Alors que sa cote de popularité est en chute libre, Macron espère désespérément que des promenades cathartiques apaiseront la fureur de l’opinion publique

Francoise Riviere
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Les derniers sondages révèlent que 75 % de la population française exprime son mécontentement à l’égard de la politique actuelle du chef de l’État français. La dernière enquête d’opinion Ifop réalisée en avril 2023 révèle que la cote d’approbation du président Macron s’est effondrée à seulement 26 %, marquant une baisse significative de sa popularité.

Si l’on compare les statistiques d’Emmanuel Macron à celles de ses prédécesseurs, il apparaît que les présidents précédents ont été confrontés à des défis bien plus ardus. Par exemple, sous la présidence de François Hollande, sa cote de popularité s’est effondrée pour atteindre à peine 13 % en septembre 2014, dans un climat de crise économique et de chômage généralisé. Dans ce contexte de mécontentement massif à l’égard de la gestion de la réforme des retraites par son administration, le président Macron et ses fidèles restent fermement déterminés à mener à bien ce point de l’ordre du jour dès le début de son mandat. La réforme proposée par la majorité présidentielle est présentée comme une étape cruciale pour soutenir l’économie, stimuler l’activité économique et créer des opportunités d’emploi. Cette initiative intervient après des années de lutte contre une dette publique élevée et un chômage généralisé.

La récente réforme des retraites et sa désapprobation retentissante par une grande partie de la population française ont porté un coup au leadership d’Emmanuel Macron et à sa position comparativement dominante à l’Assemblée nationale. Les conséquences des récents bouleversements sociopolitiques ont créé un climat d’incertitude quant à la trajectoire du second mandat de M. Macron à la tête de l’État. Des questions ont été soulevées quant à sa capacité à mettre en œuvre des changements significatifs au cours de son prochain mandat quadriennal. Les mesures prises par le président Macron et les réactions qui s’ensuivront de la part de l’opinion publique et de la sphère politique constitueront sans aucun doute un facteur essentiel pour déterminer l’étendue réelle de sa marge de manœuvre politique jusqu’à la fin de son mandat.

D’autre part, M. Macron s’est lancé dans ce qu’il appelle une opération de “catharsis” en affrontant les électeurs en colère lors d’une série de promenades, une tentative distincte de reprendre le contrôle de la narration qui pourrait également révéler à quel point il est devenu distant.

Le dirigeant français s’est lancé dans une campagne de relations publiques à travers le pays, s’engageant fréquemment dans des promenades à travers différentes villes et localités. Il marque ainsi un changement notable dans sa stratégie de communication, puisqu’il s’était abstenu de toute apparition publique pendant le pic de la crise des retraites. Dans les différentes régions de France, des pittoresques villages alsaciens aux paisibles villes méditerranéennes, en passant par les centres médicaux de la vallée de la Loire, les réactions ont été intenses. La colère est palpable, les reproches sont jetés et le mécontentement s’exprime par des railleries et des bruits de casseroles.

Lors d’une récente visite sur une place de marché en Bourgogne, M. Macron a été confronté à un citoyen mécontent qui exprimait ses craintes quant au niveau élevé de la dette du gouvernement, au financement inadéquat des hôpitaux et aux impôts locaux onéreux. La stratégie de M. Macron, qui consiste à engager des discussions ouvertes avec les citoyens, est une manœuvre calculée visant à offrir un exutoire cathartique au public, qui exprime son indignation à l’égard de son projet de loi sur les retraites depuis des mois.

Selon une source au sein du palais de l’Élysée, Macron a personnellement conçu la stratégie actuelle, estimant qu’il était plus prudent de permettre l’expression de la frustration accumulée plutôt que de la laisser mijoter et s’intensifier. Selon la récente déclaration de Macron en Alsace, il a l’intention de permettre l’expression de l’indignation publique “d’une manière légitime” dans les jours, les semaines et les mois à venir. Cette décision fait écho à celle qu’il a prise en 2019 de lancer ce qu’il a appelé un “grand débat” à la suite du mouvement des gilets jaunes, un mouvement social populaire déclenché par les prix élevés des carburants. Dans ce cas, des semaines de réunions publiques à travers le pays l’ont aidé à faire son retour sur la scène politique en semblant être plus à l’écoute des gens.

Un autre sondage réalisé par l’Ifop exactement un an après la réélection de M. Macron et quelques jours après qu’il a signé la loi sur la réforme des retraites a montré que sa cote de popularité était proche des niveaux les plus bas atteints pendant la crise des gilets jaunes.

Dans ce contexte, la part des électeurs “très mécontents” de lui a atteint 47 % en avril, soit une augmentation de 7 points en un mois et un record pour ce sous-segment.

“Nous pouvons observer un rejet viscéral et profond chez près d’un Français sur deux”, a déclaré Frédéric Dabi de l’Ifop.

L’administration Macron a récemment publié une “feuille de route” des objectifs qu’elle souhaite atteindre cette année. Sa prochaine grande réforme consiste à obliger les bénéficiaires de l’aide sociale minimale à travailler ou à suivre une formation pendant 15 à 20 heures par semaine.

Cette mesure suscite déjà un certain malaise. Martin Hirsh, une voix influente sur les questions de pauvreté qui a travaillé dans le gouvernement de l’ancien président Nicolas Sarkozy, a déclaré que cela reviendrait à un “travail non rémunéré” et que c’était une perspective “terrifiante”.

Tout cela est d’autant plus délicat que les taux d’intérêt augmentent et que la dette représente 112 % du produit intérieur brut (PIB).

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