Sanctions contre l’Iran : les Européens en désaccord

Francoise Riviere
11 Min Read

Introduction

La France et l’Allemagne veulent des sanctions contre l’Iran pour avoir prétendument aidé ses alliés régionaux, soit baliser le terrain à ce que la mer Rouge devenue inatteignable à l’axe Israël-Anglo-saxons grâce aux efforts yéménites  soit déverrouillée à nouveau, mais l’Europe craint que toute tentative en ce sens finisse par saper la diplomatie.

En effet, l’Union européenne se méfie de toute initiative franco-allemande visant à imposer des sanctions à l’Iran pour sa fourniture présumée de missiles et d’autres matériels militaires à ses alliés régionaux mais aussi à la Russie, de hauts responsables de l’UE sont convaincus que de nouvelles sanctions pourraient nuire à la diplomatie avec Téhéran.

Ces dissensions sont révélées au grand jour alors que les dirigeants occidentaux non seulement ont adopté une politique de deux poids deux mesures complicité à l’égard des évolutions à Gaza et en Ukraine, mais encore, ils se sont rendus complices des crimes de guerre d’Israël, en lui fournissant des armes et des aides financières.

Sanctions anti-iraniennes : une tentative franco-allemande qui fait la polémique

La France, l’Allemagne, les Pays-Bas et cinq autres pays de l’UE ont écrit le mois dernier au chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, affirmant que l’Union européenne devrait adopter un régime de sanctions contre l’Iran, qui leur permettrait de cibler « les alliés de l’Iran » que l’Union accuse, dans le sillage de Washington,  d’avoir été armés, financés, conseillés et instruits » par Téhéran, accusation qui vise évidemment à justifier la défaite militaire absolue de Washington face aux forces de la résistance yéménite en mer Rouge et dans le détroit de Bab el-Mandeb.

La réponse de Borell aura été celle-ci : ne le faites pas pour le moment. Mais pourquoi cette désapprobation alors même que l’Europe agit en fantassin de Washington partout dans le monde, y compris au Moyen Orient ? La réalité est que militairement parlant, les Occidentaux sont dans l’incapacité de changer la donne en leur faveur dans la région d’où leur recours à l’arme désuète des sanctions contre l’Iran et ses alliés.

Un responsable de l’administration Biden a déclaré en effet qu’ils informé l’UE qu’ils soutenaient une pression croissante sur Téhéran au « moyen de sanctions » sur  les supposés transferts de missiles et d’équipements militaires par l’Iran aux groupes régionaux ainsi qu’à la Russie, quelques jours après que l’Europe et les États-Unis se sont engagés à imposer rapidement et conjointement de nouvelles sanctions significatives à Téhéran si ce dernier livre des missiles balistiques à la Russie. Les responsables occidentaux ont pourtant déclaré qu’ils n’avaient aucune preuve que Téhéran avait encore livré les missiles, mais qu’ils s’attendaient à ce qu’il le fasse.

C’est sur base d’accusation non prouvées que les responsables américains menacent de sanctionner et vont même jusqu’à vouloir   adopter des mesures visant à empêcher la compagnie aérienne nationale iranienne, Iran Air, de desservir l’Europe. Mais cette approche n’est plus sans risque dans la mesure où les tensions Occident/ résistance tend à toucher le point de non retour.

Cependant, des responsables européens à Bruxelles ont déclaré aux États membres que prendre des mesures contre l’Iran en raison de son soutien présumé à ses alliés du Moyen-Orient pourrait aggraver les tensions dans la région et saper la diplomatie nucléaire, signe que la partie occidentale juge « nulles » ses chances de succès en cas d’une escalade des confrontations.

Le renforcement de la coopération militaire irano-russe, le cauchemar de l’Occident

Et pourtant les pays du G7 se sont permis de mettre en garde dernièrement l’Iran contre ce qu’ils continuent de qualifier ad nauseam de livraison de missiles balistiques à la Russie, laquelle livraison, disent-ils, entraînerait de « nouvelles sanctions importantes » contre Téhéran, selon un communiqué commun.

« Si l’Iran commençait à livrer des missiles balistiques ou des technologies associées à la Russie, nous serions prêts à répondre de manière rapide et coordonnée, y compris avec de nouvelles sanctions importantes », avertissent les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Japon.

Les Etats-Unis ne peuvent pas confirmer pour l’heure que des livraisons de missiles balistiques ont déjà eu lieu, mais un haut responsable de la Maison Blanche a estimé qu’il y avait « un risque réel que cela se produise ».

Mais pourquoi Washington et sbires européens s’inquiètent-ils autant ces dernières semaines d’une intensification de la coopération militaire entre la Russie et l’Iran ?

Ayant lamentablement perdu l’épreuve de force balistique en mer Rouge face aux résistants yéménites, les Occidentaux ont peur de l’apparition des missiles tactiques iraniens sur le front en Ukraine dans la mesure où « chaque jour les lignes de front ukrainiennes deviennent plus vulnérables ». En ce sens le blocage de la reprise d’une aide militaire américaine de grande ampleur par le Congrès apparait un prétexte pour cacher l’ampleur de l’appréhension des Atlantistes de voir leur technologie militaire perdre la bataille face aux Fateh-110 ou encore Dezfoul ( missiles iraniens) comme elle a été vaincue par le drone Geran russe ( Shahed-136)

Selon de nombreux observateurs, pour les États-Unis et leurs alliés, c’est un cauchemar car un axe anti-occidental croissant peut aider les adversaires à échapper aux sanctions, à gagner des guerres et à mobiliser d’autres acteurs dans ce qui est communément appelé l’axe de la Résistance et qui n’a rien des alliances façonnées par les Occidentaux où Américains se comportent en maitres absolus et Européens en subalternes.

Les factions de la résistance dans la région ne reçoivent pas d’ordres de Téhéran

Bien au contraires de ce qu’elle signifie pour les Américains, l’alliance de l’Iran avec ses alliés régionaux tourne autour de la foi dans la nécessité de l’émergence d’un ordre international équitable. L’Iran ne dispose pas de force par procuration dans la région et  les groupes de résistance agissent contre les occupants américains ou le régime israélien sur la base de la ferme conviction que le Moyen Orient appartient à ses peuples et non pas à des puissances extrarégionales fantoches.

« L’Iran n’a aucune force par procuration dans la région, et c’est le régime américain qui utilise le régime sioniste comme force par procuration pour réaliser ses objectifs et garantir ses intérêts illégitimes», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani.

Tout ceci a mené des responsables européens à Bruxelles à déclarer imprudentes les sanctions contre l’Iran parce qu’il soutient des groupes de résistance dans la région car pouvant intensifier les tensions dans la région et affaiblir la diplomatie nucléaire.

Dans une lettre adressée la semaine dernière aux huit États membres de l’UE, Borrell a prévenu que leur proposition de cibler les activités régionales de l’Iran «confondrait les deux théâtres » de la Russie et du Moyen-Orient, « ce qui pourrait avoir des conséquences potentiellement inattendues ».

Le haut responsable européen a poursuivi: « Une évaluation minutieuse de l’impact potentiel de nouvelles mesures est essentielle pour éviter que l’UE ne soit considérée comme un agent d’escalade ou ne mette en péril d’autres objectifs politiques, tels que la limitation du programme nucléaire iranien. »

Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre, les régimes occidentaux se sont engagés auprès d’Israël pour éviter son naufrage. Mais la résistance a indiqué que les tensions dans la région, notamment dans la mer Rouge et dans le nord de la Palestine occupée, ne diminueront tant que les crimes de guerre du régime sioniste contre le peuple palestinien perdureront.

Génocide israélien à Gaza et silence assourdissant de l’Europe

L’Union européenne tient une position unique de complicité avec les crimes de guerre d’Israël et ses violations des droits humains. Outre le silence et l’apathie devant la « la guerre génocidaire » menée contre les Palestiniens, Israël et ses institutions sont les bienvenus dans la plupart des pays européens, accueillis avec chaleur et générosité dans tous les domaines, économique, culturel, académique, sportif…

Alors que des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer le génocide en cours à Gaza, le silence des États européens est assourdissant. Ces derniers ont pourtant l’obligation de prévenir, par tous les moyens possibles en leur possession, la survenance d’un tel crime.

L’ampleur de l’obligation d’agir dépendra toutefois de la capacité d’influence des États sur la situation. Les États membres de l’UE apparaissent bien en position d’influencer Israël, notamment en prenant des sanctions et en interdisant le transfert ou le transit d’armes sur leurs territoires.

On cherchera en vain une telle réaction appropriée de leur part. Au contraire, plusieurs dirigeants européens ont ouvertement soutenu Israël et continuent à le soutenir malgré l’explosion de la violence à Gaza et dans le reste des territoires palestiniens occupés.

Ainsi, les gouvernements occidentaux pratiquent la politique des doubles standards dans la gestion des conflits internationaux, une attitude qui se manifeste dans le conflit israélo-palestinien et qui représente une menace pour les droits humains.

Autrement dit, il s’agit de la politique constante des pays européens : les « deux poids-deux mesures », les « doubles standards », « l’hypocrisie » de l’Ouest qui reproche au Sud le fait de vouloir se défendre face à l’agression étrangère et qui voudrait, dans le cadre de cette politique, imposer des sanctions contre l’Iran.

 

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