Tirs de l’armée israélienne sur les Casques bleus: la diplomatie française va-t-elle fonctionner?

Francoise Riviere
14 Min Read
Israeli soldiers work on their Merkava tanks in an army deployment area near Israel's border with the Gaza Strip on July 13, 2014. Israeli strikes on Gaza killed a teenager and a woman, medics said, raising the overall death toll to 166 as the punishing air campaign entered its sixth day. AFP PHOTO / JACK GUEZ ISRAEL-PALESTINIAN-GAZA-CONFLICT

Le président français, Emmanuel Macron, a condamné vendredi les tirs de l’armée israélienne sur les Casques bleus de l’ONU dans le sud du Liban où l’armée sioniste tente depuis plus de 15 jours et par tous les moyens possibles une percée mais où elle se heurte de plein fouet à la vaillante résistance du Hezbollah. La réaction française ?  Macron a prévenu que la France « ne tolérera pas » de nouveaux tirs après ceux de ces deux derniers jours sans expliquer de quoi, une France soumise aux diktats de Washington  était réellement capable. En effet, quelques heures plus tard, l’ambassadeur d’Israël en France a été convoqué au Quai d’Orsay et depuis Chypre, le président français également réitéré son appel à « cesser les exportations d’armes » utilisées à Gaza et au Liban. Mais Emmanuel Macron qui a déclaré que c’était « l’unique levier » pour mettre fin aux conflits, a souligné noir sur blanc qu’il ne s’agissait pas de « désarmer » Israël, donnant ainsi son quitus à la campagne d’extermination de masse qu’une entité complètement déchainée est sur le point d’étendre de Gaza à Zahiya.

Emmanuel Macron avait déclaré samedi 5 octobre que les exportations d’armes vers Israël devaient cesser, afin de permettre une « issue diplomatique au conflit », alors que Paris, paralysé par des décennies de suivisme envers les Etats-Unis n’a pas les moyens de sa politique et que, dans sa foulée, les États de l’Union européenne semblent partagés, emprise sioniste oblige,  sur la conduite à tenir.

Le rapport annuel sur les exportations d’armes, présenté par le ministère français des Armées en juillet 2023, établit que depuis 10 ans, la France a vendu pour 208 millions d’euros de matériel militaire à Israël, dont 25,6 millions en 2022, auxquels s’ajoutent près de 9 millions d’euros d’autorisations d’exports d’armes de catégorie militaire ML4. Et ce sont aujourd’hui ces mêmes armements qui servent les terroristes israéliens à embraser le Sud Liban et à s’en prendre aux forces de maintien de la paix.

Tirs israéliens délibérés contre la FINUL : Paris convoque l’ambassadeur d’Israël

Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué avoir convoqué l’ambassadeur d’Israël en France, après les tirs de l’armée israélienne sur les Casques bleus de l’ONU au Liban.

Dans un communiqué rendu public vendredi, le Quai d’Orsay a annoncé que « la France condamne la poursuite des tirs israéliens délibérés contre la FINUL ».

« Ces attaques constituent des violations graves du droit international et doivent cesser immédiatement. Les autorités israéliennes doivent s’expliquer : la France convoque donc, ce jour, l’ambassadeur d’Israël en France au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères », ajoute le communiqué.

La FINUL a déclaré plus tôt vendredi que deux Casques bleus sri-lankais avaient été blessés par des tirs de l’armée israélienne près de la frontière avec Israël.

Déjà la veille, la FINUL a indiqué par voie de communiqué que l’armée israélienne avait bombardé de manière répétée son quartier général (QG) à Naqoura ainsi que plusieurs autres positions aux alentours.

Le communiqué ajoute que deux Casques bleus indonésiens ont été blessés par un tir de char Merkava de l’armée israélienne sur une tour d’observation du QG de la force onusienne à Naqoura, dans le sud du Liban.

Les tirs de l’armée israélienne sur les Casques bleus de la Finul – qui a 10 000 soldats déployés dans le sud du Liban – ont provoqué un tollé international, de nombreux pays évoquant de possibles « crimes de guerre ».

Reste à savoir si convocation d’ambassadeur et autres agissements diplomatiques suffisent réellement à arrêter la machine de crime de l’entité sans cesse huilé depuis Washington.

Le 11 août 2006, le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté à l’unanimité de ses 15 membres la résolution n° 1701, qui prévoit entre autres la cessation complète des hostilités entre le Liban et Israël, et l’établissement, entre la Ligne bleue et le fleuve Litani, d’une zone d’exclusion de tous personnels armés, biens et armes autres que ceux déployés dans la zone par le Gouvernement libanais et les forces de la FINUL. Une résolution acceptée par le Hezbollah puisqu’intimant également l’ordre à l’entité de se retirer des fermes libanaises de Chebaa et du village Qajar qu’elle occupe illégalement.

Emmanuel Macron appelle à cesser les exportations d’armes utilisées à Gaza et au Liban

Le président français, Emmanuel Macron, a estimé vendredi que cesser les exportations d’armes utilisées à Gaza et au Liban était « l’unique levier » pour mettre fin aux hostilités, tout en se gardant d’appeler à désarmer Israël.

Lors d’un sommet, à Chypre, des dirigeants des pays méditerranéens membres de l’Union européenne (Med9), le chef de l’État français a déclaré que « La France a appelé de ses vœux à cesser les exportations d’armes qui sont utilisées sur ces théâtres de guerre. D’autres dirigeants ici ont fait de même. Nous le savons tous, c’est l’unique levier qui pourra aujourd’hui y mettre un terme ».

Mais est-ce réellement un levier de pression contre un régime génocidaire qui en franchissant tous les rubicons, se comporte comme un forcené et bombarde, dévaste et pulvérise tout ce qui se trouve de villes et de localités civiles sur ces mains ? Le président français tout comme ses paires européens le savent pertinemment qu’une entité composée de « bandits » ne sauraient s’arrêter tant qu’elle aurait à sa disposition de quoi massacrer les innocents. Aussi l’appel du président Macron qui a suivi sa plaidoirie en faveur du cessez-le-feu relève d’une révoltante hypocrisie : « Ce n’est en aucun cas un appel à désarmer Israël contre les menaces qui s’exercent contre ce pays et ce peuple ami ».

En ce sens, ses timides condamnations concernant le ciblage des forces onusiennes ne fait que le ridiculiser davantage. Emmanuel Macron a  jugé « tout à fait inacceptables » les tirs de l’armée israélienne sur les Casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) dans le sud du Liban, avertissant que la France « ne tolérera pas » de nouveaux tirs après ceux des deux derniers jours » mais il n’a soufflé mot sur la manière dont il veut procéder pour mettre un terme au bain de sang sioniste contre un Liban dont la France dit être « marraine » et «  ange salvateur ».

Livraison d’armes à Israël : Emmanuel Macron sous le feu des critiques

Il en va de même pour ces autres pays occidentaux qui au lieu de rompre tout lien avec un régime usurpateur qui ne préserve même pas leurs ressortissants, se contentent de le dénoncer verbalement .Plusieurs pays contributeurs de la Finul en termes d’effectifs, avec près de 900 militaires mobilisés, ont dénoncé en effet  les tirs de l’armée israélienne sur les Casques bleus de l’ONU au Liban mais n’ont fait que décider d’organiser une rencontre la semaine prochaine avec les autres pays européens.

Mais qu’est-ce qui cloche à Paris ? En se déclarant le 5 octobre 2024 favorable à l’arrêt des livraisons d’armes à Israël, Emmanuel Macron s’est attiré les réactions de défiance dans sa majorité, auprès du Conseil représentatif des institutions juives de France, principal lobby sioniste qui préside au destin des Français. S’en est suivi le tollé du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a mis en garde l’Elysée contre toute démarche visant à donner suite à l’idée d’un embargo sur la vente d’armes à l’entité.

Dans un message posté sur le réseau social X en réaction aux propos du président, le Conseil représentatif des institutions juives de France a vivement pris à parti Emmanuel Macron déclarant notamment qu’une telle déclaration « n’est pas faire le jeu de la paix, cela revient à faire le jeu du Hamas et du Hezbollah ».

Le président français  avait en effet déclaré un peu plus tôt sur les ondes de la France Info : « La priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ». Le 5 octobre toujours, c’est à la clôture d’un sommet de la francophonie à Paris qu’Emmanuel Macron a développé cette idée : « Si on appelle à un cessez-le-feu, la cohérence, c’est de ne pas fournir les armes de la guerre ».

La réaction des lobbies sionistes ne s’est pas fait attendre.

Du côté de l’Assemblée nationale toujours, la présidente de la Chambre basse Yaël Braun-Pivet a déclaré auprès du même média : « Il ne faut pas désarmer Israël dans ces circonstances-là », car Israël «doit être en capacité de se défendre».

En amont de ses réactions, c’est une passe d’arme à distance qui a eu lieu entre le président Emmanuel Macron et le criminel Premier ministre israélien d’une part et entre Macron et les accointances sionistes en France de l’autre.

Existe-t-il des armes à usage « strictement défensif » pour Israël?

La livraison d’armes à Israël n’a pas cessé de défrayer la chronique, en France et ailleurs, notamment suite aux déclarations de Macron appelant à l’arrêt de ventes d’armes susceptibles d’être utilisées contre Gaza et affirmant que la France ne livrait que des armes à caractère « défensif », le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, précisant, de son côté, que les composantes vendues par la France à Israël étaient destinées à la « réexportation ». Une prétention qui ne convainc évidemment pas.

Le porte-parole du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a déclaré lors d’un point de presse que la France ne livre pas d’armes offensives utilisées contre les populations, et tout particulièrement contre les populations à Gaza ».

Selon Lemoine, « les livraisons que nous opérons sont limitées à des composants pour des matériels militaires, ce qui s’explique essentiellement par l’importance de l’industrie de défense israélienne ».

Il a également prétendu que ces composants sont intégrés dans des équipements ensuite réexportés ou utilisés pour des besoins « strictement défensifs », tels que le Dôme de fer, système de défense anti-aérienne d’Israël.

Cependant, une enquête des journalistes de Disclose, Ariane Lavrilleux et Arno Pedram, a révélé que la France a continué d’autoriser des exportations d’équipements militaires en 2023, notamment des pièces pour missiles et des systèmes de conduite de tir.

Ces révélations remettent en question la transparence de la politique d’exportation d’armes de la France, d’autant plus que des entreprises françaises affirment ne pas avoir de moyens de contrôler l’usage final de leurs produits. Le montant des exportations françaises vers Israël aurait d’ailleurs doublé entre 2022 et 2023, atteignant 30 millions d’euros, selon ces sources.

Reste à savoir si la diplomatie moyen-orientale de la France, que beaucoup jugent être prise en otage par les Sionistes, parviendra-t-elle à faire stopper les agressions d’Israël contre Gaza et le Liban en l’occurrence les tirs de l’armée  israélienne sur les Casques bleus de l’ONU ou si l’apathie française finira par permettre à l’entité criminelle de chasser la Finul du Liban pour la faire succéder par une force anglosaxonne, en quoi Tel-Aviv voit son ultime rempart avant sa totale perdition.

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