Nucléarisation de l’Arabie Saoudite : Israël s’inquiète, la France s’intéresse

Francoise Riviere
9 Min Read

Le ministre israélien de l’Énergie Israël Katz s’est opposé mardi à l’idée d’un programme nucléaire civil saoudien dans le cadre d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite.

« Naturellement, Israël n’encourage pas ce genre de choses et je ne pense pas que nous devions les accepter », a déclaré Israël Katz à la chaîne israélienne Ynet, lorsqu’il a été interrogé sur un éventuel programme nucléaire civil saoudien.

En mars dernier, le quotidien américain New York Times avait rapporté que l’acceptation d’un programme nucléaire civil développé par l’Arabie saoudite faisait partie des prérequis pour tout accord de normalisation avec Israël. Ni le royaume saoudien, ni les Américains n’ont confirmé ces allégations.

Cependant, le journal sioniste Haaretz, citant les sources israéliennes, a écrit que  Tel-Aviv avait rejeté les deux conditions de Riyad pour la normalisation des relations.

Le journal israélien a noté qu’il y avait deux problèmes fondamentaux dans la normalisation des relations avec l’Arabie saoudite, qui sont liés à la demande de Riyad d’acquérir des armes avancées américaines et au feu vert américain au programme nucléaire civil de l’Arabie saoudite.

En premier lieu, Israël s’oppose à tout développement et progrès des pays de la région, même à l’utilisation de la technologie nucléaire pacifique par un pays comme l’Arabie saoudite, ce qui relève d’ailleurs du droit légal de ce pays.

L’adoption de cette approche montre que l’objectif principal d’Israël, en essayant d’établir des relations avec les pays arabes et musulmans, n’a jamais été l’interaction et la coopération sur la base des intérêts communs, mais suit plutôt une approche complètement unilatérale, visant à créer une brèche au sein des pays de la région.

En dépit des manœuvres divisionnistes, la République islamique d’Iran et l’Arabie saoudite ont entamé, avec intelligence et perspicacité, le processus de résolution des malentendus dans les relations bilatérales. Ce processus, qui avance avec un élan significatif, aura sans aucun doute des effets décisifs sur la convergence, la coopération et l’unité régionales.

Ainsi, dans le nouveau chapitre des relations entre Téhéran et Riyad, la coopération dans le domaine des technologies nucléaires pacifiques et le transfert d’expériences et de réalisations importantes de l’Iran à l’Arabie saoudite sur la base du droit international et sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique pourraient constituer l’un des axes principaux des relations bilatérales.

L’Arabie saoudite explore toutes les pistes pour développer son programme nucléaire civil dans le cadre de son projet stratégique de transition économique visant à s’affranchir du pétrole. Et à cette fin, elle fait aussi appelle à la Chine, dans un contexte de retrait américain et de reconfiguration des alliances dans la région.

L’Arabie saoudite entend utiliser ses propres ressources en uranium pour développer le programme nucléaire civil du royaume, avait affirmé le ministre saoudien de l’Energie.

En 2019, le plus grand exportateur de pétrole au monde, qui voulait sortir de sa dépendance de l’or noir, avait annoncé son intention de construire 16 réacteurs nucléaires sur 20 ans pour un montant de 80 milliards de dollars. Le pays, qui a commencé par développer « deux grands réacteurs, veut exploiter ses ressources en uranium, a déclaré le prince Abdelaziz ben Salmane.

Dans cette conjoncture, la France aussi tente de séduire l’Arabie saoudite. A rappeler que les deux pays ont signé un accord bilatéral de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire civile destiné notamment à aider le royaume saoudien à produire de l’électricité et à dessaler l’eau de mer. Outre la production d’énergie nucléaire, l’accord prévoit une coopération entre les deux pays dans le domaine de la recherche et du développement, de la formation, de la sécurité et de la gestion des déchets nucléaires.

L’année 2022 marquait ainsi une décennie de croissance pour le groupe EDF en Arabie saoudite. Actif dans le Royaume depuis 2012, le groupe s’est d’abord concentré sur une seule ligne d’activité pour le projet national saoudien d’énergie atomique, comme annoncé par la Cité du roi Abdallah pour l’énergie atomique et renouvelable.

Conformément à la Vision 2030 saoudienne et à la stratégie de développement durable d’EDF à l’horizon 2030, le groupe a commencé à diversifier ses secteurs d’activité, cinq au total, et à se développer dans le Royaume dans le but de soutenir ses objectifs de développement durable et de transition énergétique au-delà du programme nucléaire civil.

Récemment, le magazine américain « Axios » a annoncé que le gouvernement américain avait pris des mesures dans le sens de la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël.

La chaîne de télévision israélienne KAN avait précédemment annoncé dans un rapport qu’il était peu probable que les responsables israéliens parviennent à convaincre l’Arabie saoudite de normaliser ses relations avec Tel-Aviv en 2023.

La chaîne israélienne a souligné qu’il n’y avait pas de perspective claire de progrès significatifs concernant la normalisation des relations entre Tel-Aviv et Riyad, et l’on ne pourrait pas s’attendre à ce qu’elle se produise dans les mois à venir ou même d’ici fin 2023.

Ces remarques font suite à un déluge d’articles – principalement dans la presse israélienne – fournissant des informations quasi quotidiennes sur les allers-retours de l’administration Biden avec Israël et l’Arabie saoudite.

En mai, le proche conseiller de Biden Jack Sullivan a déclaré que la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël était dans l’intérêt de la sécurité nationale américaine. Un article d’Axios selon lequel la Maison-Blanche vise à sceller un accord en l’espace de six ou sept mois, avant les prochaines élections américaines, n’a fait qu’alimenter l’hystérie.  

Le secrétaire d’État Antony Blinken s’est rendu en Arabie saoudite du 6 au 8 juin pour discuter de coopération stratégique, y compris la normalisation. Un haut responsable américain a déclaré que l’administration allait continuer à encourager un accord tout en poursuivant les progrès sans aller jusqu’à la normalisation diplomatique officielle.

Or, le prince héritier Mohammed ben Salmane mène une politique étrangère plus indépendante vis-à-vis de Washington.  En effet, il s’est tourné vers une alternative appropriée et a renforcé ses relations avec Moscou, Pékin et Téhéran.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont annoncé dans une déclaration conjointe le 10 mars 2023 la conclusion d’un accord sous les auspices de la Chine. Au terme de plusieurs cycles de négociations, la République islamique d’Iran et le Royaume d’Arabie saoudite ont convenu de reprendre leurs relations diplomatiques dans un délai maximum de deux mois et de la réouverture de leurs ambassades respectives.

Dans la foulée de cet accord, les médias et milieux américains ont exprimé leur inquiétude face au processus de développements dans la région d’Asie occidentale, qui va visiblement à l’encontre de la volonté des États-Unis.

L’éloignement relatif de l’Arabie saoudite par rapport aux États-Unis pourrait ainsi libérer les Saoudiens de la pression des États-Unis visant à contraindre les dirigeants saoudiens à céder à une normalisation avec Israël. D’autant plus que la Chine n’exerce aucune pression sur Riyad dans ce domaine et contrairement aux États-Unis, ne considère pas la normalisation avec Israël comme une condition préalable à coopération avec l’Arabie saoudite. En plus, l’accord de réconciliation entre l’Iran et l’Arabie saoudite conclu sous l’égide de la Chine a été considéré comme un coup dur porté aux tentatives américano-israéliennes pour isoler Téhéran.

Share This Article
Follow:
Restez avec nous et nous vous fournirons les nouvelles les plus récentes avec précision et rapidité. Rejoignez-nous dans le monde de l'information et des actualités
Leave a comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *