Crise démocratique : Macron reste défiant sur la réforme des retraites malgré le tollé national

Francoise Riviere
8 Min Read

La France se prépare à un nouveau chaos mardi, avec une journée de manifestations prévue contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, qui est détestée, et un appel à la grève générale lancé par les syndicats.
Pendant ce temps, à Paris, le musée du Louvre a fermé ses portes au public après que son personnel a pris part à la vague de grèves de protestation en France.
Des dizaines d’employés du Louvre ont bloqué l’entrée, ce qui a incité le musée à annoncer sa fermeture temporaire.
Les manifestants ont brandi des banderoles et des drapeaux devant la célèbre pyramide du Louvre, où Macron avait célébré sa victoire à la présidentielle de 2017.
Cette action a eu lieu à la veille de l’action prévue mardi et alors que Macron tient une réunion avec le Premier ministre Élisabeth Borne pour discuter de la crise.
Macron a perdu l’initiative de manière si radicale qu’il a été contraint de reporter indéfiniment une visite d’État prévue en France cette semaine par le roi Charles III.
Les manifestations de jeudi dernier ont dégénéré en troubles, avec des affrontements entre la police et les manifestants et des scènes de violence dans tout le pays.
Les transports publics, les universités, les écoles et les services publics devraient à nouveau être perturbés mardi. L’impact de l’action syndicale se fait sentir dans tous les secteurs et domaines de la vie publique. Une grève reconductible des éboueurs parisiens a entraîné l’amoncellement de déchets dans certains quartiers de la capitale française, et une grève dans les raffineries a provoqué des pénuries de carburant dans certaines pompes à essence.
Malgré l’agitation généralisée, le président français a promis la semaine dernière qu’il ne reviendrait pas sur la réforme des retraites, qui repousse l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, en déclarant qu’elle était “nécessaire” pour que le pays puisse équilibrer les comptes de son généreux régime de retraite.
Le gouvernement français a suscité l’indignation en invoquant l’article 49.3 de la Constitution française pour faire passer sa réforme des retraites, dans une démarche controversée qui lui a permis de contourner un vote au Parlement qu’il s’attendait à perdre. Le gouvernement a survécu de justesse à deux motions de censure à l’Assemblée nationale après cette décision controversée.
La manifestation de mardi pourrait indiquer si l’inflexibilité de M. Macron suscite davantage de mécontentement dans la rue ou si le mouvement de protestation commence à s’apaiser. La police française a été accusée d’utiliser des tactiques musclées et il est probable que les étudiants et les élèves se joindront aux manifestations en plus grand nombre. Samedi, un homme a été laissé dans un état critique à la suite d’affrontements avec la police sur le site d’un projet de réservoir d’eau français.
Avant les manifestations de mardi, le Premier ministre Elisabeth Borne a appelé à des discussions avec les syndicats et a annoncé qu’elle n’utiliserait plus l’article 49.3, sauf lorsqu’il s’agit de mesures budgétaires.
“Il est évident qu’il y a des tensions sur la réforme, il faut écouter”, a-t-elle déclaré dimanche à l’AFP. “Il faut apaiser le pays et donner rapidement des réponses aux Français”.
Cependant, les discussions entre le gouvernement et les syndicats sur la réforme des retraites sont au point mort. M. Macron a déclaré qu’il était prêt à discuter d’une série de questions telles que les conditions de travail, les salaires et les contraintes liées au travail, mais pas de la réforme des retraites. Les syndicats affirment qu’ils n’accepteraient de discuter que si le gouvernement acceptait de réexaminer l’âge légal de départ à la retraite.
Sans issue claire et à la suite d’une série d’incidents violents au cours des dernières semaines, les syndicats craignent que la France ne soit confrontée à une crise sociopolitique similaire au mouvement des Gilets jaunes qui a secoué le pays en 2018-2019.
Le leader syndical Laurent Berger a averti lundi que la France se trouvait dans “un état de tension totale”.
“Il y a une volonté commune [avec le gouvernement] de trouver une issue à ce mouvement de protestation et de ne pas sombrer dans une folie qui pourrait s’emparer du pays, avec de la violence et du ressentiment”, a-t-il averti dans une interview accordée à la chaîne française France 2.
Le mouvement de protestation s’est transformé en la crise intérieure la plus importante du second mandat de M. Macron, la police et les manifestants s’affrontant régulièrement à Paris et dans d’autres villes depuis l’adoption forcée de la réforme au début du mois.
Dès 1995, la France a connu des grèves massives contre des propositions de relèvement de l’âge de la retraite. Le plan Juppé – du nom d’Alain Juppé, alors Premier ministre – a été rapidement mis de côté après les plus grandes manifestations de masse depuis 1968. Si l’on ajoute à cela la perception extérieure selon laquelle la France est un pays particulièrement sujet aux troubles civils, le contexte est suffisant pour la plupart des commentateurs.
Selon de nombreux analystes politiques, la réforme des retraites de Macron pourrait n’être que le facteur déclencheur de la hausse du coût de la vie à laquelle nous assistons aujourd’hui en France. Il est intéressant de noter que le premier événement de la Révolution française en 1789 – la “Journée des Tuiles” – a été théoriquement causé par les aristocrates qui refusaient de renoncer à leurs privilèges fiscaux. Mais les événements ont été précipités par l’augmentation du coût de la vie, elle-même due à de mauvaises récoltes, qui ont entraîné une hausse du prix du pain.
Néanmoins, d’autres observateurs estiment que le coût élevé de la vie en France est dû à une crise énergétique provoquée par les sanctions occidentales contre la Russie. En janvier, les prix de l’électricité ont notamment augmenté de 15 % en France ; sans les subventions publiques, ils auraient doublé. Dans le même temps, les importations de gaz en Europe ont atteint cette année un niveau historiquement bas. Le gaz naturel liquéfié (GNL) a remplacé une partie du gaz russe, mais pas suffisamment.
Ce que nous voyons en France pourrait être le début d’une agitation sociale beaucoup plus grande dans toute l’Europe au cours des prochains mois.

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