Technologie sans sécurité : La recrudescence de crimes crypto-physiques en France

Violence numérique, menace réelle : quand les cryptomonnaies deviennent un terrain d’agression physique.

Redacteur en chef
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L’émergence inquiétante des crimes crypto-physiques : une violence ciblant les détenteurs de cryptomonnaies en France, au-delà du virtuel.

Depuis janvier 2025, la France est confrontée à une vague de violences inédites : les agressions dites « crypto-physiques » se multiplient sur l’ensemble du territoire. Elles visent directement des entrepreneurs, leurs proches, et des figures publiques, souvent dans l’intimité de leur domicile. L’un des cas les plus médiatisés reste l’enlèvement du père d’un entrepreneur, auquel les ravisseurs ont sectionné un doigt pour forcer la remise de ses accès numériques. Ces attaques, surnommées « à la clé », visent un objectif clair : s’emparer des portefeuilles physiques de cryptomonnaies. La recrudescence de crimes crypto-physiques s’impose ainsi comme une nouvelle forme de violence ciblée, révélatrice d’un basculement inquiétant du cyberespace vers la sphère domestique.

 

Retour historique sur l’aveuglement des autorités

 

Les chiffres traduisent cette escalade. En 2023, on comptait 24 agressions physiques ciblant des détenteurs de cryptomonnaies. Ce chiffre est monté à 35 en 2024. Avant même l’été 2025, 29 cas sont déjà recensés. Jameson Lopp, cofondateur de Casa, tient à jour une base de données rigoureuse sur GitHub, listant les cas documentés dans le monde. Pourtant, selon l’Université de Cambridge, nombre de victimes ne signalent pas leur agression, par crainte de représailles. La recrudescence de crimes crypto-physiques résulte en grande partie de l’aveuglement prolongé des autorités, qui ont tardé à reconnaître la gravité de ce phénomène émergent.

 

Des cas concrets révélateurs d’un effondrement sécuritaire

 

Les événements récents montrent l’ampleur de la menace. Le 3 mai, la police libérait un homme séquestré dans une résidence après qu’une rançon de sept millions d’euros a été exigée. Dix jours plus tard, la fille et la petite-fille de Pierre Noizat, PDG de Paymium, échappaient de justesse à une tentative d’enlèvement. Le 26 mai, plus d’une douzaine de suspects sont arrêtés à Paris pour des faits similaires. Le 4 juin, le présumé cerveau de ce réseau est capturé au Maroc, confirmant la dimension transnationale du phénomène. Même des personnalités du monde numérique, comme le streamer Armorant, ont été séquestrées à domicile sous la menace d’armes à feu. La recrudescence de crimes crypto-physiques révèle désormais un système structuré, bien au-delà d’une série d’événements isolés.

 

Le fantasme de l’intraçabilité : moteur des violences

 

À la racine de cette vague criminelle, un mythe persiste. Selon Jonathan Levine, PDG de Chainalysis, les agresseurs continuent de croire à l’intraçabilité des cryptomonnaies. Cette illusion alimente un sentiment d’impunité qui radicalise les méthodes utilisées. Les attaques ciblent non pas les systèmes informatiques, mais les détenteurs de portefeuilles physiques — souvent mal protégés. Nick Percoco, directeur de la sécurité chez Kraken, insiste sur la faiblesse de la culture de protection des utilisateurs. En l’absence d’éducation et de prévention sur les risques physiques liés aux actifs numériques, tout l’écosystème demeure vulnérable. La recrudescence de crimes crypto-physiques trouve ainsi son origine dans une désinformation stratégique largement exploitée par les criminels.

 

Une réponse politique limitée à la communication

 

Face à cette réalité, la réponse des pouvoirs publics demeure dérisoire. En mai 2025, le ministre de l’Intérieur Bruno Retaillo s’est contenté d’une réunion de crise, sans qu’aucune réforme concrète n’en découle. À ce jour, aucun plan de sécurité nationale, qu’il soit numérique ou physique, n’a été présenté. La législation permet certes des gardes à vue prolongées jusqu’à 96 heures, mais cela reste largement insuffisant face à des réseaux structurés. France 24 rapporte d’ailleurs que le nombre d’arrestations reste inconnu, ce qui illustre un manque criant de transparence. Quant aux victimes, elles ne bénéficient d’aucune mesure de protection spécifique. La recrudescence de crimes crypto-physiques est aggravée par l’inaction manifeste de l’appareil républicain.

 

Pour une refondation immédiate des doctrines sécuritaires

 

L’État doit désormais reconnaître son retard dans l’anticipation de cette mutation du crime technologique vers la violence physique. Il est urgent de créer un statut légal spécifique pour les détenteurs de cryptomonnaies exposés. Les forces de l’ordre doivent être formées à la compréhension des schémas comportementaux propres à ces nouvelles formes d’agression. Des partenariats public-privé, avec des plateformes comme Paymium ou Kraken, constitueraient une réponse pragmatique. Il faut également renforcer la vigilance médiatique et académique pour faire pression sur les autorités et rompre le silence institutionnel. La recrudescence de crimes crypto-physiques appelle ainsi une refonte profonde et structurée des doctrines sécuritaires.

 

Conclusion

 

La cryptomonnaie n’est pas qu’un outil financier : elle reconfigure en profondeur notre rapport à la violence, à la sécurité et au droit. Fascinée par la promesse technologique, la France a négligé les conséquences humaines de cette révolution numérique. Pendant que les criminels exploitent les failles de notre modèle sécuritaire, les victimes, elles, restent sans protection, livrées à elles-mêmes. La recrudescence de crimes crypto-physiques est le symptôme tangible d’un État impuissant face aux transformations profondes du risque contemporain.

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