Malgré son retrait de la scène politique intérieure, la popularité de Macron est au plus bas depuis sa réélection en 2022. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État.
Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des «Gilets jaunes ».
L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Depuis la dissolution du 9 juin, Emmanuel Macron enchaîne les revers. Ce qui devait être un coup d’éclat s’est mué en fiasco, érodant les derniers vestiges de confiance populaire. Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité de Macron. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance.
Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Autre fait notable, le Premier ministre Michel Barnier, fraîchement nommé, est aussi en nette baisse, avec 60% de Français insatisfaits contre 40% de satisfaits.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité de Macron et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
Dérive des finances publiques : le bilan accablant de la présidence Macron
La dégringolade de la popularité de Macron sonne aussi le glas du macronisme économique. Après l’échec de son opération dissolution, le chef de l’Etat va composer avec un Premier ministre qui mettra fin, au moins en partie, à sa stratégie libérale. Depuis 2017, Emmanuel Macron a maintenu sa politique dite de l’offre, pro-business, avec une baisse des impôts pour les entreprises et les investisseurs et des réformes du marché du travail dopant l’apprentissage et réduisant l’indemnisation des chômeurs afin de les inciter à reprendre un travail. Des réformes enclenchées en urgence dès le début du premier quinquennat. Sept ans plus tard, ont-elles porté leurs fruits ?
Du produit intérieur brut au taux de chômage en passant par la balance commerciale ou le pouvoir d’achat, les sept années Macron auront quelque peu fait évoluer les ambitions de celui qui promettait en 2017 «une grande transformation» au pays.
Dans ce contexte, l’agence de notation Moody’s a maintenu inchangée sa note de crédit sur la France à “Aa2” tout en abaissant sa perspective à “négative” pour refléter les inquiétudes relatives à la détérioration des finances publiques.
Dans sa note, Moody’s justifie ce changement de perspective par le “risque grandissant” que le gouvernement ne soit pas en mesure de mettre en place des mesures destinées à limiter le déficit budgétaire et la détérioration de la dette du pays.
Plus tôt ce mois-ci, sa consoeur Fitch a maintenu sa note de crédit de la France à “AA-” mais abaissé sa perspective à “négative” en raison du dérapage des comptes publics. L’autre grande agence S&P Global, qui a abaissé sa note à “AA-” en mai dernier, doit à nouveau se prononcer le 29 novembre.
Le verdict des agences de notation intervient en plein débat à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de Finances pour 2025.
Le gouvernement français a présenté un projet de budget qui prévoit des économies massives de 41,3 milliards d’euros et 19,3 milliards d’euros de recettes supplémentaires via une hausse significative des impôts.
La politique étrangère de la France après les législatives : le prix du chaos
Dans un monde marqué par une insécurité croissante (guerre ukrainienne, situation au Moyen-Orient…) et par des urgences globales ( craintes financières, dossiers environnementaux ou migratoires…), le risque de paralysie française tombe au mauvais moment.
D’une part, en effet, le monde connaît un état de tension rarement atteint depuis des années, si l’on songe notamment à la prolongation de la guerre en Ukraine et aux risques que comporte le conflit au Moyen-Orient mais aussi aux divergences qui se creusent entre le Sud dit global et les Occidentaux. D’autre part, et surtout, la configuration politique intérieure française, et aussi les difficultés financières du pays, suscitent l’impression que « la France est affaiblie » sur le plan international ou encore que « la voix de la France » ne s’entend guère depuis plusieurs mois.
En clair, le locataire de l’Elysée entendait bien profiter de sa nouvelle vie pour peser sur la scène internationale, un terrain qu’il affectionne depuis son premier mandat. Problème, pour le président, ses difficultés en France, où il a perdu la majorité à l’Assemblée après deux défaites électorales cinglantes aux européennes puis aux législatives, ont rejailli, d’où la baisse sans précédent de la popularité de Macron.
Depuis la dissolution ratée, plusieurs exemples tendent même à illustrer une certaine perte d’influence. Sur la scène européenne tout d’abord, beaucoup estiment que le retrait forcé de Thierry Breton de la commission en septembre après un long bras de fer avec Ursula von der Leyen, n’aurait pas été possible avec une voix française plus puissante.
« Il est archi-évident que tout affaiblissement sur la scène politique nationale se traduit par un affaiblissement sur la scène internationale », résume le spécialiste des relations internationales Bertrand Badie, auteur du livre L’Art de la Paix.
Cette tendance est d’ailleurs particulièrement visible au Moyen-Orient, où la voix de Paris, fortement sous l’influence sioniste, est inaudible, malgré les efforts affichés par Macron et son ministre des Affaires étrangères ces derniers jours de se démarquer. Près de deux mois après l’agression de l’entité terroriste contre le Liban, la France continue de porter de l’eau au moulin de l’agresseur en jouant à la Cassandre prêchant dans le désert.