- Ecrit par Michelle Toussaint
Les élections régionales ont lieu en France les 20 et 27 juin 2021. Les conseils régionaux de métropole et d’outre-mer, l’Assemblée de Corse, l’Assemblée de Guyane et l’Assemblée de Martinique, ils se sont tous préparés pour un mandat de six ans. Dix-huit présidences régionales sont en jeu, dont treize en métropole et en Corse, ainsi que cinq outre-mer. Bien qu’elles n’aient pas d’autonomie législative, ces collectivités territoriales gèrent des budgets importants. En raison de la pandémie de COVID-19, les élections régionales et départementales ont été reportées aux 13 et 20 juin 2021. Et à nouveau aux 20 et 27 juin 2021.
Les élections régionales françaises se sont clôturées au second tour. Le scrutin a été marqué par une abstention record de plus de 60 %. Malgré les attentes, le parti d’extrême droite de Marine Le Pen, Le Front National, et le parti d’Emanuel Macron, La République en marche, ont subi une grande défaite. Ce scrutin est censé être la répétition générale d’un nouveau duel entre l’actuel président et la présidente du Rassemblement national pour l’Elysée. Les bureaux de vote ont été ouverts ce dimanche à 8 h du matin. Mais une forte abstention autour de 66 % était enregistrée dans ce scrutin.
Une défaite pour les Marcheurs de Macron
Victoire pour la droite néo-gaulliste et déception pour le Rassemblement national et La République en marche du président Emmanuel Macron. Le résultat des élections régionales françaises a été marqué par une forte abstention. Selon les statistiques nationales, le parti de Le Pen n’obtient que 20,5 %. Une défaite pour un parti qui aujourd’hui n’a même pas obtenu assez de région. De nombreux sondages ont plutôt montré le Rassemblement National en forte progression un an après l’élection présidentielle de 2022. Le parti d’Emmanuel Macron est également déchu, s’arrêtant à 7 %. Une confirmation du manque d’ancrage local de la République en Marche. Le scrutin marque en revanche le grand retour de la droite néo-gaulliste. Avec 38 % des votants, ce parti et ses alliés apparaissent comme la première force politique de la France. En deuxième, lieu c’est l’union de la gauche et des écologistes avec 34,5 % des votants. Cependant, certains estiment que le manque d’intérêt pour le scrutin provient d’une forte déception et d’un manque de représentation dans la politique française.
Xavier Bertrand, du parti « Les Républicains », apparaît comme le grand vainqueur du scrutin, confirmant le scrutin dans la région Hauts-de-France. Il se renforce pour être candidat de droite à la présidentielle de l’an prochain. La « République en marche » du président Macron avait déjà été écartée des grandes décisions au premier tour, tandis que Le Rassemblement National de Marine Le Pen a perdu en Provence-Alpes-Côtes d’Azur, seule région où elle pouvait prétendre à la victoire.
Après les élections régionales et départementales, un scrutin à deux tours, la France est entrée d’emblée dans le débat sur la présidentielle d’avril 2022, qui sera plus compliqué que prévu, impliquant plus de candidats, parmi lesquels on compte le président Emmanuel Macron et la présidente nationaliste Marine Le Pen.
Le Pen : « La démocratie régionale souffrait d’une crise !»
À l’approche des élections, Marine Le Pen était confiante de conquérir un nombre remarquable de régions. Mais en fin de compte, elle n’a pas réussi à ce scrutin. Les plus grands espoirs du RN étaient pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui comprend Marseille et Nice, mais son candidat, Thierry Mariani, n’a réussi que 43 %, contre 57 % pour le candidat de centre droit Renaud Muselier.
Les élections étaient également la dernière chance du parti La République en marche, afin de montrer qu’ils étaient aptes au pouvoir avant le scrutin présidentiel. Mais le parti de Macron n’a pas réussi à établir aucune base locale ou régionale solide. Ce qui a enfin fini par obtenir à peine 7 % des voix. Malgré plusieurs ministres candidats aux élections, on peut le considérer comme un score désastreux pour un parti au pouvoir.
Le résultat de dimanche a été une dernière déception amère pour le RN. Un parti qui avait prédit de bons résultats dans au moins cinq régions lors du premier tour de dimanche dernier. Au final, le RN n’a réussi d’abord qu’en PACA. Par la suite, Le Pen a déclaré que la démocratie régionale souffrait d’une crise. Dans un discours après les élections, bref mais provocateur, Le Pen a ajouté que le taux d’abstention témoignait d’un « mécontentement » des électeurs qui était un « signal majeur pour toute la classe politique et la société ». L’abstention a de nouveau été un facteur majeur dans l’élection. Malgré les appels des hommes politiques et du Premier ministre Jean Castex à la participation des électeurs, près des deux tiers des électeurs français ont boudé les bureaux de vote lors des élections régionales de dimanche.
Il faut redynamiser la démocratie !
Beaucoup craignent que le faible taux de participation ne signale une crise du système démocratique français, avec une apathie électorale à un niveau record. Cette crise démocratique française est profonde. Cela démontre aussi une confusion dans la société française pour la prochaine élection présidentielle qui abordera bientôt cette question vitale. La France a fortement besoin de redynamiser la démocratie représentative, et de faciliter les procédures de vote pour favoriser la mobilisation des électeurs. Les élections présidentielles et législatives excitent généralement plus d’électeurs, mais un taux de participation plus faible que prévu, à 74,7 %, a également affecté les élections de 2017.
Cette faible performance des Français dans les élections souligne à quel point le parti de Macron n’a pas réussi à s’imposer au niveau local. La vague de « la macronie » qui l’a porté au pouvoir tourne autour de la figure du président. Les votes régionaux ont laissé Macron face à la perspective d’un chemin plus étroit vers sa réélection de l’année prochaine. C’est après que le centre droit ait organisé un retour qui a évoqué la possibilité d’une course à trois. Le conservateur Xavier Bertrand a consolidé son statut de meilleure chance du centre droit de défier Macron et Le Pen après une victoire confortable dans le nord avec plus de 25 points par rapport à l’extrême droite. Il s’est présenté comme le défenseur des Français qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Il veut devenir le plus fort rempart contre l’extrême droite.
Un programme de gauche radicale ; la seule solution pour Mélenchon
Les résultats du parti de Macron, LREM, sont une expression extrême du rejet du pouvoir établi. Si l’on tient compte de l’abstention, les 11 % de voix obtenues par LREM signifient que moins de 4 % des votants ont soutenu le parti qui occupe actuellement l’Elysée et dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale. Cette situation sans précédent décourage même les apologistes les plus endurcis de la démocratie française. Le vote pour le Rassemblement a été beaucoup plus faible que ne le prévoyaient les sondeurs. Il a obtenu 2,7 millions de voix, contre 6 millions aux élections régionales de 2015 et 7,7 millions le 23 avril 2017. Une grande partie de l’électorat qui a voté pour le RN en 2017 l’a fait par frustration face au statu quo. Cela souligne l’un des enjeux majeurs de la prochaine élection présidentielle. Le leader de gauche de France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon ne pourra pas gagner sans obtenir les voix de cette fraction de la classe ouvrière (jeunes, chômeurs et retraités) qui a voté pour le RN en 2017 ou s’est abstenue. Cependant, pour cela, FI et Mélenchon devront présenter un programme de gauche radicale, en rupture avec l’ordre établi et le système politique actuel.