Le président français Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sont arrivés vendredi à Beyrouth pour une visite officielle d’une journée. La visite de Macron au Liban advient une semaine après l’élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République du Liban, et quelques jours après la nomination du pro Américain Nawaf Salam comme Premier ministre.
Ce déplacement du président français vise à «aider» son homologue Joseph Aoun, et le Premier ministre désigné Nawaf Salam, tous deux proches de l’Occident, à consolider ce que le l’Elysée a qualifié de « souveraineté du Liban» mais aussi à «assurer sa prospérité et à maintenir son unité». Evidemment les termes tels que «souveraineté» ou «unité» étant définis ici non pas dans le sens des intérêts du peuple libanais mais conformément aux intérêts du clan occidental et de son polain sioniste. En effet, tout porte à croire que la visite de Macron serait un prélude à une campagne de pression politique contre le Hezbollah qui est sorti vainqueur absolu des mois de face-à-face militaire avec Israël et que la France et ses compaires veulent à présent marginaliser sur la scène politique.
Certes, Macron s’est déclaré prêt à contribuer à l’obtention d’aide pour le Liban mais cette aide n’ira sans doute pas sans exiger des concessions de la part des Libanais, concessions qui ont toutes les chances de se tourner autour du sempiternel dossier du désarmement du Hezbollah. C’est sans doute dans ce même sens que le chef de l’Elysée a souligné l’importance de la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Macron a échangé en effet avec le chef d’état-major de la force de paix de l’ONU (Finul), le général Jean-Jacques Fatinet, ainsi qu’avec les chefs du mécanisme mis en place sous la houlette de la France et des États-Unis pour vérifier l’application du cessez-le-feu entre le Liban et Israël le 27 novembre soit des contingents qui ont été directement pris pour cibles de la campagne de raids israéliens contre le Liban mais qui à présent, risquent, au lieu d’en demander des comptes à l’entité sioniste, servir à ce que soit créée une zone tampon dans le sud Liban propre à «sécuriser» le Nord d’Israël et à preparer le terrain au retour des milliers de colons qui l’ont fui ces derniers mois par crainte des missiles du Hezbollah.
En ce sens, le fait que l’Elysée ait promis des «gestes symboliques» pour mobiliser la communauté internationale au chevet du Liban, après une conférence d’aide organisée à Paris en octobre, ne peut qu’être une manoeuvre de diversion de plus destinée à mettre davantage l’Etat libanais sous pression.
Une visite dans un contexte particulièrement délicat
La visite de Macron au Liban intervient, alors que l’entité israélienne continue de violer la trêve entrée depuis quelques semaines en vigueur, une attitude qui lui a d’ailleurs valu une sérieuse mise en garde du Hezbollah. « Que l’entité sioniste cesse ses agissements et ne mette pas la patience du Hezbollah à l’épreuve, a par ailleurs averti le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem.
Le président français dit souhaiter, par cette visite, marquer l’engagement sans faille de la France en soutien au Liban, à sa souveraineté et à son unité, cependant, pas une seule fois Paris n’a osé condamner ouvertement des mois de campagne de frappes israéliennes contre le Sud libanais qui en a détruit des quartiers entiers et causé la mort des centaines de civils ni dénoncer des raids terroristes qui ont visé les dirigeants politiques et militaires du Hezbollah. L’affaire dite des « bipeurs» a aussi laissé de marbre Paris qui a choisi lâchement de se taire, préférant fermer les yeux sur un crime de masse si révoltant et inhumain. Dans ce contexte, que Macron félicite le président de la République libanaise, Joseph Aoun, pour sa récente élection, ainsi que le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, cela ne peut cacher ses vraies intentions à l’endroit du Liban que l’ex puissance colonialiste veut sous tutelle et aux ordres.
Les voeux de Macron à l’adresse du nouveau président libanais restent à cet égard bien significatifs quand ce dernier en évoquant des «réformes», conditionnent en termes à peine voilés toute aide occidentale à ce que le Liban soit soumis. Il dit: « Dans ce moment historique que vit le Liban, former, dans les meilleurs délais, un gouvernement fort, capable de rassembler le Liban dans toute sa diversité est important. Ces mesures visent à mener les réformes essentielles au redressement du pays, permettre le retour de la prospérité pour toutes les Libanaises et tous les Libanais ainsi que la restauration de la sécurité et de la souveraineté du Liban partout sur son territoire»
Mais la présidence libanaise n’a pas été le seul terrain où le chef de l’Elysée s’est cru aitorisé à manoeuvrer.
Sa visite de Macron a également été l’occasion de s’exprimer sur le cessez-le-feu décreté le 26 novembre dans le sud Liban. Loin de condamner les violations récurrentes dont Israël se rend coupable, il s’est focalisé sur «FINUL» (Force intérimaire des Nations unies au Liban) et mis l’accent sur le mécanisme dit de vérification que Paris espère transformer en un outil visant à aider à l’instauration d’une zone tampon dans le sud du fleuve de Litanie, soit l’objectif qu’Israël a été incapable de réaliser militairement et qu’il veut obtenir diplomatiquement et avec aide substentielle de ses parrains occidentaux.
Macron appelle à «accélérer» la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
Le cessez-le-feu conclu en novembre 2024 entre Israël et le Hezbollah reste fragile. Cet accord, soutenu par l’ONU, prévoit le retrait progressif des forces israéliennes du sud du Liban, remplacées par l’armée libanaise dans un délai de 60 jours. Mais cette trêve pourra-t-elle tenir alors que Tel-Aviv continue ses violations et que l’Occident y compris la France agit comme si cela relevait du droit naturel de Tel-Aviv?
Emmanuel Macron annonce une nouvelle conférence d’aide pour le Liban
L’ambiguité que cultive Paris ne se manifeste pas que dans le domaine sécuritaire, la visite de Macron au Liban visant à mobiliser ce que Paris décrit comme aide internationale au profit d’un Liban plongé dans une crise économique dévastatrice.
Rappelons que cette crise économiwie est avant tout le résultat du boycott qu’impose l’Occident au pays du Cèdre pour le punir d’être resté attaché à la Résistance.
Le président français a annoncé la tenue « dans quelques semaines », à l’occasion d’une visite de Joseph Aoun à Paris, d’une « conférence internationale pour la reconstruction, afin de mobiliser les financements ». Il a estimé que « la communauté internationale » devait « anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures », au Liban, qui vit depuis cinq ans une crise économique inédite, tout en exigeant des réformes structurelles essentielles.
Ce qui signifie au clair que le président Aoun devra se soumettre entièrement aux exigences de Paris et de ses alliés et de se dissocier du Hezbollah, si il veut que le boycott soit levé.
C’est dans ce cadre que s’inscrit l’appel aux reformes structurelles lancé par la France et l’Arabie saoudite au Liban. Selon « Al-Sharq » du 17 janvier 2025, les partenaires internationaux demandent des engagements concrets sur plusieurs points cruciaux : la restructuration du secteur bancaire, la lutte contre la corruption et la modernisation du réseau énergétique. Ou ce qui revient au même, ouvrir d’une part les portes aux ingérences financières occidentales dans le but de resserer l’etau autour du Hezbollah et de l’autre de baliser le terrain au pillage d’un Liban riche en ressources gazières vierges que convoite une Europe en guerre contre la Russie.
La Conférence CEDRE de 2018, qui avait promis 11 milliards de dollars d’aides, reste lettre morte, les fonds étant gelés . La France en particulier, insiste sur l’urgence d’un audit complet de la Banque centrale pour restaurer la confiance des bailleurs de fonds.
Le bras de fer ne fait que commencer et la France s’aligne comme toujours sur les intérêts americano-sionistes au mépris de ses liens historiques avec le Liban