Le monde islamique à l’époque contemporaine se trouve, à n’en pas douter, aux prises avec divers conflits politiques, religieux, culturels, ethniques et tribaux et les tensions locales et régionales entre les pays islamiques ont créé la haine, l’inimitié et la fratricide. La conséquence, la destruction et l’affaiblissement des infrastructures, des équipements, des capacités et du pouvoir des musulmans et des pays islamiques. Malheureusement, ces différends ont préparé le terrain à la présence de puissances arrogantes et anti-musulmanes sur les terres islamiques et au pillage de leurs richesses.
Parallèlement à une telle situation prévalant dans les pays musulmans, le monde traverse une période de transition et la géométrie des nouvelles puissances est en train de se former, le monde passant de l’unipolarité à la multipolarité.
L’état désorganisé des musulmans ne se limite pas à l’Asie de l’ouest, mais il comprend toutes les régions et terres islamiques ; même si tout au long de l’histoire, les conflits et les tensions de la région de l’Asie occidentale ont eu un effet sur l’ensemble du monde islamique et continuent d’avoir un impact néfaste. Les acteurs du monde islamique semblent alors pâtir de cette situation.
Si l’humanité est parvenue à la conclusion de créer la Société des Nations au lendemain de la Première Guerre et les Nations Unies après la Seconde Guerre mondiale afin de résoudre les différends, les conflits et de prévenir les tensions régionales après la Seconde Guerre mondiale, l’Islam avait déjà prédit le grand Congrès du Hajj pour la grande communauté des Musulmans dans le but de surmonter les différends et de renforcer l’unité islamique.
Au cours des derniers siècles, de nombreux efforts ont entrepris par certaines personnalités islamiques pour créer l’unité, dont le plus célèbre était Seyyed Sayyed Jamal Ad Din Assadabadi, qui a malheureusement coïncidé avec l’arrivée progressive du nationalisme occidental, qui a lui-même conduit à l’éloignement accru des nations islamiques les unes des autres. En raison de la montée en puissance du nationalisme, de petits pays ont émergé au fur et à mesure du corps de l’Empire ottoman, ce qui a permis au colonialisme de mettre en œuvre ses projets coloniaux au sein du monde de l’Islam.
Dans les années 1950, un nouveau plan d’unité a été proposé, basé sur la base du nationalisme arabe. Bien qu’il ait connu initialement quelques progrès, il a progressivement fait face à de sérieux obstacles qui résultaient des lacunes du projet de nationalisme arabe.
Dans les années 70, des initiatives ont été prises telles que la création de l’Organisation de la conférence islamique connue sous le nom d’« Organisation de coopération islamique », qui comptait 57 membres. Mais au cours de ces cinq décennies, cette organisation n’a pu entreprendre aucune action positive dans le sens de l’unité inter-islamique, se contenant de publier des déclarations générales.
Le processus de convergence et d’unité islamique s’avère ainsi une question fondamentale dont la promotion nécessite l’exploitation de différentes capacités dont et surtout celles du grand Congrès du Hajj.
Le monde islamique se voit aujourd’hui face à une situation délicate et souffre de diverses crises, causées par l’absence d’un système de sécurité compatible et approprié. L’ordre sécuritaire actuel du monde de l’Islam est le produit de l’équilibre des menaces créé par les stratégies et les accords des grandes puissances occidentales, en particulier les États-Unis. Il n’a pour objectif que de suivre les intérêts politiques, sécuritaires et économiques de l’Occident et d’approfondir le discours occidental au lieu des discours conformes aux valeurs.
Ce système de sécurité a entrainé dans son sillage diverses conséquences qui n’ont fait que de provoquer davantage de crises dans le monde musulman. L’expansionnisme territorial et sécuritaire de l’Occident, la montée de l’islamophobie, l’aggravation des divisions interethniques et sectaire, les tendances sécessionnistes et l’intensification des divergences géopolitiques figurent entre autres au nombre de ces conséquences.
De ce fait, force est de constater que l’ordre sécuritaire actuel du monde de l’Islam a créé une stabilité temporaire basée sur l’équilibre des forces en raison de son incompatibilité avec les conditions réelles régissant le monde islamique et de son caractère exogène s’appuyant sur les grandes puissances non musulmanes. Pour cette raison, nous avons assisté à des crises constantes dans les pays musulmans. Il semble que le monde islamique ait besoin d’établir un nouvel ordre sécuritaire basé sur le discours islamique et les capacités endogènes.
La réalisation de ce système de sécurité islamique nécessite des implications dont la plus importante est le renforcement de l’unité islamique. Afin d’atteindre la cohérence et la convergence islamique, le terrain doit être rendu propice en utilisant les sources authentiques existantes de l’Islam, dont et surtout le Hajj. Ce n’est un secret pour personne que le Hajj, en tant que l’un des principaux piliers de l’Islam, a des dimensions politiques en plus des dimensions religieuses.
Le Hajj possède ainsi de multiples capacités susceptibles de renforcer l’unité islamique et, par conséquent, de jeter les bases d’un ordre de sécurité islamique. Le Hajj est en fait un congrès international et le centre et le symbole de l’unité du monde islamique.
L’un des moyens de réaliser l’unité islamique réside dans la convergence des différentes dimensions politiques, économiques, culturelles et sécuritaires et elle joue un rôle important dans la création de la sécurité nationale et régionale. De cette manière, à mesure que les acteurs du monde islamique se rapprocheront les uns des autres contre les menaces existantes, leur sécurité se renforcera et ce renforcement fera avancer les pays vers un développement global.
Par conséquent, compte tenu de la nécessité d’unité et de convergence dans les pays islamiques, il semble que la multiplicité des systèmes politiques et économiques de ces pays nécessite une sorte de division et de divergence. L’existence de tels facteurs semble avoir donné lieu à des fractures politique et économique entre ces pays. Ceci dit, tant que les élites des pays islamiques ne s’occuperont pas sérieusement de la redéfinition des fondements infrastructurels et profonds de l’unité et de la convergence, on ne pourra guère espérer qu’elles jouent un rôle effectif dans le développement de l’unité convergence islamique.
Dans la situation actuelle, le monde islamique souffre de divergences et de différences internes, et l’un des moyens d’y remédier est la convergence, l’unité et le refus des différences internes sous forme de la cohésion islamique et le grand congrès du Hajj en raison de ses énormes capacités, peut être un facteur important dans l’unité entre les musulmans. En d’autres termes, le hajj a des capacités uniques dans la diplomatie publique et officielle et peut être le fondement d’une Oummah islamique unie et constitue une opportunité de résoudre les conflits régionaux.
En conclusion, le hajj n’est pas seulement un pèlerinage religieux avec des dimensions spirituelles et morales, mais il a aussi une sorte d’inclusion conceptuelle et fonctionnelle qui comprend également des dimensions politiques et sociales. En d’autres termes, pendant le hajj, les Musulmans sont placés dans l’espace civilisationnel et historique de l’Islam et se focalisent sur un point important à savoir : ils ont tous une identité civilisationnelle au-delà des cultures nationales et locales.
De cette façon, le hajj fournit également un espace culturel et social pour renforcer l’unité du monde islamique et renforce la communication entre les musulmans comme base pour la convergence et une identité religieuse commune, au-delà de toutes les identités culturelles, nationales et sectaires.