Macron lance ses projets et ses défis pour son deuxième quinquennat après sa victoire

Remy Legaros
10 Min Read
Macron lance ses projets et ses défis pour son deuxième quinquennat après sa victoire

Le président français Emmanuel Macron a remporté le deuxième tour de la présidentielle, battant la leader d’extrême droite Marine Le Pen dans une compétition acharnée et devenant le premier président français à être réélu au cours des 20 dernières années. Les résultats ont montré que Macron, un centriste, obtenait 58,5 % des voix contre 41,5 % pour Le Pen. Sa victoire est beaucoup plus étroite qu’en 2017, où la marge était de 66,1 % contre 33,9 % pour Le Pen, mais plus large que ce qui semblait probable il y a deux semaines.

Le débat s’est articulé autour des questions économiques, et Macron, distrait par sa diplomatie russe infructueuse, a rarement montré une réelle préoccupation pour les difficultés financières auxquelles de nombreux Français ont été confrontés pendant la pandémie et la guerre. Mais sa promesse de stabilité et sa gestion efficace de la crise de Covid-19 semblent l’avoir emporté sur la forte tentation d’une dérive extrémiste vers le nationalisme.

Après sa victoire, Macron s’est adressé à une foule massée sur le Champ de Mars, devant la Tour Eiffel illuminée. Il a solennellement déclaré qu’il s’agissait d’une victoire pour une France plus indépendante et une Europe plus forte. Il a ajouté : « Notre pays est traversé par tant de doutes, tant de divisions. Nous devrons être forts, mais personne ne sera laissé sur le bord de la route. » Le Pen a concédé sa défaite dans sa troisième tentative de devenir présidente, mais a critiqué amèrement les méthodes brutales et violentes de Macron, sans expliquer ce qu’elle voulait dire. Elle a juré de se battre encore pour obtenir un grand nombre de représentants aux élections législatives de juin, déclarant que les Français ont montré ce soir leur volonté d’un contre-pouvoir fort à Emmanuel Macron.

Bien qu’il ne soit guère aimé par de nombreux Français, Macron a bien géré la pandémie de Covid-19

La victoire de Macron signifie que l’une des plus grandes puissances d’Europe occidentale ne sera pas dirigée par un nationaliste d’extrême droite qui veut éloigner la France de l’OTAN et qui a un passé de proximité avec Vladimir Poutine. Cette victoire est un hommage aux compétences de Macron en tant qu’homme politique et décideur. Bien qu’il ne soit guère aimé par de nombreux Français, il a bien géré la pandémie de Covid-19 et contribué à accélérer la croissance économique au cours de ses cinq premières années au pouvoir.

Pourtant, la campagne a offert quelques nouveaux signes d’avertissement pour les démocraties occidentales. La performance de Le Pen a été considérablement meilleure que lors de la dernière élection en France, en 2017, lorsqu’elle a obtenu 34 % au second tour contre Macron. Et lorsque son père a atteint le second tour de l’élection présidentielle, en 2002, il n’a obtenu que 18 % des voix. Au cours des deux dernières décennies, une part croissante des citoyens français a dérivé vers la politique nationaliste de Le Pen, avec son hostilité envers les musulmans et son scepticisme envers les institutions qui ont contribué à maintenir l’Europe occidentale largement pacifique et unifiée depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le Président Français devra restaurer et renforcer la relation franco-allemande

L’Union européenne a également poussé des soupirs de soulagement après que le président Emmanuel Macron a repoussé un sérieux défi en France de la leader populiste d’extrême droite Marine Le Pen. Cette défaite a été largement considéré comme un sursis pour l’Union européenne et ses principes fondamentaux, notamment l’indépendance judiciaire, la souveraineté partagée et la suprématie du droit européen. La forte présence de Le Pen a rappelé que le populisme, de droite comme de gauche, reste une force vive dans une Europe où les électeurs sont très mécontents de la hausse de l’inflation, de la flambée des prix de l’énergie, de la lenteur de la croissance, de l’immigration et de la bureaucratie émanant du siège de l’UE à Bruxelles. Mais aujourd’hui, Macron, dispose d’une nouvelle autorité pour faire valoir ses idées en faveur d’une plus grande responsabilité européenne et d’une défense collective.

Après le départ d’Angela Merkel, l’ancienne chancelière allemande, à la fin de l’année dernière, Macron est inévitablement considéré comme le leader de facto de l’Union européenne, avec une voix plus forte et une position plus solide pour faire avancer les questions qui lui tiennent à cœur. Il s’agit notamment d’un pilier européen plus solide en matière de défense et de sécurité, de réforme économique et de lutte contre le changement climatique.

La France assure la présidence tournante de l’Union jusqu’à la fin du mois de juin, et l’une des priorités de Macron sera de faire avancer l’embargo pétrolier contre la Russie, une démarche qui a été compliquée par le fait que de nombreux pays de l’Union dépendent de Moscou pour leur approvisionnement en énergie. D’autre côté, l’agenda climatique est important pour lui, surtout s’il veut toucher la gauche en colère et les Verts en France. Et pour faire avancer les choses en Europe, il devra restaurer et renforcer la relation franco-allemande avec un nouveau gouvernement allemand très différent et divisé.

Un progrès concret pour tous par des investissements et des changements profonds !

Cette relation n’est pas d’ailleurs facile, Dans le cas du couple franco-allemand, il faut du temps pour examiner ces relations. Il existe de nombreuses différences entre les dirigeants de l’UE. Il y a des divergences sur le souhait de Macron d’un endettement collectif plus important pour un autre plan de relance européen, compte tenu des effets de la guerre. Il n’y a pas non plus de consensus sur la manière de gérer la réponse à l’agression de la Russie. C’est également important de savoir dans quelle mesure il faut garder les lignes ouvertes à Poutine, et quels types de soutien militaire devraient être fournis à l’Ukraine face à l’hésitation allemande à fournir des armes lourdes.

Macron a par la suite mentionné dans son discours de la victoire que « cette ère nouvelle ne sera pas la continuité du quinquennat qui s’achève mais l’invention collective d’une méthode refondée pour cinq années de mieux au service de notre pays, de notre jeunesse », Macron a également remercié tous les Français et Françaises qui lui ont fait confiance au premier puis au second tour pour sa victoire et pour mener à bien son projet « Pour une France plus indépendante, une Europe plus forte ». Il a également assuré un progrès concret pour tous par des investissements et des changements profonds, la créativité et l’innovation fleurissant dans le pays, et a fait en sorte que la France devienne un grand pays de l’environnement.

Selon Macron, la France connaît une période tragique dans laquelle elle doit renforcer son pouvoir dans tous les domaines

Macron a ensuite fait référence à ses compatriotes qui ont voté pour son projet, ce qui a empêché l’extrême droite d’accéder au pouvoir en France. Il a fait référence aux personnes qui ont voté pour lui en signe de protestation contre ce mouvement. Macron a également évoqué les personnes qui ont voté pour Marine Le Pen par la colère et le désaccord, et a promis de trouver une solution pour ces électeurs. Enfin, concernant la guerre en Ukraine, Macron a rappelé que la France connaît une période tragique dans laquelle elle doit afficher clairement ses points de vue et ses choix et renforcer son pouvoir dans tous les domaines.

Emmanuel Macron a parlé devant ses partisans et ses membres de son gouvernement et de son équipe de campagne, notamment le Premier ministre Jean-Castex, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti et son allié, le président du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou.

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