La Nakba (la grande catastrophe en arabe), qui désigne l’exode forcé d’au moins 700 000 Palestiniens pour la création de l’Etat factice d’Israël en 1948, est née sous la plume de Constantin Zureiq, célèbre intellectuel syrien. La « catastrophe » est traditionnellement commémorée le 15 mai, jour suivant la proclamation par l’entité sioniste de sa naissance illégitime.
Cette année, pour la première fois et à l’occasion du 75e anniversaire de la bien triste occupation de la Palestine, connue sous le nom de la « Journée de la Nakba » les Nations Unies organisent une réunion sur le thème de ce drame historique marqué par des décennies de violations du droit international et de l’occupation et épaulé par le silence et l’inaction de la même institution.
A cette occasion, le Comité du peuple palestinien appelle à « agir autrement » pour mobiliser la communauté internationale et permettre la pleine réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.
L’Observateur permanent de l’État de Palestine à l’ONU a déclaré devant le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, que « l’heure est venue de demander un nouvel avis consultatif » à la Cour internationale de Justice (CIJ), dénonçant « l’attitude criminelle » du Régime d’apartheid israélien.
Un jour avant (le 14 mai), où Israël
célèbre (pour sa part) l’anniversaire de sa naissance illégitime, c’est le début d’un exode massif déclenché par la première guerre israélo-arabe alimentant des tensions dans toute la région du Moyen-Orient et cela pour des décennies. Bien que l’occupation de la terre palestinienne et les crimes perpétrés par le régime de Tel-Aviv aient suscité des critiques sur la scène internationale, mais il ne faut pas oublier que le soutien des Nations Unies, à la formation de ce régime factice et le manque d’une réaction objective et pratique des institutions internationales ont abouti à l’expansion de la période d’occupation jusqu’à nos jours.
La « catastrophe » vécue par le peuple palestinien a en fait débuté fin 1947 avec le Plan de partage néfaste de l’ONU et s’est poursuivie avec le soutien de l’Empire britannique et des Etats-Unis.
Des groupes paramilitaires et extrémistes juifs – dont certains membres (considérés comme des glaives du rêve sioniste) deviendront d’importants dirigeants israéliens par la suite, tels que Yitzhak Rabin, Ariel Sharon et Moshe Dayan – ont élaboré un plan de contrôle des frontières de la Palestine occupée dite Israël.
Beaucoup de Palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de leurs foyers ne sont jamais retournés dans la Palestine historique, dont une grande partie constitue maintenant « l’État d’Israël ». Sept décennies plus tard, des millions de leurs descendants vivent dans des dizaines de camps de réfugiés à Gaza, en Cisjordanie et dans les pays voisins, manière de déraciner les Palestiniens, mieux dire un nettoyage ethnique.
La Nakba marque aussi la destruction, autrement dit la disparition, de plus de 500 villages palestiniens, dont le plus connu est Deir Yassine, avec ses 250 habitants massacrés par une milice d’extrême droite sioniste. Ces crimes et exactions étaient les résultats directs de la formation des premiers noyaux du sionisme en 1897 dans la ville de Bâle, en Suisse, de la remise de la Palestine à la Grande-Bretagne et de la publication de la déclaration Balfour par le ministre des Affaires étrangères britanniques (Arthur Balfour) en 1917. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est le rôle complice des Nations Unies dans ce drame.
Le feu vert de cette organisation internationale à la création de l’Etat factice, a provoqué des jours sombres pour la nation palestinienne et la région du Moyen-Orient.
En 1947, les Nations Unies, avec la résolution 181, ont divisé la Palestine en deux parties : israélienne et arabe, manière de reconnaître l’occupation sioniste. Cet appui, en guise de garantir le soutien unanime occidental au régime factice, a enhardi ce dernier rêvant déjà les desseins territoriaux « du Nil à l’Euphrate ». Un nouveau chapitre noir s’ouvre ainsi pour les Palestiniens marqué par des années de violences perpétuelles et l’expansion des colonies illégales qui vont jusqu’à inquiéter les membres du Conseil de sécurité voire les alliés occidentaux !
En commémorant cette journée, cette année, à l’ONU, et cela pour la première fois, il semble que la nation palestinienne ait enfin eu l’occasion de se présenter et de s’exprimer, ce qui peut être considéré comme le fruit de ses décennies de résistance populaire.
A la date du novembre 2022, une résolution relative à la « Division des droits des Palestiniens » a été adoptée, par 90 voix pour, 30 voix contre et 47 abstentions. Un geste qui se voulait l’expression d’un engagement collectif en faveur de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien et d’une solution juste et globale à la question de Palestine. Or, plus de sept décennies après la décision de l’Assemblée générale de diviser la Palestine « historique », et plus d’un demi siècle après le début de l’occupation militaire du territoire palestinien par Israël, le peuple palestinien continue de subir des niveaux croissants de massacre, de dépossession, de déplacements, de violence et de violations des droits de l’homme.
A l’ONU, la résolution a été saluée par la partie palestinienne qui l’a qualifié de « reconnaissance d’une injustice historique » qui a visé le peuple palestinien, et a sans surprise provoqué l’ire d’Israël.
A la veille du vote et dans une tentative de dissuasion, Israël met tout son possible pour empêcher les pays d’y assister. D’après les médias arabes, le ministère israélien des Affaires étrangères tentait de faire renoncer les hauts responsables des délégations et les représentants des pays à assister à la cérémonie spéciale de cette commémoration.
Même si la cause palestinienne a commencé à peine à retrouver un souffle d’espoir, pour faire entendre la voix des victimes de la Nakba, ou pour reprendre les mots du Président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, « pour affronter tous les mensonges et faux récits qui tentent de déformer l’histoire et les faits », le soutien inconditionnel occidental à Israël se poursuit.
A la veille de la journée de la Nakba, les vœux d’Ursula von der Leyen à l’adresse de l’entité sioniste choquent les Palestiniens, les pays musulmans soutiens de la Palestine, et les gens d’esprit libre. La présidente de la Commission européenne a enregistré ses vœux dans une vidéo dont le contenu a fait réagir l’Autorité palestinienne (AP).
Lors de son allocution controversée adressée aux Israéliens, sans la moindre référence à la nation palestinienne, Ursula von der Leyen déclare : « Aujourd’hui nous fêtons les 75 ans de la démocratie la plus vivante du Proche-Orient » !
Ce message, qualifié par Mahmoud Abbas, de « propagande » qui vise à « déshumaniser » et à « effacer le peuple palestinien » suscite la colère chez les Palestiniens. L’AP a également exigé des excuses d’Ursula von der Leyen aux Palestiniens.
Pour ce peuple opprimé mais résistant, ce geste tente de falsifier sa riche histoire et sa civilisation, au profit de l’entité sioniste, de même, qu’il perpétue le déni continu et raciste de la Nakba et blanchit l’occupation illégale et le régime d’apartheid d’Israël.
L’adoption d’une telle rhétorique anti-palestinienne discrédite la position de l’Union européenne et jette de sérieux doutes sur son prétendu engagement déclaré en faveur du droit international et des droits de l’homme. Des décennies de combats politiques ont été nécessaires pour placer la Nakba au centre des débats pour la reconnaissance de la tragédie palestinienne : Une lutte de premier plan contre les pages sombres d’une histoire coloniale qui a débuté à la fin du XIXe siècle et qui continue tristement de nos jours avec le soutien des prétendus défenseurs des droits de l’homme.