Une réplique de l’UE contre les subventions de Biden et de l’industrie international

Francoise Riviere
7 Min Read
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Les dirigeants des neuf pays méditerranéens de l’UE (Espagne, France, Italie, Portugal, Grèce, Croatie, Slovénie, Malte et Chypre), réunis à Alicante, ont demandé une réponse commune de l’exécutif européen à l’Inflation Reduction Act (IRA) de l’administration Biden, que les Européens considèrent comme protectionniste et préjudiciable à leur industrie. Le communiqué final du sommet des pays de l’arc méditerranéen, qui représentent près de la moitié de la population et du PIB de l’UE, appelle à « une approche européenne » face à des défis tels que le projet américain, qui prévoit de mobiliser 430 milliards de dollars sur dix ans, notamment sous forme d’incitations et d’aides fiscales en faveur des énergies propres.

Les pays du Sud demandent à Bruxelles d’explorer davantage de possibilités pour « répondre aux effets négatifs des mesures protectionnistes des pays tiers et les éviter », ainsi que pour « veiller à ce que les règles de l’OMC [Organisation mondiale du commerce] » soient « respectées par tous ». En outre, ils s’engagent en faveur d’une « politique industrielle ambitieuse », visant à « renforcer l’autonomie stratégique et la compétitivité » de l’UE, en maintenant les principes d’une « économie ouverte », mais en assurant l’égalité de traitement, avec une amélioration du cadre des aides publiques aux entreprises européennes.

Le président français Emmanuel Macron a été particulièrement énergique. Il a personnellement fait part du malaise de l’Europe à Biden à la Maison Blanche le 1er janvier. Lors de l’apparition sans questions que les neuf dirigeants ont faite devant la presse, le dirigeant français a assuré qu’ils étaient tous d’accord sur la nécessité de donner « une réponse ferme » à la législation américaine. Et il a même donné une date : le premier trimestre de l’année prochaine. Macron a suggéré la possibilité d’appliquer des « exemptions » fiscales et des « mesures techniques » afin que l’industrie européenne « puisse être maintenue et que les projets en cours, comme la voiture électrique, puissent être consolidés ». « Nous voulons investir davantage et être plus compétitifs par rapport aux Américains », a-t-il déclaré.

Les dirigeants de l’Europe du Sud ont également appelé à une mise en œuvre « rapide » d’un plafonnement « temporaire et efficace » des prix du gaz sur le marché de gros, une sorte de « garantie » pour éviter les « prix excessifs » et préserver « la compétitivité industrielle et la sécurité de l’approvisionnement ». Cette mention explicite dans la déclaration commune a été renforcée par l’appel à une mise en œuvre « rapide » du mécanisme d’achat commun. Elle a également été renforcée par la série d’interventions, avec plusieurs mentions énergiques du bouchon de gaz et de la nécessité de « préserver l’égalité des conditions de concurrence ». Un message implicite aux démarches unilatérales de pays comme l’Allemagne, qui a tiré des éclats d’obus de grand calibre avec son plan d’aide aux ménages et aux entreprises : 200 milliards d’euros, près de 15 % du PIB de l’Espagne, une puissance de feu qu’aucun autre État membre ne peut même rêver d’égaler. « Nous sommes parvenus à une réelle convergence de vues sur la sécurité d’approvisionnement et la baisse des prix du gaz, avec des achats collectifs et des contrats à moyen et long terme avec des prix plus bas », a détaché Macron. « Lors de la prochaine réunion des ministres de l’énergie, nous espérons avoir un panier de mesures techniques qui nous permettront de réduire la volatilité ».

Une autre idée a plané à la fois sur le document de conclusions et sur les interventions des dirigeants méditerranéens sous une copieuse pluie de fin d’automne : contrairement au plafonnement du gaz, la proposition de la Commission européenne de réformer les règles fiscales est « un bon point de départ », selon les mots de Sánchez, « mais ce débat doit être accéléré pour parvenir à un accord au Conseil européen de mars » en 2023. « Nous devons combiner le sérieux budgétaire avec un investissement fort », a souligné Macron.

Le Slovène Robert Golob, un social libéral, et le Portugais António Costa, un socialiste, sont allés un peu plus loin : « Nous sommes tous d’accord pour exempter les investissements dans la numérisation et les énergies renouvelables. Si ce n’est pas totalement, c’est au moins partiellement », a insisté le premier. Ce dernier a appelé à « moderniser la gouvernance économique européenne » avec un « mécanisme de stabilisation des investissements, de nature permanente », a-t-il fait remarquer, en faisant référence aux fonds de relance européens. Ce point est également souligné dans le texte final du sommet, qui appelle à « prendre en compte les leçons de la réponse à la crise de covid-19 » dans la nouvelle gouvernance économique européenne, « notamment avec la création des instruments SURE et Next Generation ».

Si les conséquences économiques de la guerre en Ukraine ont dominé les discussions du sommet, personne ou presque n’a évoqué l’évolution du conflit, qui s’éternise sans perspective de cessez-le-feu. Seul le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a remplacé la Première ministre, Giorgia Meloni, qui a invoqué la grippe pour justifier son absence. Membre du parti de Silvio Berlusconi, le meilleur ami de Poutine dans l’UE, Tajani a cherché à dissiper tout doute sur la position du nouveau gouvernement de droite à Rome en s’alignant sur la position de l’OTAN. « Nous voulons la paix en Ukraine, mais il n’y a pas de paix sans justice », a-t-il déclaré.

L’absence de Meloni, partenaire de Vox et tête visible de l’extrême-droite européenne, a fait que l’image du sommet était celle de neuf hommes en costumes et cravates. La note de frivolité a été apportée par le Premier ministre croate, Andrej Plenković, qui, face aux longs et sérieux discours de ses collègues, a mis moins de 40 secondes pour passer son tour, après avoir admis qu’il n’avait pas été très attentif au déroulement du sommet. Au moment où il a commencé à parler, quelques minutes seulement s’étaient écoulées depuis que Marquinhos avait manqué le dernier penalty de la séance de tirs au but, qui donnait aux Croates la possibilité de prendre l’avantage.

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