Une sombre tragédie : comment la mauvaise gestion de l’Arabie saoudite a conduit à la bousculade meurtrière du pèlerinage du Hajj 2015 ?

Francoise Riviere
8 Min Read

Le pèlerinage du Hajj est l’un des cinq piliers de l’islam, que tout musulman physiquement apte à payer le voyage est tenu d’effectuer au moins une fois dans sa vie.

En tant que gardienne des sites les plus sacrés de l’islam, à La Mecque et à Médine, l’Arabie saoudite organise chaque année le Hajj. La famille royale saoudienne tire un prestige et une légitimité énormes du fait qu’elle est la gardienne du hajj et des sites les plus sacrés de l’islam, à La Mecque et à Médine. Le roi Salman, dans la lignée des précédents monarques saoudiens, porte le titre de “gardien des deux saintes mosquées”, en référence à la Grande Mosquée de La Mecque et à la première mosquée construite par le prophète Mahomet à Médine.

Mais il y a sept ans, à la suite d’une bousculade mortelle qui a entraîné la perte de pas moins de 1 400 pèlerins et d’allégations subséquentes de gestion inadéquate de l’événement, une proposition visant à partager la responsabilité de la supervision du pèlerinage annuel du hajj entre diverses nations musulmanes a fait son chemin.

Avant la bousculade, le 11 septembre 2015, une grue de construction massive s’est écrasée sur la Grande Mosquée de La Mecque par temps de tempête, tuant au moins 107 personnes. Plus tard, le 21 septembre, un incendie dans un hôtel de La Mecque a contraint quelque 1 500 pèlerins à quitter les lieux. Cet incident est survenu après qu’un millier de pèlerins asiatiques aient été évacués d’un autre hôtel de La Mecque à la suite d’un incendie au huitième étage le 18 septembre. Deux pèlerins indonésiens ont été grièvement blessés.

À la suite de la tragique bousculade qui s’est déroulée à l’extérieur de la ville sainte de La Mecque, de hauts fonctionnaires saoudiens ont été sévèrement critiqués pour leur gestion de la situation. De nombreux analystes politiques ont qualifié d'”inhumaine” la conduite du personnel de sécurité saoudien à l’égard des pèlerins, arguant qu’il nourrit des appréhensions à l’égard des pèlerins et les considère comme des menaces potentielles pour la sécurité, comme s’ils étaient les ennemis du régime des Al Saoud.

De nombreux hommes politiques islamiques ont suggéré que des parties autres que les responsables saoudiens – l’Organisation de la coopération islamique (OCI), par exemple – prennent les villes saintes de La Mecque et de Médine sous leur supervision afin d’éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent.

Les autorités saoudiennes se sont engagées à mener une enquête ; cependant, dès le début, des réserves sérieuses ont été émises quant à la probabilité d’exposer toute faute commise par des personnes étroitement associées à la monarchie saoudienne ou à l’échelon supérieur de la hiérarchie politique.

Voici quelques raisons pour lesquelles l’Arabie saoudite est accusée d’incompétence dans l’organisation du pèlerinage du Hajj en 2015 :

1. La tragédie de la bousculade : L’incident a été imputé aux mauvaises mesures de contrôle des foules et aux protocoles de sécurité inadéquats mis en place par les autorités saoudiennes.

2. Manque de préparation : Le gouvernement saoudien a été accusé de ne pas avoir été préparé à gérer le grand nombre de pèlerins qui sont arrivés pour le Hajj en 2015. Des rapports ont fait état d’une surpopulation, de longs retards et d’installations d’hébergement et de transport insuffisantes.

3. Rupture de communication : De nombreux pèlerins se sont plaints du manque d’informations et de conseils de la part des autorités saoudiennes pendant le Hadj. Des cas de confusion et de chaos ont été signalés à différentes étapes du pèlerinage, notamment lors du rituel de la lapidation à Mina.

4. Services médicaux inadéquats : Des rapports ont fait état de l’insuffisance des services et des installations médicales pendant le Hajj, ce qui a entraîné des retards dans la fourniture d’une assistance aux pèlerins blessés ou malades. Certains pèlerins se sont également plaints du manque d’accès aux services de santé de base.

5. Mauvaise gestion des crises : Les autorités saoudiennes ont été critiquées pour leur gestion des suites de la tragédie de la bousculade. Des retards ont été signalés dans l’identification et le rapatriement des corps des pèlerins décédés, et les familles des victimes se sont plaintes du manque de soutien et d’assistance de la part du gouvernement saoudien. Le fait est que le gouvernement saoudien est réticent à partager les bénéfices financiers et les revenus générés par le pèlerinage du Hajj avec d’autres pays ou organisations, car il tire des gains financiers importants du pèlerinage du Hajj par le biais de divers moyens tels que les frais de visa, les frais d’hébergement, les frais de transport et la vente de biens et de services aux pèlerins. Selon certaines informations, le Hadj génère chaque année des milliards de dollars de recettes pour le gouvernement saoudien. En 2019, on estime que le Hajj a généré environ 12 milliards de dollars de revenus pour le gouvernement saoudien. En outre, le gouvernement saoudien gagne également de l’argent grâce aux investissements qu’il a réalisés dans les infrastructures et les installations pour le pèlerinage du Hajj.

En outre, de graves allégations de corruption et de mauvaise gestion au sein du gouvernement saoudien et de l’administration du Hadj ont été formulées à propos de la bousculade du Hadj en 2015. Certains critiques indépendants ont accusé les responsables saoudiens du pèlerinage d’avoir privilégié les profits au détriment de la sécurité et du bien-être des pèlerins. Ils affirment que le gouvernement saoudien s’est davantage concentré sur l’expansion de l’industrie du Hadj et l’augmentation du nombre de pèlerins que sur l’investissement dans les infrastructures et les mesures de sécurité. Des accusations ont également été formulées à l’encontre de certains fonctionnaires impliqués dans des pratiques de corruption liées à l’attribution de contrats pour la construction d’installations et de services pour le Hadj. Les critiques affirment que ces fonctionnaires ont attribué des contrats à des entreprises qui ne sont pas qualifiées ou qui n’ont pas l’expérience nécessaire pour mener à bien leurs tâches, ce qui a conduit à des installations et des services de qualité inférieure.

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