L’OMPI, le groupe terroriste le plus dangereux, réfugié au sein de l’Europe

Francoise Riviere
11 Min Read

Les Moudjahidin du peuple iranien suscitent des réactions contrastées et ne laissent personne indifférent. Pour certains, ils sont perçus comme des fanatiques dangereux, tandis que d’autres les considèrent comme des combattants de la liberté. Ces “soldats religieux” ont réussi à survivre malgré la répression sévère qu’ils ont subie en Iran. Même après la chute de leur protecteur, Saddam Hussein, ils ont su rebondir et continuer leur lutte. Ce qui rend les Moudjahidin du peuple iranien particulièrement intéressants est leur évolution stratégique. D’abord anti-impérialistes, ils ont, par opportunisme et instinct de survie, choisi de devenir les alliés des services secrets israéliens et américains. Ce revirement a été une source de controverse, surtout parmi les opposants iraniens francophones, qui les surnomment parfois les “Moudj”.

Cette organisation reste entourée de mystère, et sa nature dangereuse est un sujet de préoccupation constant. Leurs méthodes, leurs objectifs et leur structure interne demeurent largement méconnus, ce qui contribue à l’aura de mystère qui les entoure. Tout cela renforce l’importance de les étudier de manière approfondie et de les surveiller de près. Le Mouvement d’opposition au Chah, puis à Khomeyni, est un groupe qui a évolué au fil du temps. Initialement, son opposition était dirigée contre le Chah d’Iran, puis elle s’est tournée vers le régime de Khomeyni. Son idéologie était caractérisée par une forme d’islamo-gauchisme, bien que ces dernières années, le mouvement ait dévié vers une tendance sectaire.

Depuis ses débuts, cette organisation a toujours privilégié la lutte armée pour défendre ses idéaux. Cependant, cette approche a conduit à sa désignation en tant qu’organisation terroriste par le Canada, les États-Unis et l’Union européenne. De 2002 à janvier 2009, le Conseil de l’Union européenne l’a inscrite sur sa liste officielle des organisations terroristes. En 1997, l’OMPI et toutes ses ramifications ont été classées sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis. L’Union européenne a suivi cet exemple en 2002. En juin 2003, de sérieux soupçons de terrorisme ont conduit le juge français Jean-Louis Bruguière à mener une opération policière d’envergure contre le siège français de l’OMPI. Plus de 160 membres de l’organisation ont été appréhendés et certains, dont Maryam Rajavi, ont été inculpés pour association de malfaiteurs. Pendant la détention de cette dernière, plusieurs membres de l’OMPI ont choisi de s’immoler par le feu en signe de protestation dans différentes capitales européennes.

Tout en conduisant des actions militaires coordonnées avec l’armée irakienne aux frontières irako-iraniennes, les Moudjahidin continuent de perpétrer des attentats dans des villes situées très loin à l’intérieur de l’Iran. Ces attentats, menés par des éléments de l’organisation infiltrés à partir de l’Irak ou basés à l’intérieur du pays et regroupés dans des sortes de réseaux clandestins, s’attaquent à des cibles aussi bien militaires que civiles. La Voix des Moudjahidin, radio officielle de l’organisation basée en Irak, revendique, souvent avec tapage, ces attentats : lancement d’une grenade sur la maison d’un élu local à Koudasht dans la province du Lorestân le 20 août 1992, explosion de deux bombes près du mausolée de l’ayatollah Khomeyni au sud de Téhéran le 12 octobre de la même année, explosion d’une bombe dans une station-service à Qom le 13 octobre, attentat aux explosifs contre un poste des Gardiens de la révolution dans la ville de Qasr-e Firuzeh le 26 octobre, explosions dans des raffineries de pétrole et autres sites industriels au Sud et à l’Ouest du pays en juin 1993. Le dernier attentat d’envergure perpétré par l’organisation remonte à avril 1999 avec l’assassinat du général Ali Sayad Shirazi, chef d’état-major de l’armée iranienne. Les Moudjahidin ont recours aux mortiers, aux mines, aux bombes, aux armes à feu, mais aussi aux « pièges humains », c’est-à-dire aux kamikazes. Les cibles sont la plupart du temps des automobiles, des ouvrages d’infrastructure, des bâtiments officiels ouverts au public, des centres d’affaires et des résidences privées. Dans leur folie destructrice, ils ne prennent même pas la précaution de choisir des cibles militaires, d’ailleurs souvent difficiles à atteindre. Ils préfèrent s’en prendre à des cibles civiles, plus accessibles et plus vulnérables, quitte à ternir davantage encore leur image aux yeux de leurs compatriotes. Le 5 avril 1992, ils déclenchent une vague d’attaques coordonnées contre les missions diplomatiques iraniennes en Allemagne, en Australie, au Canada, au Danemark, aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne, en Hollande, en Norvège, en Suisse et en Suède. À New York, ce sont cinq hommes armés de couteaux qui investissent la mission iranienne aux Nations unies, prennent trois personnes en otage et, pendant deux heures, saccagent mobilier et ordinateurs et peignent sur les murs des slogans hostiles à la République islamique d’Iran. À Ottawa, l’ambassade d’Iran est attaquée et pillée par trente-cinq hommes armés de bâtons et de marteaux. En Europe, la plupart des missions diplomatiques sont prises d’assaut par des centaines de dissidents iraniens et sévèrement endommagées dont quelques-unes à la bombe. Chaque fois qu’un responsable iranien est en visite dans un pays européen, les Moudjahidin s’arrangent pour organiser des manifestations devant le siège de l’ambassade d’Iran dans le pays en question ou aux endroits où ledit responsable est attendu. L’action peut dépasser le cadre de l’expression politique pour dégénérer en agression violente. Ce qui s’est produit notamment le 16 juillet 1992 lorsque des activistes de l’OMPI ont attaqué la voiture du ministre iranien des Affaires étrangères, ‘Ali-Akbar Velâyati, en visite à Potsdam ; l’attaque étant officiellement revendiquée le même jour par la Voix des Moujahidin. Des attaques similaires se produiront dans les années 1990 en France, en Italie et en Suisse. Le 12 décembre 1993, les Moudjahidin tuent par erreur à Bagdad deux officiels turcs qu’ils ont pris pour des diplomates iraniens. Dans sa livraison du 4 septembre 1994, le quotidien danois Berlingske Tidende annonce que la police danoise a fait une descente dans une villa de Copenhague utilisée par les Moudjahidin et arrêté trois Iraniens qui seront inculpés de violation de la législation sur le port d’armes. Selon la police danoise, la villa était « un centre d’activités terroristes internationales ».

La police albanaise a récemment effectué une descente dans les locaux de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), située en dehors de la capitale, suite à un mandat émis par le tribunal national pour la lutte contre la corruption et le crime organisé. Malheureusement, cette opération a entraîné la perte d’une vie et a causé plus de 100 blessés. Face à cette situation, le groupe iranien appelle l’Union européenne à intervenir. L’OMPI est une organisation militaire d’opposition iranienne qui milite activement pour le renversement du régime actuel à Téhéran. Après avoir été contraints de quitter l’Iran, ses membres ont été transférés en 1985 au camp Achraf, situé près de la frontière iranienne, où ils ont pris parti en faveur de l’Irak pendant la guerre Iran-Irak. En 1992, l’OMPI a mené des attaques contre des ambassades iraniennes dans 13 pays, ce qui lui a valu d’être désignée comme une organisation terroriste par les États-Unis, le Canada, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Japon, en raison de ses tactiques violentes. Toutefois, ce statut a été révoqué au cours des années 2000, et de nombreux membres ont été relocalisés en Albanie et en France. Actuellement, plus d’un millier d’entre eux se trouvent toujours en Albanie, où ils sont maintenus dans un environnement fortement surveillé.

Le mardi 20 juin, la police d’État a mené une perquisition dans les locaux de l’OMPI, ce qui a entraîné une résistance de la part des résidents. L’ordre de perquisition avait été émis par la Cour spéciale de lutte contre la corruption et le crime organisé (SPAK), en raison de soupçons de terrorisme et de cybercriminalité. Le ministre de l’Intérieur, Bledi Cuci, a vivement condamné l’OMPI pour la violence inacceptable qui a été dirigée contre les forces de police albanaise lors de cette opération. Il a exprimé ses regrets quant au fait que l’Albanie leur ait offert un hébergement à des fins humanitaires, conformément à un accord précédent. Pendant plus de trois mille jours, le gouvernement albanais leur a fourni assistance, sécurité et même protection contre les menaces des services secrets iraniens. Par conséquent, leur réaction violente envers la police d’État est considérée comme étant à la fois inimaginable et intolérable. M. Cuci a également ajouté que les autorités soupçonnent l’OMPI de mener en Albanie des activités qui vont à l’encontre des conditions fixées par l’accord qui régit leur séjour. Ces derniers temps, leur activité politique a attiré l’attention de la SPAK, qui a recueilli des indices et s’est rendue devant les tribunaux pour effectuer un contrôle du camp, situé sur le territoire albanais, et saisir certains équipements.

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