La crise sans fin de la réforme des retraites

Francoise Riviere
8 Min Read

Plusieurs manifestations dans toute la France par rapport au projet de réforme des retraites ont réuni, ce samedi 11 février, un peu plus de monde que mardi dernier, acte trois de la mobilisation, notamment dans les petites et moyennes villes. A Roanne, par exemple, la police a recensé 6 000 manifestants, contre 3 000 mardi. Même tendance à Périgueux, où 5 200 personnes ont défilé contre 3 700 quatre jours plus tôt. Un regain lié à la présence d’un public plus familial, avec davantage de parents accompagnés de leurs enfants dans les cortèges, ont observé les journalistes.
Par ailleurs, pour cette première mobilisation à samedi, l’écart s’est creusé entre les chiffres donnés par les autorités et ceux des syndicats. A Clermont-Ferrand, ces derniers ont revendiqué 50 000 participants, contre 8 000 selon la préfecture. À Toulouse, la CGT a annoncé un nombre record de « plus de 100 000 manifestants », la préfecture 25 000. Les trois premières journées d’action ont rassemblé entre 757 000 et 1,27 million de personnes selon les autorités ; entre près de deux millions et plus de 2,5 millions selon l’intersyndicale. À Paris, selon la CGT, près de 500 000 manifestants ont défilé entre la place de la République et la place de la Nation, où des heurts mineurs ont éclaté. Pour contrôler ces foules, 10 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés, dont 4 500 dans la capitale.
A Paris, les affrontements ont démarré peu avant 15h30 lorsqu’un groupe a essayé de partir en « cortège sauvage » en direction de la rue de Charonne, s’écartant ainsi de l’itinéraire déclaré, a rapporté la préfecture de police. Après l’intervention de la police, les affrontements se sont poursuivis sur le boulevard Voltaire, avec des incendies de poubelles et de vélos électriques, des conteneurs à verre renversés sur la chaussée et une voiture renversée sur le côté puis incendiée, nécessitant l’intervention des pompiers. Des projectiles ont également été lancés sur les policiers, qui ont effectué plusieurs charges en retour.
Au départ de la manifestation parisienne, l’ancien candidat EELV à la présidentielle, Yannick Jadot, a encouragé le débat et le vote sur l’article 7. « J’appelle tout le monde », et « cela doit être la stratégie de la Nupes », à « faire en sorte que l’article 7 sur le report de l’âge à 64 ans, qui est le cœur de l’injustice absolue, soit débattu et voté à l’Assemblée », a-t-il déclaré. Il considère également que Macron est la cause de la situation chaotique de la France. D’après cet eurodéputé « il faut que le report de l’âge légal à 64 ans soit débattu à l’Assemblée ».
« Le pays est bloqué par un président et son orgueil », a annoncé Yannick Jadot pendant les manifestations de la réforme des retraites. « C’est le seul qui peut tout arrêter », assure également ce député de NUPES, conscient que les débats à l’Assemblée ne feront pas reculer le gouvernement. Alors la gauche mise tout sur la pression de la rue pour faire revenir Emmanuel Macron à la raison, comme le soutient Yannick Jadot. « C’est un échec pour le président Macron. C’est un échec de la démocratie. Au fond, le pays est bloqué aujourd’hui par un président et son orgueil. Il veut faire cette réforme coûte que coûte ».
Précédemment, diverses tentatives de dégradation de vitrines de banques, de compagnies d’assurance et d’un fast-food avaient également exigé l’intervention de la police. Un vol sur deux au départ ou à l’arrivée de l’aéroport de Paris-Orly a été annulé ce samedi après-midi, en raison de grèves individuelles non prévues des contrôleurs aériens, contre la réforme des retraites, alors que les syndicats n’ont pas appelé à cesser le travail. « Compte tenu du constat d’un certain nombre de grévistes à l’organisme de navigation aérienne d’Orly », la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) « a demandé aux compagnies aériennes de réduire de 50 % leur programme de vols à partir de 13 heures pour la journée », a indiqué l’administration dans un communiqué.
La DGAC a appelé les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage et à se renseigner auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l’état de leur vol. L’autre grand aéroport de Paris, Roissy-Charles-de-Gaulle, n’est pas influencé par ces grèves. Contrairement aux trois précédentes journées de manifestations contre la réforme des retraites, le gouvernement n’avait pas mis en place de service minimum à Orly, ce qui aurait impliqué l’annulation préventive d’une partie du programme des compagnies aériennes, annoncée deux jours auparavant. L’intersyndicale de la RATP a appelé à la première grève du mouvement à la régie autonome des transports parisiens à partir du 7 mars. « Si le gouvernement n’entend toujours pas la détermination des salariés, des jeunes et de tous ceux qui soutiennent ce mouvement unitaire à exprimer leur colère face à cette nouvelle injustice, il devra assumer le blocage de l’économie dans notre pays », a prévenu l’intersyndicale (CGT, FO, UNSA, CFE-CGC) dans une déclaration.
Avant le départ du cortège parisien, les dirigeants des huit principaux syndicats ont annoncé leur appel à un cinquième acte le jeudi 16 février. Ils se sont également dits prêts à « durcir le mouvement » et à « mettre le pays en attente le 7 mars » si le gouvernement et le Parlement « restent sourds » aux mobilisations. Cette déclaration « d’un durcissement le 7 mars, ça laisse un peu de temps s’ils veulent réagir », a affirmé le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, ajoutant ne pas être « dans la logique d’une grève reconductible ». Son homologue de la CGT, Philippe Martinez, a souligné que « la balle était dans le camp » de l’exécutif.
Depuis différents cortèges à travers la France, plusieurs responsables politiques ont pris la parole. A Marseille, l’ancien député Insoumis Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Monsieur Macron, s’il compte sur l’usure, il s’est trompé de pays ». « Ici, c’est la France et le peuple a un tempérament rebelle », a-t-il ajouté. Déplorant que le président et son gouvernement refusent de retirer ce projet de loi, il a estimé que la manière d’agir d’Emmanuel Macron est « une incitation à la violence ». « Il semble dire aux gens ‘quand vous faites les choses tranquillement et normalement, je m’en fous’ ».

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