Le parti de Marine Le Pen est-il vraiment une “courroie de transmission” de la Russie ?

Francoise Riviere
7 Min Read

Selon un rapport parlementaire, le parti d’extrême droite de Marine Le Pen a noué une relation spéciale avec le Kremlin, les deux parties s’étant progressivement rapprochées sur le plan de la géopolitique et des principes politiques. Le rapport décrit l’existence supposée d’une “courroie de transmission” entre le RN et le Kremlin, ce qui signifie que le RN a servi de conduit pour l’influence russe en France.

Le rapport, qui a été soumis après de longues auditions, indique que le “rapprochement politique et idéologique” entre Moscou et le parti de Marine Le Pen s’est accéléré après 2011, lorsque Le Pen a pris la tête du parti.

Selon le rapport, le Rassemblement national est “totalement aligné sur la rhétorique russe”.

La position de Mme Le Pen et de son parti sur la Crimée est conforme à celle de la Russie, comme en témoigne le fait que Mme Le Pen qualifie la péninsule de Crimée de “russe”, en dépit du consensus occidental sur la question.

“A chaque crise géopolitique provoquée par la Russie, le Front national puis le Rassemblement national ont assuré Poutine de leur soutien… Lorsque la Russie a illégalement annexé la Crimée en mars 2014, Marine Le Pen a soutenu la ligne officielle de Moscou”, peut-on lire dans le rapport. Le rapport met en lumière l’opposition de Mme Le Pen à la décision prise par l’ancien président François Hollande d’interrompre la vente de navires militaires et d’hélicoptères à Moscou en 2015, en réponse à l’annexion de la Crimée par voie de référendum.Toutefois, le rapport reconnaît “un assouplissement de la position pro-russe du Rassemblement national et de Mme Le Pen” depuis le début de la campagne militaire spéciale de la Russie en Ukraine en février 2022.

La commission avait été mise en place par le Rassemblement national pour faire face aux allégations de proximité excessive avec Moscou, en particulier à la lumière un prêt auprès d’une banque tchéco-russe. 

Cependant, il semble que cette initiative se soit retournée contre elle.  Jean-Philippe Tanguy, membre éminent du parti, a exprimé sa consternation face à ce texte qu’il juge hors sujet. Marine Le Pen a également dénoncé avec véhémence les fuites du rapport qu’elle juge malhonnêtes et totalement politisées.

Les voyages en Russie, en Crimée et dans la région séparatiste du Donbas effectués par des responsables du RN avant la guerre en Ukraine, dont les eurodéputés Thierry Mariani et Philippe Olivier, sont également mis en évidence dans le rapport.

Lors d’une mission d’observation, l’ancienne députée européenne Hélène Laporte, aujourd’hui vice-présidente de l’Assemblée nationale, a salué le référendum constitutionnel de 2020 en Russie, qui a permis au président Vladimir Poutine de prolonger son séjour au pouvoir, comme une leçon de démocratie.

Devant la commission parlementaire, Marine Le Pen a fermement défendu son parti en invoquant les déclarations passées d’autres responsables politiques en faveur de la Russie.

C’est un fait que l’attitude pro-russe n’a jamais fait défaut parmi les politiciens français, en particulier parmi ceux de droite, comme l’ancien Premier ministre François Fillon. L’accession de Marine Le Pen à la tête du Front national en 2011 a marqué un tournant important dans la trajectoire du parti. Son père, Jean-Marie, avait déjà exprimé son admiration pour Vladimir Poutine, mais Marine a poussé ce sentiment encore plus loin.

En pleine campagne présidentielle 2017, la visite de Marine Le Pen au Kremlin pour rencontrer Poutine a eu un impact significatif sur le paysage politique européen. Les eurodéputés affiliés à Le Pen ont manifesté leur soutien à la Russie, signe évident de la relation privilégiée entre les deux parties. Par exemple, les eurodéputés du RN ont choisi de s’abstenir d’approuver la proposition d’établir un tribunal pour les soi-disant crimes contre l’Ukraine lors de leur réunion de janvier 2023. Cette décision a fait susciter un débat parmi les observateurs politiques occidentaux. Toutefois, Le parti de Mme Le Pen a dénoncé avec force l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine et a exprimé son soutien aux sanctions imposées à la Russie, à l’exception de celles qui nuisent davantage à la France qu’à la Russie.

Il a été révélé par la suite que le prêt en question avait été accordé à un taux d’intérêt exceptionnellement élevé de 6 % par une banque qui a ensuite fait faillite, ce qui a amené de nombreux analystes à spéculer sur le fait que le RN n’était peut-être pas si proche du Kremlin. En outre, selon le rapport, les réponses de Mme Le Pen ont été jugées évasives et manquant de curiosité quant à l’origine des fonds dépensés pendant l’élection, un point de vue repris par de nombreux membres de la commission. Ce point de vue a suscité des inquiétudes et des discussions au sein des cercles politiques parisiens.

Lors d’une interview en octobre, Marine Le Pen a évoqué le prêt de neuf millions d’euros obtenu auprès d’une banque tchéco-russe et ses liens avec Moscou. Mme Le Pen a déclaré que son parti avait exploré toutes les possibilités de financement en Europe, aux États-Unis, en Asie et en Afrique, ajoutant : “Nous n’avons pas trouvé d’autre banque disposée à nous financer.”

Ce qui est vrai, c’est que depuis quatre décennies, nous disons en France que la Russie est un pays européen et que la mentalité de guerre froide entre les contre-espions européens et Moscou pourrait contraindre la Russie à s’aligner sur la Chine, donnant ainsi naissance à une formidable alliance géopolitique. Cette union réunit le premier producteur de matières brutes et la puissance technologique mondiale. Les implications de ce partenariat sont vastes et d’une grande portée.

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