Le président français Emmanuel Macron a qualifié mardi l’invasion de l’Ukraine par la Russie de retour à l’ « impérialisme » et a déclaré que ceux qui gardaient le silence ou étaient « secrètement complices » s’engageaient dans un « nouveau cynisme » qui érode l’ordre mondial. S’adressant aux dirigeants mondiaux le jour de l’ouverture du débat annuel de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies, Marcon a déclaré : « Aujourd’hui, nous devons faire un choix simple, la guerre ou la paix ». Il a rappelé qu’à la fin du mois de février, « la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, par un acte d’agression, d’invasion et d’annexion, a brisé notre sécurité collective … lorsqu’elle a délibérément violé la Charte des Nations unies et le principe de l’égalité souveraine des États ».
Le président français a rappelé que la Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré l’agression de la Russie illégale et a appelé au retrait de ses troupes, alors même que la Russie poursuit son agression, ouvrant peut-être la voie « à d’autres guerres d’annexion en Europe, aujourd’hui et peut-être demain en Asie, ou en Afrique ou en Amérique latine ». « Plus cette guerre se prolonge, plus elle menace l’Europe et le monde. Elle pourrait conduire à un plus grand conflit où la sécurité et la souveraineté ne dépendent plus de la force des alliances, mais de la force des groupes armés… et de l’assujettissement des autres », a-t-il déclaré, ajoutant : « Ce que nous avons vu est un retour à l’âge de l’impérialisme. La France le rejette et recherchera résolument la paix ». Macron a déclaré que la guerre « porte atteinte au principe de notre Organisation, porte atteinte au seul ordre mondial possible, porte atteinte à la paix ».
Dans cette optique, il a déclaré qu’il avait engagé et continuerait d’engager le dialogue avec Moscou, « car ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons trouver la paix », y compris, entre autres, « le soutien humanitaire, militaire et politique que nous apportons au peuple ukrainien afin qu’il puisse jouir de son droit légitime à la défense et préserver sa souveraineté ». Macron a dit qu’il rejetait la position des nations qui ont déclaré rester « neutres », déclarant : « Ils ont tort, ils commettent une erreur historique ». Le président Macron a déclaré : « Ceux qui se taisent aujourd’hui sont, en quelque sorte, complices de la cause d’un nouvel impérialisme…. qui piétine l’ordre actuel ». Il ne s’agit pas de choisir entre l’Est et l’Ouest, ou le Nord et le Sud, a dit Macron, « car au-delà de la guerre, il y a un risque de division du monde » et il a appelé les membres de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité à se lever pour « notre bien commun le plus précieux : la paix ».
Il a appelé les membres du Conseil de sécurité « à agir pour que la Russie rejette la voie de la guerre et en évalue le coût pour elle-même et pour nous tous et, vraiment, mette fin à cet acte d’agression ». Abordant les autres questions urgentes à l’ordre du jour international, Macron a souligné qu’avec le changement climatique, les écosystèmes « qui atteignent le point de non-retour », les pénuries alimentaires et la flambée des prix, la famine imminente et le terrorisme, entre autres maux, « ce sont toujours les personnes les plus vulnérables qui sont les plus touchées ». « Ce sont toutes des choses que nous devons aborder de toute urgence. Beaucoup de ces problèmes sont causés par les divisions entre nous et, par conséquent, notre responsabilité commune doit être d’aider les plus vulnérables à faire face à ces défis », a-t-il déclaré.
Le président français Emmanuel Macron a également déclaré que l’invasion de l’Ukraine par la Russie renvoyait à une époque d’impérialisme colonialiste. « Ce à quoi nous assistons depuis le 24 février », début de l’invasion russe, « est un retour à l’âge de l’impérialisme et des colonies. La France le refuse et œuvrera avec persévérance pour la paix », a déclaré Macron devant l’Assemblée générale de l’ONU. « Qui est coupable d’hégémonie aujourd’hui si ce n’est la Russie ? » a-t-il demandé. Le président Macron s’est adressé à l’Assemblée générale quelques heures après que les alliés de la Russie ont déclaré qu’ils organiseraient des référendums sur l’annexion de parties occupées de l’Ukraine, une décision dénoncée par les puissances occidentales.
Les pays européens et les États-Unis ont imposé des sanctions à la Russie, tandis qu’un certain nombre de pays en développement ont cherché un terrain d’entente. De nombreux observateurs craignent que la crise ukrainienne n’éclipse d’autres préoccupations mondiales. « Ceux qui se taisent maintenant sur ce nouvel impérialisme, ou qui en sont secrètement complices, font preuve d’un nouveau cynisme qui démolit l’ordre mondial sans lequel la paix n’est pas possible », a déclaré Macron. « Il ne s’agit pas de choisir un camp entre l’Est et l’Ouest, ou le Nord et le Sud. C’est une question de responsabilité » vis-à-vis de la Charte des Nations unies, a déclaré le dirigeant français. « Au-delà de la guerre, il y a un risque de division mondiale, résultat direct et indirect du conflit ».
D’autres dirigeants mondiaux ont averti l’Assemblée générale que la guerre en Ukraine risquait de créer une nouvelle ère de divisions à un moment où l’aggravation du changement climatique et la hausse des prix des denrées alimentaires nécessitent une action concertée. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a ouvert le sommet en projetant les images d’un navire transportant des céréales hors d’Ukraine, preuve que la diplomatie peut réussir, tout en mettant en garde contre l’état désastreux de la planète. « Notre monde est en grande difficulté. Les divisions se creusent », a déclaré Guterres. « Un hiver de mécontentement mondial se profile à l’horizon », a-t-il ajouté. « La confiance s’effrite, les inégalités explosent, notre planète brûle. Les gens ont mal, et les plus vulnérables souffrent le plus ».