France: Les vols à l’étalage sont en augmentation en raison de la forte hausse des taux d’inflation

Francoise Riviere
8 Min Read

Avec le prix des produits alimentaires a augmenté de 16 % en mars, les Français ont vu ces derniers mois le coût de leur panier de courses bondir, entraînant une situation de précarité alimentaire et de privation pour certains. Et consequence?

Les vols à l’étalage se multiplient, touchant les hypermarchés à travers la France. En fait, les vols à l’étalage enregistrés par les policiers et les gendarmes ont augmenté de 14,7 % en 2022, d’après les données du ministère de l’Intérieur. Des chiffres qui ne reflètent pas la réalité parce que la plupart des vols dans les supermarchés ne sont pas déclarés à la police. Ce sont les témoignages, progressivement des gérants de magasins, qui attestent le phénomène.

En France comme partout en Europe, les enseignes investissent dans des antivols « légers » pour les apposer sur des produits aussi anodins que la viande ou les fromages.

Entretemps, la société d’études Circana (ex-IRI), qui analyse les achats des consommateurs à la sortie de caisse des ­magasins, estimait en mars 2023 la hausse des prix des produits alimentaires à 16,3 % sur un an. La conclusion s’impose : de plus en plus de consommateurs volent dans les supermarchés.

Aujourd’hui, en raison de l’inflation, il existe de nouveaux profils de voleurs, comme les personnes âgées et les retraités qui volent une plaquette de beurre, un morceau de fromage ou une tranche de jambon, des produits de base qui ne subissent qu’une faible augmentation. Les plaintes des magasins ont augmenté de 40% pour les pâtes premiers prix, 34% pour les légumes frais et encore de 15% pour les produits laitiers.

Plusieurs enseignes ont même opté pour le « traçage » des produits volés, grâce à une étiquette munie d’un dispositif GPS. Certaines caisses automatiques sont, désormais, capables de différencier un légume d’un autre, afin de lutter contre l’étiquetage des produits les moins chers au kilo. Et quand la législation locale l’autorise, des caméras adossées à un logiciel de reconnaissance faciale sont même capables d’identifier un « client » déjà répertorié comme « voleur » dès son entrée au magasin.

Mais la plupart du temps, la solution est plus « classique » : certains produits très « demandés », comme les produits d’hygiène, sont parfois mis sous clé. Longtemps réservé aux bouteilles d’alcool puis, avec le temps, aux coûteuses lames de rasoir jetables, le dispositif enferme aujourd’hui des dentifrices et autres déodorants.

« Il y a du vol. Beaucoup de vols. De plus en plus. La vie est tellement chère », explique une caissière d’un supermarché de l’ouest de la France. Elle constate de plus en plus des achats qui restent au fond du sac lorsque les clients posent leurs courses sur le tapis roulant des caisses traditionnelles. En ce début d’année, l’inflation a diminué. Mais cette baisse est surtout au prix de l’énergie. Les prix des produits alimentaires ont eux continué d’augmenter. Les produits laitiers, huiles, graisses, pain et céréales, particulièrement, sont à un prix très élevé.

Principalement, les vols se déroulent dans les rayons hygiène et cosmétique, ainsi qu’aux rayons alcool: Au Carrefour Market de Breteuil, l’un d’entre eux a reçu la palme, peu gratifiante, du vol le plus original. « Une fois, un homme a pris une grosse bouteille d’eau de 8 litres. Il l’a vidé, puis rempli de vodka puisque les deux liquides sont très ressemblants. » Un vol non identifiable, aux premiers abords, pour les équipes du magasin qui ont finalement découvert ce vol en retrouvant de nombreuses bouteilles vides dans le rayon alcool du magasin.

Face à toute cette situation, les commerçants se retrouvent assez désemparés. Tandis que les prix grimpent pour les consommateurs, pour les commerçants aussi, les couts de transport et d’achat augmentent.

L’inflation en France s’est accélérée en avril, sous l’effet d’une hausse des prix de l’énergie, selon les données publiées par l’Insee.

Les prix à la consommation ont augmenté de 5,9 % le mois dernier sur une base annuelle, contre 5,7 % en mars, selon les nouveaux chiffres. La croissance des prix de l’énergie a atteint 6,8 % en avril, après une hausse de 4,9 % en mars, principalement en raison de l’augmentation des coûts du carburant, a rapporté RT.  

Parallèlement, l’augmentation des prix du gaz s’est atténuée par rapport aux 35,6 % enregistrés en mars, pour atteindre 22,9 % d’augmentation d’une année sur l’autre en avril.  

Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 15 % en glissement annuel, soit un peu moins qu’en mars (15,9 %). Ce recul est imputable à une baisse saisonnière des prix des produits frais. Toutefois, malgré le ralentissement de la croissance des prix, les économistes de l’Insee ont déclaré que la flambée des coûts alimentaires avait eu un impact plus important sur l’inflation globale que la hausse des coûts de l’énergie.  

Une récente enquête menée par le cabinet d’études de marché Elabe a montré que 43 % des consommateurs français ont réduit leurs achats de certains produits alimentaires en raison de l’inflation. Parmi les personnes interrogées, 43 % ont déclaré avoir réduit leur consommation de viande, 34 % ont acheté moins de poisson et 27 % ont renoncé aux gâteaux et aux biscuits. Selon l’enquête, la plupart des consommateurs français ont dû adapter leurs habitudes d’achat, 44 % d’entre eux optant pour des produits alimentaires moins chers et 30 % achetant désormais de plus petites quantités. 

Le ministre français des finances, Bruno Le Maire, a déclaré en mars qu’il s’attendait à ce que l’inflation atteigne son point culminant cet été, avant de commencer à diminuer. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a reconnu que l’inflation dans la zone euro restait trop élevée et continuait d’être la principale préoccupation et la première priorité de la politique monétaire. 

En mars, les autorités françaises ont introduit ce que l’on appelle un “panier alimentaire anti-inflation”, composé d’environ 50 produits de base, et ont obligé les grands détaillants à ne pas augmenter les prix de ces produits de base jusqu’en juin.

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