Pourquoi la France appelle-t-elle à une cessation urgente de la guerre à Gaza?

Francoise Riviere
11 Min Read

En France, le massacre des Palestiniens par l’entité israélienne met le gouvernement Macron mal à l’aise. La position officielle de la France illustre ce malaise. Sur le plan humanitaire, elle est explicite. La France appelle, après bien des atermoiements, à une cessation immédiate des hostilités, qui pourrait conduire à un cessez-le-feu. Elle soutient l’aide aux civils palestiniens. Mais sur le plan politique, elle s’abstient de condamner la stratégie israélienne, à l’instar d’autres pays occidentaux. Le président Macron prétend qu’il veut « tenir l’unité du pays » car en France, deux lignes s’opposent. La gauche condamne la politique de Benjamin Netanyahu, alors que la droite et l’extrême-droite, à quelques nuances près, soutiennent la riposte criminelle israélienne, malgré le bilan sans précédent des victimes palestiniennes.
La cheffe de la diplomatie française demande une trêve « immédiate et durable » à Gaza
La position de la France est apparue aux yeux des opinions publiques arabes comme étant un soutien inconditionnel à Israël, en dépit du bilan humain horrible à Gaza, et de l’avancée inexorable des colons en Cisjordanie occupée, où ils continuent de chasser les Palestiniens de leurs terres.
Dans ce contexte, la ministre française des AE demande une trêve « immédiate et durable » à Gaza. La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, était en visite en Palestine occupée dimanche 17 décembre, au lendemain de la mort d’un agent français dans un bombardement israélien sur la bande de Gaza.
Paris est préoccupé « au plus haut point » par la situation à Gaza et appelle à une « nouvelle trêve immédiate et durable », a déclaré Catherine Colonna à l’issue d’un entretien avec Eli Cohen dès sa sortie d’avion à Tel-Aviv.
Dans son communiqué, la diplomatie française indiquait exiger « que toute la lumière soit faite par les autorités israéliennes sur les circonstances de ce bombardement, dans les plus brefs délais ».
Mais cette réaction a été jugée beaucoup trop légère par de nombreux observateurs et suscite l’indignation de plusieurs députés de gauche qui accusent notamment la France de ne pas avoir fait le nécessaire pour protéger son agent et sa famille.
Le député de La France Insoumise, Carlos Martens Bilongo, estime que « cet acte est le résultat d’une escalade dans toute la région » et que « malheureusement les morts vont continuer de s’enchaîner ».
À cet effet, le député du Val d’Oise réclame « des sanctions pour Israël et le même traitement pour les combattants de nationalité française qui se battent avec l’armée israélienne. »
Plus de 4 000 Français ou Franco-israéliens au service dans l’armée israélienne
Alors qu’Israël se livre, depuis le 7 octobre, à un véritable massacre dans la Bande de Gaza, 4 185 Français ou Franco-israéliens sont engagés dans les rangs de l’armée israélienne. En France, la gauche a demandé une enquête du ministère de la Justice sur la possibilité de crimes de guerre contre les Palestiniens par le nombre élevé de soldats français dans l’armée israélienne.
Le député LFI, Thomas Portes, est revenu sur les raisons qui le poussent à réclamer des poursuites pénales contre ceux qui sont impliqués dans les crimes de guerre perpétrés par Israël contre la population palestinienne.
Le député dénonce la présence de plus de 4000 Français engagés dans l’armée israélienne à Gaza et demande qu’ils soient traduits en justice pour crimes de guerre.
« Au regard des crimes de guerre commis par l’armée israélienne, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, il est inacceptable que des citoyens français y participent. Alors que l’ONU, par la voix de plusieurs de ses rapporteurs spéciaux, alerte sur les risques génocidaires, que plus de 19 000 Palestiniens ont été tués, la présence de citoyens de nationalité française déshonore la France », indique le communiqué.
Outre les Français ou les Franco-Israéliens, les autres Français présents parmi l’armée israélienne sont des mercenaires qui ont des contrats avec des entreprises privées ou selon le journal espagnol El Mundo ont rejoint l’armée de ce régime dans le cadre du programme militaire israélien pour attirer des volontaires étrangers pour des activités militaires depuis longtemps afin de compenser le manque de forces.
Guerre de Gaza : les limites du camp israélo-occidental
La France a apporté un soutien ferme à Israël et son « droit à se défendre » après l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre. Le 18 octobre, elle a mis son veto, avec les États-Unis et le Japon, à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu.
Au fil des semaines et devant l’ampleur de l’agression israélienne contre la bande de Gaza qui a fait basculer les opinions publiques occidentales du côté de la cause palestinienne, le président Macron a tenté d’équilibrer sa position.
Lors de sa tournée dans la région du 24 au 26 octobre, Macron a certes réitéré son soutien à Israël, mais il a aussi plaidé pour la protection des civils et surtout pour la relance du processus de paix.
Le 9 novembre, le président français est devenu le premier dirigeant d’un grand pays occidental à appeler ouvertement à un cessez-le-feu à Gaza, exhortant Israël à cesser de « tuer des bébés et des femmes ».Par ailleurs, le président français estime que l’objectif d’Israël à savoir la «destruction » du Hamas entraînerait « dix ans de guerre ».
Sur le terrain, le scénario de l’offensive terrestre pourrait être confronté à d’autres contraintes, extérieures à Israël cette fois-ci. En apparence, les Etats-Unis et leurs alliés européens semblent d’accord avec ce qu’ils considèrent être le « droit d’Israël » de se défendre. Dans les déclarations officielles, ils ne semblent fixer aucune limite à l’entité d’Israël qui, au demeurant, ne s’est jamais encombré de considérations juridiques et humanitaires depuis sa création.
Mais dans les coulisses, les choses sont plus compliquées. Les indices que laissent filtrer les médias américains proches de l’administration démocrate, comme le New York Times et le Washington Post, montrent que les Américains n’en sont pas moins préoccupés par les conséquences éventuelles d’une guerre totale à Gaza, qui pourrait constituer le casus belli d’une extension régionale du conflit qu’ils redoutent par-dessus tout.
Les tensions en mer Rouge suscitent des craintes en France
Pour rappel, les forces armées yéménites, en guise de solidarité avec le peuple sans défense de la bande de Gaza, ont visé le sud d’Israël, à plusieurs reprises, avec des missiles et des drones. En outre, elles ont attaqué des navires liés à des intérêts israéliens.
« Tout pays qui agit contre nous verra ses navires pris pour cibles en mer Rouge », déclare Mohammed Ali al-Houthi. Le porte-parole du mouvement Ansarallah du Yémen a fait cette déclaration, alors que Washington a annoncé la création d’une coalition internationale pour prétendument sécuriser la mer Rouge.
Le ministre américain de la Défense a annoncé lundi 18 décembre la formation en mer Rouge d’une coalition de 10 pays, afin de faire face aux attaques des forces yéménites contre des navires liés à Israël.
Outre les États-Unis, Lloyd Austin a indiqué dans un communiqué que la France, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne, et les Seychelles prendraient part à cette coalition.
Pour le moment, les détails sur les règles d’engagement ne sont pas connus. Étant donné que personne ne veut prendre le risque de déclencher un conflit plus large à l’échelle régionale, il est peu probable que des opérations menées directement contre le mouvement Ansarallah du Yémen soient envisagées.
La France salue l’annonce d’une possible coalition menée par les Etats-Unis en mer Rouge et appelle à la coordination « la plus large possible entre les partenaires », selon un communiqué du ministère français des Armées.
Force est de constater que les principales compagnies maritimes internationales ont suspendu le passage de leurs navires dans cette région après que les Yéménites ont déclaré plus tôt ce mois-ci que tout navire à destination d’«Israël» serait une cible légitime jusqu’à ce que l’entité israélienne mette complètement fin à son agression contre Gaza.
Quoiqu’il en soit, les déclarations des dirigeants occidentaux y compris des autorités françaises révèlent une crainte profonde d’un effondrement du régime sioniste et surtout d’une extension du conflit à la mer Rouge par où transitent 53 pc du flux commercial européen avec l’Asie. Le blocage du détroit de Bab El Mandeb commence d’ors et déjà à se répercuter sur les économies européennes surtout que le détroit de Bab El Mandeb est le point de passage quotidien de 6 millions de barils de brut. Si le risque de destruction ne menaçait pas le régime sioniste, les dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne ne se seraient pas rendus l’un après l’autre en Palestine occupée pour exprimer leur soutien inconditionnel à l’occupation israélienne et tenter de la sauver du bourbier de Gaza. Mais cette menace se tourne désormais contre l’Europe elle-même qui voit son économie en mer Rouge être compromise à cause de son suivisme aveugle envers Israël.

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