Aujourd’hui, la recherche de sources d’énergie durables et renouvelables est devenue une nécessité incontournable pour les pays européens, notamment la France, qui semble avoir mis ses obligations internationales et même ses valeurs en second plan dans sa quête de ces ressources.
La France, tout comme d’autres pays européens, est confrontée à une crise énergétique sérieuse. La politique commune de l’Union européenne consistant à imposer des sanctions à la Russie n’a pas seulement échoué à mettre fin à la guerre en Ukraine, mais a également amplifié la crise énergétique en Europe. Bien que la source soit commune, il n’y a pas de solution unique à cette crise qui oblige chaque pays à chercher de nouvelles sources de carburant et à négocier des accords avec des pays en dehors de l’UE.
Alors que la Russie continue d’utiliser l’approvisionnement énergétique comme une arme, la diversification des importations d’énergie est une priorité pour l’UE”, a annoncé la Commission européenne sur Twitter en juillet 2022.
En conséquence, l’Italie a signé des accords d’importation de gaz avec des pays tels que l’Algérie, la Norvège, le Congo et la République d’Azerbaïdjan. De son côté, la France a cherché à renforcer ses échanges avec l’Algérie et le groupe français Total a récemment acquis une part importante dans l’exploitation des gisements de gaz en Algérie, aux Émirats arabes unis et en Afrique du Sud.
L’accord franco-algérien a été signé conformément à une nouvelle loi sur les hydrocarbures en Algérie, promulguée en novembre 2019, qui prévoit la possibilité d’un partage de production avec des groupes étrangers. Cette législation controversée a suscité de vives protestations dans le pays, ses détracteurs considérant qu’elle livre la richesse nationale aux multinationales.
Politique incohérente de Macron envers le Qatar
Le dernier rapport d’Amnesty International avant la Coupe du monde 2022 a salué les efforts du gouvernement qatari pour protéger les travailleurs migrants, mais la réglementation insuffisante et son application incohérente signifient qu’il reste encore beaucoup à faire. Amnesty International a appelé le Qatar et la FIFA à prendre des mesures pour compenser financièrement les travailleurs victimes de discrimination.
Alors que des pays européens comme l’Angleterre, le Danemark et l’Allemagne ont critiqué publiquement ce qu’ils considèrent comme des violations des droits de l’homme au Qatar, la France a adopté une approche différente de celle de ses concurrents européens pour la Coupe du monde 2022, ce silence notable a suscité des questions sur la politique incohérente de Paris en matière de droits humains.
Interrogé sur les critiques à l’encontre du pays organisateur, Emmanuel Macron a déclaré : “Les décisions de tenir une compétition sont prises des années à l’avance, et une fois qu’elle a lieu, le sport doit rassembler.” Il a également vu un point positif à ce que la compétition se déroule au Qatar, non pas pour des raisons sportives, mais politiques. “Les Coupes du monde de football et de rugby, tout comme les Jeux Olympiques, ont pour but de rassembler, parfois pour permettre à à des nations qui ne peuvent pas communiquer politiquement de se connecter”, a déclaré le président français.
En référence aux liens économiques étroits entre Doha et Paris, qui remontent aux années précédant la présidence de Macron, le magazine hebdomadaire français L’Obs a noté la présence de nombreuses publicités de sociétés qataries, comme Qatar Airways, sur les uniformes des footballeurs français. Cela alors que certains médias ont affirmé que l’accord de 32 ans entre la société française TotalEnergies et le Qatar pour accélérer le développement du champ gazier commun avec l’Iran est la principale raison du silence de Paris sur les droits de l’homme et la discrimination subie par les travailleurs migrants.
TotalEnergies, une société française, détient 6,25% du projet de développement de production de gaz naturel liquéfié d’un champ commun avec l’Iran (South Pars) et aidera le Qatar à augmenter sa production de gaz naturel liquéfié de plus de 60% d’ici 2027, pour un investissement français de 1,5 milliard d’euros.
Le Qatar possède les troisièmes plus grandes réserves de gaz au monde, après la Russie et l’Iran. Toutefois, il semble que la France utilise la crise énergétique en Europe comme justification pour ignorer l’un des principes fondamentaux de la République française, à savoir les droits de l’homme.
La France et sa “bombe écologique” en Afrique du Sud
L’ONG BLOOM a lancé une campagne médiatique pour stopper le projet gazier de TotalEnergies au large de l’Afrique du Sud. Ce plan est considéré non seulement comme une menace pour la biodiversité, mais aussi pour les objectifs climatiques, d’où son surnom de “Bombe écologique”.
La campagne médiatique de l’ONG, intitulée “L’Océan : Destruction “Total””, estime que les conséquences des opérations de TotalEnergies en Afrique du Sud seront dévastatrices en raison de sa richesse en biodiversité. L’ONG met en garde contre les fuites potentielles de condensat qui, contrairement au pétrole, ne forment pas de tache noire visible. Au contraire, elles peuvent créer des taches d’hydrocarbures colorés qui polluent l’air et l’eau en raison de leur vitesse d’évaporation. De plus, ce plan d’extraction aurait un impact direct sur le climat, en produisant 5,6 millions de mètres cubes de gaz par jour, ce qui représenterait une augmentation de 1% des émissions annuelles de CO2 de l’Afrique du Sud.
TotalEnergies a récemment annoncé son intention d’accroître ses activités d’extraction de pétrole et de gaz d’ici 2027. Cependant, cette démarche va à l’encontre des objectifs de l’Agence internationale de l’énergie et du Programme des Nations unies pour l’environnement. Ce choix intervient alors que la France, qui a accueilli la COP21 en 2015, s’était positionnée parmi les pays les plus concernés par le réchauffement climatique.
La 27e Conférence sur le changement climatique tenue à Charm el-Cheikh, en Égypte, en novembre 2022, et le communiqué final montre peu d’engagement concret de la part des gouvernements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Certains pays, comme la France, qui privilégient leurs intérêts économiques, ont des engagements ambigus en la matière.
Il semble que le gouvernement français soit prêt à mettre de côté ses engagements internationaux dans divers domaines, y compris les droits de l’homme et le changement climatique, au profit de ses intérêts énergétiques nationaux.