L’Iran après la mort du président Raïssi

Francoise Riviere
5 Min Read

La récente disparition du président iranien Ebrahim Raïssi a suscité de nombreuses interrogations sur l’avenir politique de la République islamique d’Iran. Cependant, selon Flo Delorbe, écrivain indépendant français spécialisé dans les affaires moyen-orientales, l’impact de cet événement sur le système politique iranien reste limité et gérable.

Delorbe explique que pour comprendre la situation, il est crucial de saisir la structure unique du pouvoir en Iran. “Le véritable chef d’État en Iran n’est pas le président, mais le Guide suprême, actuellement l’ayatollah Ali Khamenei,” précise-t-il. “C’est lui qui supervise les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, qui s’assure du bon fonctionnement des institutions et qui fixe les grandes orientations du régime.” Le rôle du président, quant à lui, est plus limité. Comparable à celui d’un Premier ministre en France, il est responsable devant le Parlement et le Guide, gérant les affaires courantes du pays, mais avec des pouvoirs restreints.

Cette structure explique pourquoi la mort de Raïssi, bien que significative, n’a pas fondamentalement bouleversé les grandes lignes directrices de la politique iranienne. Le Guide suprême, véritable architecte de la politique nationale et internationale du pays, reste en place, assurant une continuité dans la gouvernance.

Concernant l’impact potentiel des élections iraniennes sur le conflit à Gaza, Delorbe adopte une position claire : “Bien que l’Iran soit l’un des plus grands soutiens au Hamas et à la Palestine, le résultat des élections ne changera rien à Gaza.” Il explique que la seule entité capable de changer véritablement le cours des événements à Gaza est régime israélienne, et dans une moindre mesure, les États-Unis, s’ils décidaient de modifier leur soutien à l’État sioniste.

Delorbe va plus loin en décrivant la situation actuelle à Gaza comme l’aboutissement d’une politique initiée en 1948, visant à déplacer les Palestiniens de leurs terres au profit des colons israéliens. Il qualifie cette politique de mélange de “messianisme, suprémacisme et colonialisme”, se traduisant par ce qu’il considère comme un nettoyage ethnique de la bande de Gaza, avec la perspective d’une extension à la Cisjordanie.

Quant à l’effet des sanctions occidentales sur la participation électorale en Iran, Delorbe est catégorique : elles n’auront aucun impact significatif. “Les Iraniens sont habitués à vivre avec les sanctions,” affirme-t-il. Avec une population de 87 millions d’habitants, supérieure à celle de l’Allemagne ou de la France, l’Iran n’est pas, selon ses termes, “une nation que l’on peut soumettre facilement”.

Delorbe souligne également le contexte géopolitique actuel, marqué par ce qu’il décrit comme un “basculement gigantesque” avec l’affaiblissement de l’Occident au profit des BRICS, dont l’Iran est proche. Cette nouvelle configuration permet à l’Iran d’envisager l’avenir avec un certain optimisme, malgré les pressions occidentales.

Concernant l’impact des élections sur les relations internationales de l’Iran, Delorbereste sceptique quant à la possibilité de changements majeurs. Il rappelle que la politique étrangère est principalement déterminée par le Guide suprême, et non par le président. De plus, il souligne que les six candidats à la présidentielle, bien que provenant de milieux différents, partagent tous une volonté de sauvegarder la nation et de défendre ses idéaux.

Delorbe note que les années d’isolation dues aux sanctions occidentales ont renforcé un sentiment nationaliste chez les élites iraniennes, plaçant la souveraineté du pays au premier plan. Sur la scène internationale, il observe un rapprochement croissant de l’Iran avec la Russie et la Chine, une évolution qu’il juge positive pour l’équilibre mondial.

En conclusion, Delorbe voit dans ces développements les signes d’un changement plus large dans l’ordre mondial. “L’hégémonie américaine qui a entraîné toutes ces guerres et toutes ces victimes dans le monde touche bientôt à sa fin,” affirme-t-il, exprimant une certaine satisfaction face à cette évolution qu’il perçoit comme porteuse d’un nouvel équilibre global.

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