Projet de transport de gaz de l’Allemagne vers l’Espagne ; L’opposition française en raison des préoccupations environnementales

Francoise Riviere
8 Min Read

Il y a quelques jours, l’Espagne a célébré le soutien retentissant du chancelier allemand Olaf Scholz à la construction d’un gazoduc entre la péninsule ibérique et l’Europe centrale via la France. Le président français Emmanuel Macron a jeté de l’eau froide sur le projet. Son gouvernement fait appel à l’efficacité et à l’environnement pour soulever des objections sérieuses au projet actuellement le plus proche pour relier les deux côtés des Pyrénées : le Midcat, qui passe par la Catalogne et a été paralysé en 2019 après que Paris et Madrid l’ont jugé économiquement non viable. Cependant, en pleine crise énergétique, l’Allemagne et l’Espagne font tout pour le relancer, une position que ne partage pas la France.

Dans un courriel, le ministère français de la Transition énergétique, dirigé par Agnès Pannier-Runacher, fait valoir : « Un tel projet mettrait de toute façon de nombreuses années à être opérationnel (les études et les travaux pour ce type d’infrastructure prennent toujours de nombreuses années) et ne répondrait donc pas à la crise actuelle ». En d’autres termes, étant donné le changement de paradigme provoqué par l’invasion russe de l’Ukraine et les pénuries d’énergie de l’hiver à venir, le Midcat serait peu utile, selon cet argument, car il n’arriverait pas à temps. L’alternative, selon Paris, serait de construire des terminaux pour les méthaniers en provenance des pays du Golfe Persique ou des Etats-Unis. L’avantage, selon la même source, est que les terminaux méthaniers nécessitent « des investissements plus petits et plus rapides ».

Le ministère a un deuxième argument pour refroidir le projet Midcat : la construction d’un nouveau gazoduc compromettrait les objectifs communs en matière de changement climatique. Avant de se lancer dans la construction de nouveaux gazoducs, lit-on dans le message, il faut aussi intégrer les enjeux climatiques, car notre objectif est de nous passer des énergies fossiles d’ici 2050. Il ajoute : « Pour relever à la fois le défi énergétique actuel et le défi climatique, nous devrons réduire notre consommation de gaz et accélérer le développement des énergies sans carbone ». Le ministère rejette, « à ce stade », la possibilité d’adapter les pipelines tels que le Midcat pour transporter l’hydrogène, qui est plus propre que le gaz, à l’avenir, arguant que « les incertitudes sont très élevées concernant les capacités de production et de consommation ».

Le chancelier Scholz, à la tête d’une économie plus dépendante que celle de la France du gaz russe et qui a désespérément besoin de sources alternatives, a défendu le gazoduc Espagne-France le 11 août lors d’une conférence de presse à Berlin. « J’ai proposé que ce projet soit discuté avec mes homologues espagnols et portugais », a-t-elle déclaré, « mais aussi dans le cadre de discussions avec le président français, Emmanuel Macron, et avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen ». Peu après, la troisième vice-présidente espagnole, Teresa Ribera, a relevé le gant et déclaré que la section espagnole de l’infrastructure pourrait être prête « dans huit ou neuf mois ». Interrogée sur la réponse glaciale du gouvernement français, Ribera a déclaré qu’elle n’en avait pas connaissance et a souligné que le pays voisin « est bien placé pour comprendre que la construction de l’Europe passe par un engagement commun en faveur des infrastructures ».

Macron n’a pas fait de déclaration publique sur Midcat, et l’Élysée a renvoyé, en réponse aux journalistes, au ministère de la Transition énergétique. « Il s’agit de décisions qui concernent tous les États membres, c’est pourquoi le dialogue est essentiel dans les projets de ce type », indique le ministère. Plus loin, après avoir énuméré les objections, il ajoute : « Tous ces éléments doivent faire l’objet d’un dialogue entre les États membres concernés afin de tenir compte à la fois des enjeux et de ce qui est essentiel en termes de solidarité européenne et de nos objectifs climatiques ». La réponse française à l’initiative espagnole et allemande n’est pas clairement un non, mais cela y ressemble.

A l’heure où le continent cherche de nouvelles sources d’énergie pour contrer sa dépendance à l’égard de la Russie, Scholz a regretté que les connexions avec la péninsule ibérique n’aient pas été renforcées plus tôt. « Cela aurait été, a-t-il dit, une contribution massive à l’allègement et à la détente de la situation » de l’approvisionnement en gaz, que l’Allemagne a reçu principalement de la Russie ces dernières années.

Ce projet auquel Scholz a fait référence est le gazoduc Midcat, qui doit relier l’Espagne à la France via la Catalogne et qui permettrait de doubler la capacité actuelle de transport de gaz entre les deux pays. Le Midcat est paralysé depuis des années en raison de ses coûts élevés et du faible prix des approvisionnements russes. Il reste 226 kilomètres de gazoduc à construire entre la ville catalane d’Hostalric et la ville française de Barbaira, et l’Espagne demande à l’UE d’en couvrir les coûts. Olaf Scholz a également déclaré que l’Europe manquait « cruellement » d’une telle interconnexion via la France, qui permettrait, selon lui, de soulager et de faciliter l’approvisionnement en gaz.

Ce projet de gazoduc entre la région de Catalogne, au nord-est de l’Espagne, et le sud-est de la France a été lancé en 2013, puis abandonné faute d’accord sur le financement et de réel soutien de la France. Olaf Scholz a déclaré qu’il était en pourparlers avec l’Espagne, le Portugal, la France et la Commission européenne au sujet d’un nouveau projet, qui, selon lui, « ce projet contribuerait massivement à soulager et à faciliter la situation de l’approvisionnement en gaz en Europe ».

Cette nouvelle connexion gazière potentielle entre l’Espagne et la France pourrait être prête à fonctionner dans moins d’un an, si la France et d’autres pays européens acceptent le projet. L’Union européenne s’efforce de se sevrer du gaz naturel russe après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ce qui met en évidence de nouveaux projets d’interconnexion. Le chancelier allemand Olaf Scholz a fait pression en faveur de la construction d’un gazoduc reliant le Portugal à l’Europe centrale via l’Espagne et la France, jusqu’à ce qu’il puisse faire un pas positif vers la hausse de l’inflation de la zone Euro, bien que le projet ait suscité une opposition farouche de la part des écologistes.

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