Patrick Curtat, né en 1975 d’un père français aux origines profondes agricole et d’une mère sicilienne immigrée pour trouver du travail et fuir la misère. Il est né à Montauban où ses parents ont exercé le métier d’éleveur pendant 6 ans, sur une zone difficile et séchante. Ne voyant pas d’avenir dans ce secteur pour l’élevage, ils décidèrent de partir afin de trouver une ferme en Normandie, où le climat y est plus favorable. Ils l’ont acheté en 1981, 50 ha sur la commune de villepail en Mayenne et produisaient 250000Litres de lait. Après avoir réalisé ses études et avoir obtenu un BTS ACSE (compta gestion), il a était 6 ans technicien en élevage où il suivait 55 producteurs de lait, alimentation du troupeau production . Il est producteur de lait depuis 20 ans. Avec son frère, ils exploitent 170 ha et produisent 600000 litres de lait pour le groupe Bel.» Dans cette interview, il évoque les problèmes de l’agriculture dépendante de l’énergie en insistant que la nouvelle PAC (Politique agricole commune) de l’UE n’a pas apporté beaucoup plus chose pour l’agriculture dans l’immédiat.
Pour être là encore aujourd’hui nous avons sans cesse adapté nos pratiques de production. “dit-il”. Après la suppression des quotas laitiers nous avons dû contractualiser notre production sans y inclure notre coût de production. Chose réalisé en cogestion entre la FNSEA et l’ETAT français. A la fin des quotas en 2014 une très grosse crise a frappé et frappe le secteur laitier (surproduction essentiellement aux nouveaux pays émergeant de l’Europe de l’Est par exemple Pologne): Le groupe Bel ayant pris conscience de la situation nous a orienté vers la production de lait non OGM depuis 5 ans, en nous payant mieux de manière significative que les autres groupes laitier.
Sur ces base nous avons fait évoluer notre exploitation en passant en jersiaises et en développant l’autonomie alimentaire. «ajoute-il. Afin de garder un maximum de valeur ajouté et s’affranchir de la spéculation des marchés boursiers (très pénalisant pour nous concernant l’achat des protéines nécessaires à l’alimentation du cheptel ). cf situation actuelle qui a démarré avec le Covid et la reprise de l’activité mondiale trusté par la chine , et maintenant par la guerre en Ukraine où très certainement les semis du printemps ne seront pas réalisés ( maïs tournesol par exemple , et un gros doute plane sur les moissons des cultures telles que le blé ) l’Ukraine étant un poids lourd du marché mondial dans ce secteur . Tout cela contribue à déstabiliser tous les grands équilibre de production alimentaire du monde. Et du coup de stimuler et d’extrapoler de futures pénuries induisant des cours du blé colza etc. explosif sans limite!
la FNSEA ; le problème principal
Le principal problème de l’agriculture c’est la FNSEA (La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) puisque c’est le bras prolongé du gouvernement sans aucune contrariété. Par exemple dans le lait nous avons été obligés de signer des contrats avec nos industries sans inclure dans ces contrats des indicateurs de coûts de production tenant compte de notre rémunération. Du coup nous travaillons sous nos couts de production
C’est moins vrai pour nous qui sommes chez Bel car le groupe a remonté le prix il y a 5 ans sans cela le mini Babybel se ferait avec du lait entrant dans le pays et non produit localement. Le groupe a compris les enjeux de rémunération de notre job et environnementaux. Ces contrats ont été réalisé et imposé par la FNSEA, qui en réponse à la non intégration de nos couts de production a mis en avant l’augmentation des volumes produit par exploitant.
Cette contractualisation fait suite à la pression que nous subissons des nouveaux pays émergeant de l’Est de la zone UE. En effet les industriels mettent en avant le fait de trouver de la matière à des prix sortis ferme moins élevés, car il faut bien le dire nos coûts de production ne sont pas les mêmes, charges sociales par exemple et tout simplement le coût de la vie en règle générale ! L’UE en règle générale se sert de l’agriculture pour contenir le pouvoir d’achat des ménages . En effet en ayant intègre depuis 1990 les pays de l’Est par étape dans la zone UE cela créer pour nous une concurrence déloyale intramuros UE cela se traduit pour l’agriculture Française par des faillite en chaine de par le faite d’être callé sur des pays à faible cout de production pour la fixation des prix sortis ferme en France.
La nouvel PAC n’offre rien afin de maintenir notre agriculture en effet depuis 10 ans les aides pour compenser la faiblesse de nos prix sont diminuées au profit des pays émergeant pour développer leur agriculture. Le Brexit reflète bien cette idée où la grande Bretagne contribuait plus qu’elle ne recevait d’Europe, ce qui est le cas de la France. Nous sommes en droit de nous interroger sur la viabilité d’un tel système sur la propre autonomie alimentaire de notre pays qui est en sursis.
Les problèmes de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne dans le domaine de l’agriculture
En lien avec l’actualité de l’Ukraine, je suis de ceux qui pensent que l’Ukraine doit rester en dehors de l’UE, car cela aurait fait un afflux massif de travailleurs sous payé dons avec une capacité agricole de production à bas prix, continuant de détruire notre propre agriculture.
Pourtant l’Ukraine faisait partie des plans de l’UE et son entrée était planifiée, Poutine vient contrarier le dessin de l’UE (je dis tant mieux, l’agriculture Française paie une lourde tribu avec cette guerre économique intramuros, 2 agriculteurs se suicident par jour, et tout l’hiver je n’ai cessé d’entendre suicide et tentative de suicide …)
Tels était le plan très certainement de l’UE afin de continuer de contrôler le panier de la ménagère avec un arrière-plan la destruction définitive de l’agriculture Française.
Pour rappel en 5 ans la France a perdu 2 millions de bovins. Nous sommes incapables de renouveler les générations par un manque profond de rentabilité des fermes !
A titre personnel je suis opposé à l’installation des jeunes dans l’immédiat, j’attends un signal fort de l’état Français afin d’offrir un avenir via des prix à la hauteur de nos couts de production, aux agriculteurs en place et à la jeunesse.
Les récentes déclarations du ministre de l’agriculture vont dans ce sens, autonomie du pays la souveraineté alimentaire suite au conflit Ukrainien à voir si cela sera suivi d’effets, ils sont capable de trouver un budget pour armer l’Europe, en sera-t-il le cas pour l’agriculture qui est une arme majeur !
Un autre raisonnement mérite d’être avancé, l’état Français toujours en cogestion avec la FNSEA a développé la méthanisation à grand renfort de subvention afin de produire du gaz dit vert suit aux accords cop climat.
Derrière cela si l’UE avait réussi à intégrer l’Ukraine, nous aurions confié notre souveraineté alimentaire aux ukrainiens et nous développer la méthanisation avec comme argumentaire: si vous n’arrivez pas à vivre sur vos fermes suite à la faiblesse des prix agricole orchestré par l’UE et l’intégration des pays de l’Est, et bien faites de la méthanisation pour vous en sortir ! Tout le monde comprendra la supercherie de l’exploitation des pays émergeant à faible coût de main d’œuvre profitant à l’agro-industrie et investisseurs.
Ce problème couvre-t-il tous les domaines de l’agriculture ? Quelle est la solution ?
Ce problème couvre tous les domaines de l’agriculture et de l’élevage en règle générale. La solution c’est que le prix doit se former départ ferme pour être répercuté au consommateur celui-ci devra accepter de payer au juste prix son alimentation.
L’interview de la PDG du groupe Bel (à écouter sur café conso) fait un excellent résumé de la situation actuelle. Ce qui est certain l’état nous a abandonné en nous diminuant les aides PAC ! Par exemple nous trayons deux fois plus de vaches qu’il y a 20 ans pour y arriver en bossant 7 sur 7.
Quitter l’UE peut améliorer notre agriculture afin que les producteurs soient plus satisfaits ?
Bonne question comme elle a été un peu évoqué précédemment ! Les britanniques sont sorties car ce sont des contributeurs directs à l’UE du coup la France est idem donc si ce surplus d’argent était réinjecter dans notre agriculture se serait peut-être mieux nationalement parlant . Les pays émergents nous ont fait très mal. Pologne par exemple, en lait ils ont fait des croissances à deux chiffres du coup surproduction chute des prix et spirale négative pour nous, comme précédemment vu ! La situation va bien à l’Europe et cela contrôle le pouvoir d’achat.
Vous avez mentionné que les pays émergents nous ont fait beaucoup de mal. Expliquez-en plus à ce sujet. Reçoivent-ils plus d’aide de l’Union européenne ?
Oui. D’une part la PAC les avantagent dans leur développement et de deux ils produisent à des coûts de production inférieur aux nôtres, donc il est aisé de faire rouler la marchandise pour la ramener chez nous. Et ensuite nos prix sont calés vis à vis d’eux. L’Ukraine était un danger pour nous ; Vaste pays et coût main d’œuvre très faible.
En agriculture la situation est dramatique
C’est le même processus que dans l’industrie. Ils ont délocalisé celle-ci pour ramener la marchandise. Il en est fait de même avec l’agriculture. La guerre va peut-être redistribuer les cartes. Tout comme le Covid où on s’est aperçu que nous étions dépendants des autres. Ce qu’il fallait démontrer c’est que L’alimentation est une arme. Depuis le conflit la FNSEA reparle de souveraineté alimentaire, la FNSEA ne cesse de dire il faut produire pour exporter quitte à produire aperte, et nous le voyons bien ce n’est pas tenable car nos coûts de production sont trop élèves pour aller sur le marché extérieur.
Les industriels sont incapables de passer les hausses aux distributeurs du coup c’est difficile de nous monter les prix pour couvrir nos coûts qui sont terribles depuis la reprise post Covid et qui explosent avec la guerre. En agriculture la situation est dramatique, les retraités travaillent pour éviter que sombrent les fermes ! La FNSEA a dit non à l’intégration de nos coûts de production pendant 10 ans elle se réveille car le bilan humain est tout simplement horrible (suicides retraités travaillant à 70 ans sur les fermes avec des rythmes soutenues) ! Tout cela fait suite à l’arrivé des pays de l’Est, par exemple travailleurs embauchés dans l’Allemagne du nord sans SMIC horaire (dumping social) afin d’aider à la réunification des deux Allemagnes. Les choses ne font que de commencer à changer dans le domaine. L’Allemagne a été l’un des principaux artisans de notre déroute en agriculture.
Je tiens à préciser que sans le groupe Bel je ne serai plus agriculteur. Ils nous ont mieux payés que les gros groupes tels que Sodiaal coopérative et Lactalis. Chez nous cela a représenté sur 4 ans 120000 euros mais ne pas oublier que l’explosion de nos coûts de production ont commencé avant la guerre en Ukraine !Chez nous pour avoir un ordre d’idée 600000 litres de lait produits 170 ha exploites compter 25000 de surcoût minimum à la louche entre fuel engrais aliment du bétail soit une augmentation du cout de production de 50 euros des milles litres produit. Le coût de production en lait avoisine les 500 euros tonne. Nous serons payés en 2022 environ 455euros.
L’influence de la Russie sur notre situation
Comme cité précédemment l’invasion de l’Ukraine peut faire prendre conscience à l’UE qu’il ne faut pas abandonner notre agriculture, mais n’est-il pas trop tard ? Je pense que oui, car plus personne n’a envie de revenir dans un métier où les cadence de travail sont inhumaines afin de se tirer un salaire, quand bien même beaucoup n y arrivent pas et le tout pour finir a 67 ans à la retraite. Pour ma part je ne souhaite pas finir ainsi (par exemple physiquement j’ai été opéré d’une rupture de tendon a 45 ans de l’épaule le chirurgien m’a dit c’est trop jeune pour ce type d’opération !) il est compliqué de prendre plaisir dans son travail dans une telle situation !
L’énergie la source du problème, dépendance à la Russie
Sans le gaz notre souveraineté alimentaire c’est sérieusement menacé, celui-ci sert à la fabrication des engrais. Sans apport d’engrais les rendements chutent à minima de 30 pct. Je pense aussi que si l’on recoupe absence d’engrais avec ce qui se passe depuis plusieurs années déjà en agriculture à savoir une déprise totale, le prix de la nourriture va exploser car il y aura des pénuries. Nous y sommes ! Cours très bas de ces 10 voire 20 dernières années, cumulé aux accidents climatiques, sécheresses ont contraint les éleveurs à décapitaliser leur cheptel. Du coup il n’y a plus de naissances, donc plus rien à vendre au fil du temps et donc c’est bien une remontée des cours, qui va juste permettre de régler la facture hausses des charges. Alors dans une telle configuration, la souveraineté alimentaire est au plus mal !
En fait la PAC a mis en avant une agriculture hyper intensive dépendante de l’énergie. Les systèmes de production actuels sont donc dépendant des engrais. Si demain plus de gaz pour produire des engrais ou de façon très réduite, la production agricole française chutera.
L’Europe avec sa volonté exportatrice ne s’est pas mise à l’abri de la crise énergétique pour son agriculture de souveraineté. Les américains nous ont emmené dans ce model avec les accords de Blair house en 1987 et la PAC de 1992 a été le prolongement de ces accords. Donc ils nous ont autorisés à produire de l’énergie au travers du maïs et du blé mais pas de protéagineux du coup blé mais sont hyper dépendant des engrais. Du coup le model d’élevage a été bâti sur le maïs. On comprend mieux qu’inverser la vapeur va prendre du temps donc une grosse crise agricole de production arrive à mon goût.
Dans une forme de conclusions depuis 5 ans nous travaillons au sein de notre ferme en collaboration avec le groupe Bel afin de construire l’agriculture de demain plus résiliente a tous les niveaux climatique et énergétique. Le groupe nous a mieux rémunéré que les autres grand groupe laitier afin d’accélérer ce changement. Mais il faudra que l’état Français et l’Europe intègrent réellement ces notion dans la PAC, ce qui n’est toujours pas le cas avec la nouvelle PAC ! Et ainsi nous soutenir.
L’Europe sera obligé de se recentrer sur ses propres forces et arrêter de lorgner ailleurs que chez elle et prendre conscience que nous existons pour répondre aux besoins alimentaire de l’UE, et en prenant les bonnes décisions quand a la gestion de ses agriculteurs et de ses terres !