stopper les coupes de Macron est de lier l’opposition parmi les différents secteurs de la nation française au milieu de cette opposition nationale croissante à l’inflation et aux politiques bellicistes de l’Élysée, en organisant les employés dans des comités de base indépendants des bureaucraties syndicales
dans un mouvement contre
l’administration soutenue par les sionistes.
Les bureaucraties syndicales françaises, en revanche, ont répondu à l’annonce de Borne de réduire les retraites en tenant une réunion commune pour annoncer une journée de grève nationale de protestation le 19 janvier. Elles ont reçu le soutien de la France insoumise (LFI), le parti de Jean-Luc Mélenchon, qui a déclaré sur Twitter que les réductions de pension de Borne constituaient “une grave régression sociale”.
Philippe Martinez, le chef du syndicat (CGT), a affirmé que l’unité syndicale pouvait construire un puissant mouvement national à travers les bureaucraties existantes. “Le fait que toutes les organisations syndicales soient d’accord (…) permettra des alliances syndicales dans les entreprises, les professions et les établissements”, a-t-il déclaré. Il a ajouté que la CGT est “déterminée à ce que ce projet de loi ne passe pas”.
La Confédération française démocratique du travail (CFDT), historiquement liée au Parti socialiste (PS), a déclaré qu’elle avait averti M. Macron, lors de leur discussion sur les réductions, qu’elle n’aurait d’autre choix que de s’opposer à la mesure. Le président de la CFDT, Cyril Chabanier, a déclaré : “Nous avions prévenu que s’il y avait une augmentation de l’âge de la retraite, nous descendrions dans la rue. Donc, nous le ferons”.
Cette perspective de manifestations à l’échelle nationale contrôlées par les bureaucraties syndicales est un piège pour la nation française opposée aux coupes de Macron. La bureaucratie de la CGT a déjà déclaré son soutien aux renfloueme
bancaires de plusieurs milliards d’euros en faveur des super-riches au début de la pandémie de COVID-19 et à la guerre en Ukraine. Les bureaucraties syndicales engagées dans les politiques de droite se montreront hostiles à toute initiative mobilisant les masses en France, indépendamment de leur “dialogue social” véreux avec l’administration Macron.
En effet, en 2018, Martinez a répondu à l’explosion initiale des manifestations des “gilets jaunes” pour l’égalité sociale en dénonçant les “gilets jaunes” comme une foule d’extrême droite et en les isolant en annulant les grèves de solidarité organisées par les camionneurs. Le résultat de la trahison de la bureaucratie de la CGT a été vu en 2019-2020 : la CGT a isolé et annulé une puissante grève ferroviaire de six semaines contre les réductions des retraites de Macron, permettant initialement à Macron de les écrire dans la loi.
La dictature de ces bureaucraties nationales réactionnaires sur la lutte des classes doit être brisée. L’opposition à l’austérité et à la guerre parmi les travailleurs et les jeunes est explosive et monte rapidement. Cependant, ce n’est qu’en construisant un mouvement opposé aux bureaucraties syndicales qu’une opposition cohésive et forte pourra être mobilisée en tant que force indépendante et consciente pour arrêter les programmes vicieux de Macron.