Les cris d’alerte et d’alarme se multiplient face au recul de la sécurité des femmes en France. Depuis quelques années, le débat sur les violences et le « sentiment d’insécurité » a pris de l’importance dans les politiques urbaines, dans les médias et dans le champ de la recherche en science politique et en sociologie. À en croire les observateurs, l’insécurité va croissant, les temps n’ont jamais été aussi peu sûrs.
La violence verbale, la violence psychologique, la violence physique, la violence sexuelle, la violence économique et patrimoniale ou encore la violence administrative sont les différentes formes des violences faites aux femmes et passibles de sanctions par la loi.
Les actes de violence à l’encontre des femmes passent pour être sévèrement répréhensibles en France. Certes, iIs donnent lieu à de fortes mobilisations, facilitées par les réseaux sociaux mais qui n’aboutissent que rarement.
En effet, malgré plusieurs dispositifs et des fonds conséquents injectés dans la lutte contre les violences faites aux femmes, ces dernières années ont marqué une augmentation significative du nombre de féminicides, ce qui met en lumière un point important : Les femmes sont les premières victimes de l’insécurité dans le berceau des droits des femmes !
Les femmes se sentent-elles en sécurité en France?
Alors que la France se veut le pays des droits de l’Homme, il semblerait que la femme elle, ait été laissée sur le bas-côté. Le sentiment d’insécurité touche de nombreuses femmes en France : 76 % d’entre elles déclarent qu’il leur arrive (parfois ou souvent) de ne pas se sentir en sécurité dans un parking seule le soir, 73% dans une rue déserte et 52 % dans les transports en commun.
En 2014, la France ratifiait la Convention européenne sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite «Convention d’Istanbul ». Où en est-on dix ans après ?
La « Convention d’Istanbul » est un instrument juridique international pour prévenir et combattre les violences sexistes et sexuelles et protéger les victimes. Dans un rapport rédigé par plusieurs associations, dont La Cimade, (à l’origine acronyme de Comité inter-mouvements auprès des évacués) on tire la sonnette d’alarme face aux nombreux manquements de la France. Ces associations dénoncent l’absence de politique globale en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et d’amélioration de la sécurité des femmes en France, et demandent que les femmes étrangères fassent partie intégrante de cette politique publique.
Le gouvernement français met en avant les réformes législatives mises en œuvre depuis 2019 qui ont fixé de grandes orientations en matière de prise en charge, de protection et d’accès à la justice des femmes victimes de violence. Et pourtant, en 2024, il est, par exemple, toujours très difficile de porter plainte pour des faits de violences, ce parcours du combattant étant encore plus complexe pour les femmes étrangères. Dans les faits, si les politiques publiques progressent et s’inspirent de la Convention d’Istanbul, dans leurs principes, leur mise en œuvre et les moyens qui y sont alloués sont toujours très insuffisants.
La Cimade et de nombreuses autres associations rappellent l’urgence de la situation sur la sécurité des femmes en France. Elles appellent le gouvernement français à placer au cœur de son agenda politique la lutte contre les violences et l’insécurité et la protection de toutes les femmes victimes.
Pourquoi n’arrive-t-on pas à faire baisser la courbe des féminicides en France?
En France, 94 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2023, soit une baisse de 20% après les 118 féminicides recensés l’année précédente, selon le gouvernement. Une méthodologie de décompte remise en cause par plusieurs collectifs féministes.
Depuis le premier janvier 2024, chacun des 164 tribunaux français et des 36 cours d’appel est doté d’un pôle spécialisé dans les violences intrafamiliales. Sous la responsabilité de magistrats coordonnateurs spécialement formés, ces pôles visent à favoriser une action coordonnée et un meilleur partage d’informations entre tous les magistrats et acteurs concernés par une même situation familiale.
Ces nouvelles dispositions interviennent alors que le gouvernement français vient de rendre public son bilan des féminicides pour 2023. Selon les chiffres des autorités, 94 femmes sont mortes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, un chiffre en baisse de 20% par rapport 2022, selon le gouvernement.
Mais face au bilan officiel du nombre de féminicides enregistrés en France, nombre de militantes réagissent sur les réseaux sociaux. Certains collectifs contestent la méthodologie du décompte des autorités, comme le collectif Nous toutes qui de son côté recense 134 féminicides commis à travers l’Hexagone au 31 décembre 2023, ce qui en dit long sur la dégradation de la sécurité des femmes en France.
Les féminicides ne sont que la « partie émergée de l’iceberg » des violences intrafamiliales, relèvent les féministes. Les enfants co-victimes des violences conjugales ne sont toujours pas suffisamment pris en compte. « Les droits de visite et d’hébergement sont maintenus pour le mari violent : la mère doit rester en contact pour lui remettre les enfants et ne peut lui dissimuler son adresse », déclare l’experte féministe, Françoise Brié.
Sécurité des femmes : les moyens juridiques inefficaces
La sécurité des femmes en France n’est pas encore perçue comme un enjeu de sécurité publique par le ministère de l’Intérieur. Quand on parle de sécurité dans le débat politique, en général, on nous parle de lutte contre les attentats, la petite délinquance, la toxicomanie, mais la lutte contre les violences faites aux femmes et la maltraitance faite aux enfants sont considérées comme un enjeu privé. Il y a donc de ce fait une formation des agents et de police qui est très insuffisante et ils passent à côté de situations graves.
Grande cause des deux quinquennats d’Emmanuel Macron, la lutte contre les violences faites aux femmes peine à porter ses fruits. Les violences ne reculent pas, mais c’est sans vergogne que le Président continue de se vautrer dans son insuffisance. Emmanuel Macron a énuméré les actions déjà mises en place, dont l’élargissement des horaires du 3919, mise en place d’une plateforme numérique d’accompagnement, la facilitation du dépôt de plainte, l’augmentation du nombre d’enquêteurs dédiés, le déploiement de téléphones « grave danger » et de bracelets « danger immédiat », mais aussi la création de places d’hébergement d’urgence.
Si la production législative est féconde, les associations féministes et certains élus regrettent « cette succession de lois partielles » au détriment d’une loi-cadre sur le sujet des violences faites aux femmes. A l’époque, plusieurs faits divers particulièrement médiatisés vont aussi démontrer des défaillances dans l’application sur le terrain des mesures votées, et ce, malgré des moyens en hausse, notamment pour généraliser l’utilisation du millier de bracelets anti-rapprochement.
Cela prouve que malgré sa position de puissance mondiale, la France laisse encore une marge de progression trop faible à la sécurité des femmes, ainsi qu’une place aux postes décisionnels trop effacée. Malgré plusieurs lois abrogées ces dernières années, les entreprises ou instances politiques ne jouent pas forcément toutes le jeu de l’égalité entre hommes et femmes, que ce soit en matière de positionnement sur les postes clefs ou de rémunération. Des réalités qui tendent à fragiliser la position des femmes dans la société et à rendre leur existence moins sécuritaire à de nombreux égards.