La France est-elle sur la voie d’une Sixième République ?

Francoise Riviere
8 Min Read

La France se prépare à de nouvelles manifestations contre la réforme contestée des retraites d’Emmanuel Macron la semaine prochaine, mettant à l’épreuve la gestion par le président d’une réaction brutale qui s’est transformée en crise sociopolitique.
Une nouvelle journée de grève nationale à l’appel des syndicats devrait avoir lieu mardi, après que des manifestations spontanées ont parfois tourné à la violence ces derniers jours, incitant la maison royale britannique à reporter une visite d’État prévue du roi Charles III.
Selon de nombreux sociologues, ce que cette crise montre, c’est qu’il existe deux Frances. Elles vivent dans des mondes mentaux complètement séparés et ne parviennent même pas à communiquer.
Bien qu’ils n’aient aucun lien avec le mouvement plus large de rejet de la décision de Macron de relever l’âge de la retraite, des manifestants ont affronté la police samedi lors de manifestations près du village de Sainte-Soline, dans l’ouest de la France, pour protester contre le projet de construction d’un réservoir d’eau, auquel s’opposent les écologistes. Un manifestant aurait été blessé. Les policiers ont utilisé des quads pour tenter de contrôler la foule dans les champs et ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, ce qui a suscité de nouvelles critiques de la part de certains politiciens de l’opposition concernant les tactiques policières musclées.
Les manifestations contre les plans de retraite largement impopulaires de Macron ont pris une tournure plus imprévisible depuis que le gouvernement a contourné un vote parlementaire à la mi-mars pour adopter la loi, entraînant une réaction brutale dans les rues qui est en train de devenir un sérieux casse-tête politique pour l’administration de M. Macron.
Après que plus de trois millions de personnes ont participé à des marches dans toute la France jeudi dernier, des affrontements avec la police ont éclaté en marge de ces marches. Selon certaines informations, la police a tiré des gaz lacrymogènes et a déployé sa brigade de motards, plus lourde, pour contrôler la foule.
Les syndicats et les manifestants ont demandé à M. Macron de retirer sa réforme, qui fera passer l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans et obligera les gens à travailler 43 ans pour avoir droit à une retraite complète.
Laurent Berger, leader du syndicat modéré CFDT, a exhorté vendredi le gouvernement à “faire une pause” dans ses projets, déclarant que les violences policières étaient inquiétantes. M. Macron a tenu bon, affirmant que la réforme était nécessaire pour que le système de retraite reste viable. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a déclaré dimanche qu’il n’y aurait pas de place pour une renégociation de l’âge de la retraite et a appelé au calme.
La police française a été accusée par des groupes de défense des droits et des militants juridiques d’avoir eu recours à une force excessive lors des manifestations.
Plus de 1 200 personnes ont été arrêtées depuis le 16 mars, date à laquelle les manifestants ont commencé à descendre plus assidûment dans la rue, et plusieurs associations françaises de défense des droits ont déclaré que de nombreuses arrestations avaient été effectuées de manière arbitraire et sans aucun fondement juridique. Elles ont cité des cas où des passants ont été pris dans un raid policier contre des manifestants, alors que la plupart des personnes ont été relâchées après une nuit en prison sans aucun suivi.
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré vendredi que le service des affaires internes de la police française avait ouvert 11 enquêtes sur des abus présumés.
Le leader de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui se trouvait à Sainte-Soline, a déclaré que la police avait utilisé des grenades assourdissantes sans discernement.
Sur le plan politique, la réaction de l’opinion publique a jusqu’à présent profité au parti d’extrême droite de Marine Le Pen, le Rassemblement National (RN), selon un sondage Ifop publié dans Le Journal du Dimanche. Le soutien au RN augmenterait de 7 points de pourcentage pour atteindre 26 % si les élections législatives avaient lieu maintenant, par rapport à son score de 19,2 % lors des élections de juin dernier.
La France a une longue histoire de troubles sociaux et politiques, mais ces dernières années, elle a connu une augmentation des conflits civils.
Les raisons de cette recrudescence des troubles civils sont complexes et multiples. Des facteurs tels que les inégalités économiques, les taux élevés de chômage des jeunes et un sentiment croissant d’insatisfaction à l’égard de l’establishment politique ont tous contribué à cette tendance.
Cette crise a conduit à un mécontentement général de la population, qui s’est manifesté par des protestations et des grèves dans tout le pays.
En outre, la pandémie de COVID-19 a exacerbé les difficultés économiques et les troubles sociaux de la France, qui a connu l’un des taux de mortalité les plus élevés d’Europe à cause du COVID-19 et la pression qui en a résulté sur son système de santé. Ces multiples défis ont suscité des inquiétudes quant à la stabilité et à la prospérité futures de la France, certains analystes avertissant qu’un effondrement sociétal pourrait se produire si ces problèmes ne sont pas traités de manière appropriée et corrigés par des décisions immédiates de la part du gouvernement, tant à court qu’à long terme.
Avec des scènes de violence policière, des montagnes d’ordures en décomposition dans les rues de Paris et d’autres villes françaises, et la promesse de nouvelles grèves paralysantes à venir, telle est l’atmosphère peu réjouissante qui règne alors que le pays entre dans la prochaine phase cruciale de la crise. Suite à l’invocation par le Président Macron de la procédure 49:3, les partis d’opposition ont déposé deux motions de censure contre le gouvernement, qui seront débattues cette semaine. En théorie, si l’une d’entre elles est adoptée, cela entraînerait la chute du président Macron et, en fin de compte, des élections anticipées.
Alors que le pays est au bord de l’agitation civile, le verdict de M. Macron sonne comme une sombre prémonition. Les démons de la France sont de retour, et ils hantent le pays.

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