Le hadj est une pratique de dévotion au cours de laquelle tous les éléments de la servitude se réunissent et où la modestie et la pénitence, la vertu et l’abandon des désirs et des choses matérielles sont complètement manifestes.
En mettant deux pièces de tissu, les pèlerins de la Maison de Dieu manifestent leur détachement du monde et font semblant d’avoir oublié tout même leurs enfants, leurs familles, leurs patries et tout en dehors de Dieu. Ce qui occupe l’atmosphère intellectuelle du pèlerin de la Maison de Dieu ce n’est que le cri de l’obéissance à Dieu Unique.
Néanmoins il faut savoir si cette pratique de dévotion a en même temps une dimension politique et sociale? Ou bien tout comme la prière de la nuit, il est absolument d’un aspect cultuel sans avoir de relation avec les intérêts publics de l’Islam?
En d’autres termes, est-ce que Dieu a rendu obligatoire le hadj pour tous les musulmans, hommes, femmes, jeunes et vieillards pour que ces derniers l’adorent sans prendre en considération ses dimensions politiques et sociales? Ou bien ce devoir est le point de rencontre entre la prière et la politique et le croisement entre l’adoration de Dieu et d’autres questions sociales et économiques.
En effet, le Hajj est un gigantesque rassemblement religieux, une grande congrégation islamique où les musulmans venant du monde entier et appartenant à différentes régions, nationalités, couleurs et parlant différentes langues se rencontrent portant la même robe, effectuent les mêmes rituels et scandent le même slogan.
Ils ont une vue majestueuse et impressionnante reflétant l’universalité de l’Islam en tant que « religion » et manifestant l’égalité de l’humanité, servant de rappel du Jour de la Résurrection. Lorsque les pèlerins venant du monde entier se rassemblent à un endroit représentant une fraternité, ils démontrent pratiquement le grand message du Saint Coran dans lequel le Seigneur sublime dit : « Les croyants ne sont qu’une seule fraternité. »
Le message central du Hajj est l’égalité de l’humanité où il n’y a pas de différence entre le riche et le pauvre, le puissant et le faible, le dirigeant et le gouverné, le noir et le blanc, le vieux et le jeune, le mâle et la femelle ; tous se tiennent devant leur Créateur sans aucune sorte de discrimination. Dans la sourate Al-Hujurat verset numéro 13 du Saint Coran, nous lisons :
« Ô hommes ! Nous vous avons créés à partir d’un seul (couple) d’un homme et d’une femme, et nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous vous connaissiez. En vérité, le plus honoré d’entre vous auprès d’Allah est celui qui est le plus juste d’entre vous. »
Dans son sermon d’adieu, le grand prophète l’a rendu très explicite lorsqu’il a proclamé :
« Toute l’humanité vient d’Adam et Eve ; un Arabe n’a pas de supériorité sur un non-Arabe ni un non-Arabe n’a de supériorité sur un Arabe. Aussi un blanc n’a aucune supériorité sur un noir ni un noir n’a de supériorité sur un blanc sauf la piété. Il a ajouté : « Apprenez que chaque musulman est le frère de tous les autres musulmans et que tous les musulmans constituent une seule fraternité. »
Le Hajj est la manifestation la plus vivante et la leçon de cette égalité : tous portent des vêtements similaires, tous s’inclinent devant un seul Seigneur, tous sont à la recherche d’un Bien-Aimé, tous cherchent une destination, tous reconnaissent le Pouvoir Unique et tous renient toutes les fausses divinités.
Le Hajj offre ainsi aux pèlerins une excellente occasion d’interagir les uns avec les autres et d’établir des relations sociales, de développer une compréhension mutuelle et de cimenter le lien de la fraternité islamique. Il offre également l’occasion d’en apprendre davantage sur les problèmes communs, les espoirs et les aspirations futures, de partager des expériences, d’échanger des informations dans différents domaines et de favoriser un sentiment de fraternité universelle entre les musulmans.
En conséquence, le hajj a deux aspects complémentaires : un aspect individuel et un aspect social. L’aspect individuel du hajj appartient à chaque individu qui fait le pèlerinage du hajj. Chaque pèlerin du hajj doit établir une relation avec Allah l’Exalté pendant son pèlerinage et doit se repentir et tirer des bénéfices spirituels pour lui-même. Bien entendu, chacun des pèlerins, qui sont bénis par cette grande opportunité, devrait réfléchir à la manière de tirer le meilleur parti de cette disposition. Les pèlerins du Hajj doivent se repentir ; ils devraient prier; ils doivent demander à Allah le Très-Haut tout ce dont ils ont besoin. Ils doivent faire une alliance avec Allah le Très-Haut pour rester attachés à leur avenir, à leur vie et à leurs activités. Les bénédictions spirituelles pour les pèlerins individuels proviennent de ce voyage : des rituels et de ces jours. C’est l’aspect individuel du hajj.
L’autre aspect du hajj est l’aspect social. Le Hajj est la manifestation de l’unité islamique ; des personnes de couleurs de peau différentes, des personnes de nationalités différentes, des personnes d’identités différentes, des personnes de différentes confessions islamiques et des personnes de tendances différentes se rassemblent toutes au même endroit sur un pied d’égalité. Ils exécutent tous le Tawaf ensemble; ils travaillent tous ensemble; ils restent tous à Arafat et Mash’ar : cette unité est très importante. La solidarité islamique est la véritable manifestation de l’harmonie et de l’unanimité pendant le hajj, non seulement pour le peuple iranien, mais aussi pour tous les musulmans du monde entier.
C’est une belle occasion de communiquer les uns avec les autres, de s’unir les uns aux autres, d’écouter les souffrances de l’autre et d’exprimer sa sympathie. En dehors du hajj, quand les musulmans ont-ils une telle opportunité ? La question de l’unité est l’une des dimensions sociales du hajj.
L’autre dimension sociale du hajj réside dans la manifestation de la grandeur des Musulmans. Le fait que plusieurs millions de musulmans se rassemblent en un même lieu pour assister à une cérémonie particulière montre la grandeur de l’oummah islamique.
Par conséquence, si la purification de l’âme et le rapprochement du Seigneur sont considérés comme avantage, la consultation pour esquisser les lignes du développement de la science et de la culture aussi constitue un avantage. Si ces deux cas sont considérés comme avantages, l’appel des musulmans à déployer des efforts dans le sens de la propagation de l’Islam aussi constitue un avantage.
En conclusion, le Hajj est un capital social durable et inépuisable pour le monde islamique, qui ne cesse d’augmenter. Ainsi, les dirigeants des pays musulmans pourront utiliser les capacités du Hajj pour trouver des solutions pratiques aux crises auxquelles se voit confronté le monde de l’Islam et contribuer, à la lumière d’une interaction constructive, à l’épanouissement des nations musulmanes dans les domaines culturel, politique, social et économique.