Paris indignée par le film « Black Panther » avec des soldats pillards

Francoise Riviere
8 Min Read

Le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, s’est indigné de voir dans le film américain « Black Panther : Wakanda Forever » des soldats pillards portant des uniformes qui ressemblent à ceux des troupes françaises déployées au Sahel. « Je condamne fermement cette représentation mensongère et trompeuse de nos forces Armées », a écrit Lecornu dimanche sur Twitter.
« J’ai une pensée pour les 58 soldats français morts en défendant le Mali, à sa demande, contre les groupes terroristes islamistes et je salue leur mémoire ». Comme l’a rapporté l’entourage du ministre, Lecornu n’a rien contre la liberté artistique dans un film de cinéma. Mais l’accusation portée dans le film, selon laquelle l’armée française veut piller les matières premières africaines, correspond au sentiment attisé par la Russie contre la France dans les pays africains.
Le film, avec lequel les studios Marvel poursuivent le blockbuster « Black Panther » (2018) mettant en scène le roi africain et super-héros T’Challa, est sorti en novembre. Le ministre a réagi aux constatations d’un journaliste qui a souligné à quel point les uniformes du film ressemblaient à ceux que les soldats français portaient jusqu’en 2022 lors de leur mission au Mali. La France est présentée dans le film comme une nation qui veut s’approprier les trésors du pays africain fictif dans lequel se déroule l’action, écrit le journaliste Jean Bexon. Les méchants du film portent des uniformes de soldats français.
Sébastien Lecornu a condamné ce qu’il a appelé une représentation « fausse » de l’armée de sa nation par Marvel Studios. Une scène du film de 2 heures et 41 minutes met en scène des militaires français ligotés après avoir été traînés dans une réunion de l’ONU. Dans le scénario, les hommes ont été arrêtés lors d’une mission secrète dans une base wakandaise au Mali où ils ont tenté de voler du vibranium, une ressource fictive que l’on trouve principalement au Wakanda. Le tweet du ministre français comprenait un hommage aux 58 soldats français réels qui sont morts au Mali. Le film est sorti l’an dernier alors que la France subissait un redéploiement au Sahel en proie à la violence jihadiste. « Nous sommes confrontés à un rouleau compresseur qui joue avec les perceptions des populations locales qui sont en difficulté existentielle » du fait de la guerre et de la famine, a reconnu une source militaire française au début du mois. En novembre, le président Emmanuel Macron a souligné que l’ « influence » était aujourd’hui une « priorité stratégique ».
L’accusation portée dans le film, selon laquelle l’armée française veut piller les matières premières africaines, correspond au sentiment attisé par la Russie contre la France dans les pays africains. Le ministre a réagi aux constatations d’un journaliste qui a souligné à quel point les uniformes du film ressemblaient à ceux que les soldats français portaient jusqu’en 2022 lors de leur mission au Mali. La France est présentée dans le film comme une nation qui veut s’approprier les trésors du pays africain fictif dans lequel se déroule l’action. Les méchants du film portent en effet des uniformes de soldats français.
La scène tourne autour d’un groupe de soldats français qui sont amenés à une réunion de l’ONU, mettant dans l’embarras l’ambassadeur de Paris auprès de l’organisme mondial, après avoir été surpris lors d’une mission secrète sur une base wakandaise au Mali. Le journaliste Jean Bexon, qui a posté le clip de Black Panther, a noté que « les méchants mercenaires français opérant au Mali sont habillés comme des soldats de l’opération Barkhane », une mission militaire réelle. La France est particulièrement sensible à son image en Afrique de l’Ouest après que les juntes militaires du Mali et du Burkina Faso ont exigé le départ des troupes françaises, déployées dans la région du Sahel depuis 2013 pour combattre les djihadistes.
Le ministère de la défense a déclaré que la France ne demandait pas le retrait ou la censure d’une œuvre d’art. Mais « aucun révisionnisme ne peut être admis sur les actions récentes de la France au Mali : nous sommes intervenus à la demande du pays pour combattre des groupes terroristes armés, loin de l’histoire racontée dans le film, à savoir une armée française venue piller des ressources naturelles », a ajouté le ministère. Des proches de Lecornu ont déclaré qu’il était « en colère après avoir vu le film », qui a été diffusé au moment où la Russie semble progresser dans la mobilisation des populations ouest-africaines contre la France et ses déploiements militaires. Le Mali a fait appel au groupe de mercenaires russes Wagner pour renforcer son armée après le départ des troupes françaises, bien que la junte continue de nier avoir engagé les combattant, et il a été question que le Burkina fasse de même.
En ligne, des caricatures diffusées par des comptes et influenceurs pro-russes ont montré la France envoyant des squelettes et un serpent géant pour « conquérir toute l’Afrique ». On y voit des hommes blancs armés en treillis de combat Wagner venir au secours de soldats portant les drapeaux du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire. « Nous sommes confrontés à un rouleau compresseur qui joue avec les perceptions des populations locales qui sont en difficulté existentielle » du fait de la guerre et de la famine, a reconnu une source militaire française au début du mois. En novembre, le président Emmanuel Macron a souligné qu’aujourd’hui l’ « influence » est une « priorité stratégique ».
Le gouvernement de Macron tente autant que possible d’éviter un sujet dont il n’a rien à gagner. Pendant ce temps, au niveau international, le président français a consacré sûrement une grande partie de son temps et de son capital politique à aborder les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour l’Europe, une crise qui risque désormais d’éclipser les opérations françaises au Sahel. Les gouvernements français n’ont jamais eu de mal à travailler avec les régimes autoritaires africains au nom de la sécurité et des intérêts économiques. Mais les coups d’État au Sahel sapent directement le but de son intervention militaire : À court terme, la politisation des forces armées dans la région risque de les détourner des exigences du champ de bataille et, à long terme, elle met en péril l’objectif français de promouvoir la bonne gouvernance dans toute la région.

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