Malgré l’annonce initiale de grandes ambitions pour les Jeux olympiques de Paris 2024, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Lors de l’attribution des Jeux en septembre 2017, les organisateurs avaient promis des Jeux sobres, équilibrés sur le plan financier, peu coûteux, respectueux de l’environnement, inclusifs et populaires. À l’époque, le budget prévisionnel était estimé à 6,8 milliards d’euros, soit moins de la moitié de celui des Jeux de Londres en 2012 et bien loin des sommes dépensées pour les Jeux de Pékin en 2008 et de Rio en 2016, qui se chiffraient respectivement à 32 et 33 milliards d’euros.
Afin de garantir le respect a cette promesse, les organisateurs ont accordé à la Cour des comptes un contrôle et une supervision complets sur la compétition, afin de prévenir tout dépassement budgétaire excessif et d’assurer une gestion financière responsable. Cependant, malgré cette mesure, le budget a effectivement été dépassé, atteignant actuellement environ 2 milliards d’euros supplémentaires. Aujourd’hui, le coût total des Jeux olympiques et paralympiques, englobant à la fois le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) et la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), s’élève à 8,8 milliards d’euros.
Il est préoccupant de constater que les coûts pourraient continuer à augmenter. En novembre dernier, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat a publié un rapport exprimant ses inquiétudes quant à l’incapacité du Cojop à finaliser un budget initialement estimé à 3,98 milliards d’euros. Les sénateurs Laurent Lafon et Jean-Jacques Lozach ont alors souligné que “le coût des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 pourrait augmenter de manière significative, notamment en raison de l’augmentation de l’inflation”.
Depuis lors, le budget du comité d’organisation a augmenté de 10%, ce qui représente une augmentation de 400 millions d’euros. La moitié de cette augmentation, soit 196 millions d’euros, est attribuée à l’inflation. Ainsi, le budget du Cojop, qui était initialement de 3,98 milliards d’euros, a été révisé à la hausse pour atteindre 4,38 milliards d’euros.
En effet, l’inflation n’est pas le seul facteur à prendre en compte. Outre l’augmentation artificielle des prix et des coûts liés à l’organisation et à la construction, la Cour des comptes a souligné les problèmes de sécurité et de transports, identifiés comme les principales préoccupations de Paris 2024, qui nécessitent une vigilance particulière. Dans son dernier rapport publié en janvier dernier, l’organisme présidé par Pierre Moscovici recommande au Cojop de finaliser, au cours du premier semestre 2023, “le plan global de sécurité des Jeux afin de stabiliser les besoins en sécurité privée, qui risquent d’être insuffisants, et de planifier l’utilisation des forces de sécurité intérieure”, ainsi que de “mettre en place les plans de transport par site et d’engager leur mise en œuvre opérationnelle, notamment en ce qui concerne la gestion des flux et l’information des usagers”.
Dans le dossier prévisionnel de 2017, une enveloppe de 250 millions d’euros avait été allouée à la sécurité. En comparaison, la sécurité des Jeux olympiques de Londres 2012, principalement assurée par des sociétés privées, avait coûté 1,16 milliard d’euros. La Cour des comptes demande que cette allocation budgétaire soit au moins doublée pour Paris 2024.
En outre, pour relever les défis posés par l’ampleur d’un tel événement, notamment avec la cérémonie d’ouverture prévue le long de la Seine et devant accueillir jusqu’à 600 000 personnes, il est envisageable de faire appel à des sociétés privées de sécurité, qui sont coûteuses, ou même à l’armée, bien que celle-ci ne soit pas spécifiquement formée pour ce type d’événement.
En ce qui concerne les transports, les signaux sont tous au rouge. Alors que le métro parisien est régulièrement critiqué par les usagers en raison de ses retards et de ses problèmes d’exploitation presque quotidiens, la société Île-de-France Mobilités, chargée de l’organisation des transports, s’inquiète d’une situation chaotique en 2024, avec une affluence potentielle de plus de 3 millions de personnes supplémentaires. La présidente de cette société, Valérie Pécresse, estime qu’il manque 800 millions d’euros pour finaliser le budget et garantir la réussite de l’organisation des transports.
La situation actuelle soulève des préoccupations quant à une éventuelle augmentation de la facture, que ce soit en raison de l’inflation ou du recours à des sociétés de sécurité privées. En comparaison avec Londres, il ne serait pas surprenant que les dépenses liées à la sécurité atteignent 1 milliard d’euros, d’autant plus après les problèmes survenus lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France en mai 2022. Pour faire face à ces coûts, deux solutions sont envisagées : le financement public, garanti par le contrat olympique signé entre le Comité international olympique (CIO) et le Parlement, et les revenus générés par les tarifs.
Dans le premier cas, le Parlement a voté, dans le cadre du projet de loi de finances 2022, une garantie de 3 milliards d’euros pour le Cojop. Ainsi, le comité d’organisation pourra puiser dans les fonds de l’État en fonction de ses besoins. Bien sûr, cela n’entraînera pas de hausse des impôts, car un dépassement de 3 milliards d’euros a été prévu dans le budget. Cependant, cela signifie également que ces fonds ont été retirés d’autres investissements publics en attente d’utilisation.
Enfin, l’un des sujets polémiques récents concerne l’outil tarifaire. Le budget du Cojop est composé de plusieurs sources de financement, notamment la contribution du CIO d’un montant de 1,219 milliard d’euros, les recettes des droits de télévision, les partenariats et les revenus commerciaux, la vente des billets et le marketing. Pour ce qui est des deux premières sources de financement, les négociations sont déjà terminées et rien ne peut être modifié. Il reste donc les deux dernières sources.
Cependant, les financements privés ont été ralentis, notamment en raison des difficultés rencontrées par Paris 2024 pour attirer des partenaires dont la réputation est en adéquation avec l’objectif d’écologie et de sobriété environnementale des Jeux. Des entreprises comme Total, par exemple, ont été écartées en raison de leur incompatibilité présumée avec l’ambition écoresponsable des Jeux olympiques de Paris.