La campagne présidentielle française a officiellement démarré lundi, 13 jours seulement avant le début du scrutin, avec le président sortant Emmanuel Macron qui a réprimandé son rival d’extrême droite en raison de la rhétorique inhabituellement violente de ses partisans. Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, regrette que le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle des 10-24 avril, Éric Zemmour, ait laissé la foule scander l’expression « Macron assassin » lors de son rassemblement à la place du Trocadéro à Paris. “Là, vous voyez un candidat qui laisse des militants proférer des propos absolument insupportables à l’encontre d’un autre candidat. Je pense que c’est à ça qu’on juge aussi les hommes quand ils candidatent à l’élection présidentielle”, a-t-il ajouté.
« Soit Éric Zemmour n’a pas d’autorité sur ses militants, soit il cautionne ce type de propos, dans les deux cas c’est inquiétant sur sa capacité à exercer la fonction de Président de la République », a également mentionné M. Attal sur la plateforme du Sénat.
Alors que les sondages suggèrent que Macron est le favori à l’élection, de nombreux électeurs restent encore indécis quant à savoir s’ils vont voter et pour qui, de sorte que le résultat reste incertain. Macron, 44 ans, est un ancien banquier d’affaires centriste qui a viré à droite sur certaines questions face à la pression croissante des challengers conservateurs et d’extrême droite.
Zemmour : « Nous sommes les plus nombreux partout en France. Qui peut nous arrêter ? »
Les nouveaux électeurs, les partisans déçus du Rassemblement national et les anciens conservateurs faisaient partie des dizaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées à Paris dimanche pour montrer leur soutien à Éric Zemmour. Alors que les sondages suggèrent un face-à-face au second tour entre la leader d’extrême droite Marine Le Pen et le président sortant Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle d’avril, Zemmour a tenté de redonner de l’énergie à ses électeurs lors d’un méga rassemblement à Paris.
Macron a limité ses programmes électoraux en raison de l’invasion russe en Ukraine, mais a rencontré ses partisans lundi à Dijon. Il s’est entretenu avec des étudiants d’une école professionnelle et d’une école de cuisine pour discuter de l’amélioration des opportunités pour les jeunes.
Ce meeting a été marqué par un incident lorsque la foule soutenant le candidat de l’extrême droite, Éric Zemmour a crié « Macron, assassin », lors d’un rassemblement en face de la Tour Eiffel. Le slogan a retenti de manière forte et répétée pendant plusieurs secondes, tandis que Zemmour est resté debout, silencieux, avant de reprendre son discours.
Ses partisans ont apparemment répondu aux commentaires de Zemmour accusant le gouvernement de ne pas protéger les personnes tuées par des attaques terroristes ou autres attaques en France. Ces attaques ont énormément frappé le pays sous des présidents de gauche et de droite.
« Nous sommes les plus nombreux partout en France. Nous sommes les plus décidés. Sur internet, nous sommes les plus puissants. Dans nos meetings, nous sommes les plus fervents. Maintenant que nous nous levons, qui peut nous arrêter ? Quelle belle et grande aventure, quelle énergie nous allons déployer dans les deux semaines à venir. Quelle détermination ose-je sentir chez vous aujourd’hui. Français ! Nous avons fait en trois mois ce qu’aucun politicien n’avait jamais réussi à faire en quinze ans », a crié Éric Zemmour, devant une foule enthousiaste.
Macron : « j’invite le candidat malentendant à pouvoir s’équiper à moindres frais »
Zemmour, qui fait campagne sur les promesses et les attitudes dure à l’égard de l’immigration, de l’islam et de la sécurité, a expliqué que voter pour lui était essentiel pour sauver la France, par opposition à un vote inutile pour Le Pen. Selon les sondages présidentielles, Zemmour se positionne en quatrième rang. Macron devrait obtenir 28 % des voix, contre 19 % pour Le Pen (extrême droite), 14 % pour Jean-Luc Mélenchon (extrême gauche) et 11 % pour Zemmour. Macron devrait également remporter un second tour contre Le Pen.
Une rhétorique aussi violente est inhabituelle dans la politique française, et le fait que Zemmour n’ait pas réussi à faire taire les cris a suscité de nombreuses critiques de la part de politiciens de toutes tendances, qui les considéraient comme dangereux pour la France. Zemmour a déclaré par la suite qu’il n’avait pas entendu les chants, et sa campagne a fini par les condamner.
Interrogé lundi sur les slogans, Macron a déclaré que Zemmour manquait de respectabilité politique ou qu’il était malentendant. “Il y a deux hypothèses. La première c’est l’indignité, c’est plutôt celle qui me semble la plus crédible, mais ça n’est pas une surprise. La deuxième c’est la méconnaissance d’une réforme très importante du quinquennat, le 100 % santé”, a affirmé le président de la République. « Maintenant les prothèses auditives, les lunettes et les prothèses dentaires sont remboursées par la sécurité Sociale. Et j’invite le candidat malentendant à pouvoir s’équiper à moindres frais », a expliqué ironiquement Emmanuel Macron.
Zemmour ; le meilleur candidat pour mettre fin à l’immigration
Macron a particulièrement été la cible de nombreux de mécontentements. Lorsque Zemmour a énuméré une liste d’attaques terroristes de ces dernières années pour illustrer l’insécurité et la nécessité d’une approche plus radicale de la criminalité, des slogans tels que « Macron assassin ! Macron assassin ! » se sont entendus dans le public. Zemmour a notamment fait de fausses déclarations exagérant le nombre d’immigrants et de musulmans en France, et a défendu une théorie raciste selon laquelle les groupes ethniques non blancs complotent pour remplacer les populations blanches.
Écrivain et présentateur de talk-show connu pour ses attaques polarisées contre les musulmans et les immigrants, Zemmour est aussi apparu comme le candidat inattendu de l’élection au début de la campagne, attirant à la fois le camp conservateur traditionnel et les électeurs déçus par la leader de l’extrême droite, Marine Le Pen. Depuis, il est redescendu dans les sondages, se situant autour de 10-11%, bien que ses partisans soient toujours parmi les plus fervents et les plus motivés avant le premier tour de l’élection le 10 avril.
Dimanche, ces dizaines de milliers de personnes rassemblées au Trocadéro à Paris, face à la Tour Eiffel, espéraient donner un nouvel élan à sa campagne. Parmi eux, des vétérans de l’extrême droite, des catholiques fervents, des militants anti-LGBT et des anti-vax pour qui Zemmour est le meilleur candidat pour mettre fin à l’immigration, restaurer l’ordre national et défendre les valeurs traditionnelles françaises.