Réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Liban : quelle marge de manœuvre pour la France?

Francoise Riviere
12 Min Read

Lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Liban, convoquée à la demande de la France, son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dévoilé que Paris travaillait avec son partenaire américain en vue d’un cessez-le-feu temporaire de 21 jours entre Israël et le Hezbollah afin d’éviter une situation hors de contrôle, une situation hors de contrôle qui est déjà là avec depuis quelques heures des vagues successives de bombardements sauvages sionistes contre les zones civiles de Zahiya, banlieue chiite sud de Beyrouth.

L’escalade militaire entre le régime aux abois de Tel-Aviv et le Hezbollah s’est accélérée ces derniers jours, le régime sioniste et son soutien américains comprenant parfaitement que l’enlisement mortel à Gaza ne prendrait pas fin si le puissant Hezbollah continue ses frappes contre l’entité sioniste.

Alors que les échanges de tirs entre les deux camps se multiplient et que la Résistance libanaise s’en prend avec une précision inouïe aux aéroports, aux bases et aux entrepôts d’armes du régime sionistes, le front de la guerre perdue d’Israël à Gaza se déplace vers le Liban, tuant de nombreux civils, et faisant peser le risque d’un embrasement régional.

La France qui se dit historiquement liée au Liban, se trouve une nouvelle fois en difficile posture, cherchant à respecter scrupuleusement les ordres de Washington tout en prétendant vouloir éviter une extension du conflit qui aura évidemment des répercussions désastreuses pour la stabilité régionale et internationale.

Reste à savoir quelles sont les marges de manœuvres d’une France qui, faute d’indépendance politique et diplomatique, a complétement perdu la voix au Moyen-Orient et qui ne veut ni ou ne peut jouer un rôle efficace au sein de l’instance exécutive de l’ONU en vue de faire cesser les agressions sionistes.

Le Conseil de sécurité tient une réunion d’urgence sur le Liban

Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Liban a eu lieu mercredi, à la demande de la France, la deuxième du genre en rapport avec la détérioration de la situation dans le pays en moins d’une semaine. Une autre devrait avoir lieu après le larguage ce vendredi soir 27 septembre des bombes anti-bunker sur des immeubles suivis des bombardements fous contre les zones civiles.

Lors de la réunion de mercredi, le chef de la diplomatie française a insisté sur le fait que la guerre entre Israël et le Hezbollah n’était « pas inéluctable » et exhorté tous les acteurs à s’engager pour une résolution pacifique du conflit comme pour se porter en caisse de résonnance des menaces de guerre que formulent depuis une vingtaine de jours l’entité et ses protecteurs US dans la foulée de l’affaire des bipeurs.

« Ces derniers jours, nous avons travaillé avec le partenaire américain à une plateforme de cessez-le-feu temporaire de 21 jours pour permettre les négociations», a d’ailleurs annoncé Jean-Noël Barrot à New York sans craindre de se ridiculiser auprès d’une opinion publique qui ne se laisse pas évidemment berner par la rhétorique pseudo pacifique du pompier pyromane américain.

Parallèlement à la réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Liban, le Conseil de la Ligue arabe, autre instance parfaitement stérile qui assiste depuis un an en témoin chagrin au génocide en cours à Gaza, s’est réunie au niveau des ministres des Affaires étrangères, pour mettre en garde contre les répercussions d’une escalade de  l’agression israélienne  contre le pays du Cèdres et ce, à la lumière des récents développements, qui pourraient conduire au déclenchement d’une guerre régionale de grande ampleur et menacer la sécurité et la stabilité de toute la région.

Israël a déclaré mercredi qu’il préparait ses troupes à une éventuelle incursion terrestre au Liban, demandant à ses soi-disant soldats parfaitement défaits face au Hamas et à la Résistance palestinienne de se préparer à s’attaquer au Liban, tandis qu’il appelait davantage de réservistes et tout ceci, sur fond d’agissements des dirigeants occidentaux qui feignent vouloir empêcher une guerre de grande ampleur contre le Liban tout en poussant le chien enragé sioniste à en allumer la mèche.

Lundi et mardi, Israël a lancé ses  attaques  sur le Liban pour la première fois depuis 2006, faisant plus de 550 morts et plus de 1.800 blessés dans le pays. Le ministre libanais de l’Environnement, Nasser Yassine, a déclaré que les bombardements israéliens avaient entraîné le déplacement de plus de 150.000 habitants au cours des 72 dernières heures. Depuis quelques heures, le régime terroriste a largué des dizaines de bombes sur Zahiya sous prétexte d’avoir à détruire des entrepôts de missiles de la Résistance qui, prétention éminemment ridicule, se seraient cachés dans les quartiers civiles du sud Liban.

Cette fuite en avant d’Israël qui au bout de 12 mois d’une guerre totale contre Gaza y a mordu la poussière ne peut que provoquer un conflit à grande échelle, la Résistance ne restant pas les bras croisés.

Au Liban, la marge de manœuvre limitée de l’émissaire spécial de Macron

Avant la réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Liban, Jean-Yves Le Drian, envoyé spécial français pour le Liban, est arrivé à Beyrouth lundi 23 septembre en fin d’après-midi. Pour faire quoi exactement ? Mettre en garde le Liban agressé, façon de faciliter la tache à l’agresseur sioniste ! L’arrivée de Le Drian à Beyrouth que ce dernier a placée sous le signe d’une soi-disant  médiation en faveur de la désignation d’un nouveau président, a surtout servi de prélude à la campagne d’agression sioniste qui fort du soutien US  frappe depuis quelques heures le sud Liban.

Le déplacement de l’émissaire français au Liban, prévu depuis plusieurs semaines  a donc échoué marquant un nouvel échec de la politique moyen orientale de l’Elysée. Et concernant le dossier de la présidence libanaise Le Drian a-t-il été un succès ? La réponse est négative. Désigné représentant spécial du Président pour le Liban, à l’été 2023, l’ancien chef de la diplomatie,  n’a d’ailleurs abouti à aucun résultat sur le plan politique en cinq visites, et son dernier déplacement lequel a donné lieu à une rencontre avec le Premier ministre, Nagib Mikati, et Nabih Berri, président du Parlement et allié du Hezbollah, n’a pas fait exception à la règle.

Ceux avec qui il s’est entretenu mardi ont unanimement déclaré qu’il s’était contenté de les exhorter à élire un président dans les plus brefs délais, en raison de l’importance de cette démarche à l’heure où le Liban est confronté à une escalade militaire de l’entité israélienne.

De mêmes sources, on indique que M. Le Drian, qui ne s’oppose pas à la voie proposée par le parti fascisant des Forces libanaises, n’a pas obtenu le feu vert de Nabih Berry, ce dernier ayant refusé que la France s’ingère dans les affaires intérieures libanaises au lieu de s’y entremettre.

Selon ces sources, certains ambassadeurs du Quintette misaient sur la visite de Jean-Yves Le Drian pour imposer leurs points de vue  au niveau de la présidentielle. Mais des parties libanaises proches ou alliés de la Résistance ont contrecarré cette volonté, malgré les nombreux menaces qu’elles ont reçus, selon lesquels l’élection d’un président de la République devait avoir lieu dans les plus brefs délais, même en pleine guerre.

Emmanuel Macron, artisan de la paix ou partisan du génocide ?

À la tribune de l’ONU et lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Liban, le président français et son chef de la diplomatie se sont tenus à suivre à la lettre les directives de Washington en condamnant Gaza et la Résistance et  palestinienne et libanaise en prétendant sans craindre de se ridiculiser qu’Israël « avait le droit de se défendre après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël ».

Mais l’opinion française étant clairement hostile à cette lecture raciste et défigurée de la réalité, Macron a aussi souligné que « trop d’innocents sont morts » dans les représailles israéliennes, et que c’était « un scandale pour l’humanité », « une source dangereuse de haine, de ressentiment qui menace et qui menacera la sécurité de tous ».

Quant à la situation au Liban, Macron a déclaré qu’ « il ne peut pas y avoir, il ne doit pas y avoir de guerre au Liban », prétendant que la France avait des liens historiques avec ce pays et, avant la récente flambée, avait travaillé pendant des mois sur des propositions pour réduire les tensions entre les deux parties.

« Nous appelons avec force Israël à cesser l’escalade au Liban et le Hezbollah à cesser les tirs », a-t-il ajouté, estimant qu’Israël ne pouvait pas « sans conséquence étendre ses opérations au Liban ».

Or, Emmanuel Macron paraît affaibli non pas seulement par des semaines de crise politique dans une France qui a certes un gouvernement, mais qui est, à la merci d’une motion de censure mais encore par un suivisme envers les Etats et les lobbies sionistes qui les dirigent.

La France est en perte d’influence, chassée du Sahel, et peine à refonder sa relation avec l’Afrique, qui était un pilier de sa diplomatie. Au Moyen-Orient, elle n’est plus l’interlocutrice privilégiée ni des pays arabes ni d’autres pays de la région . En Europe, son leadership aux côtés de l’Allemagne est contesté, faute d’avoir pris la mesure de la puissance russe dès le début de la guerre en Ukraine.

Un tableau sombre d’un effacement de la France qu’Emmanuel Macron entend bien contredire. Il va multiplier les entretiens pour, assure l’Élysée, recréer du lien, des points de convergence dans un monde fracturé. La semaine dernière, il promettait un « chemin diplomatique » aux Libanais frappés par l’entité israélienne. Ce week-end, le président français appelait à « repenser les relations avec la Russie » et plaidait pour « un nouvel ordre international ». En convoquant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Liban et en s’exprimant à la tribune de l’ONU, les locataires de l’Elysée et du Quai d’Orsay tentent de montrer que la France peut encore exister sans succès.

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