Un haut responsable du mouvement de la Résistance islamique de la Palestine a confirmé vendredi que le chef du bureau politique du Hamas, Yahya Sinwar, avait été tué en martyr lors d’une attaque israélienne dans la ville de Rafah à Gaza.Mort héroïque, à en juger les dernières images du haut commandant le mettant en scène en pleins accrochages avec une horde de terroristes sionistes. Des questions se posent alors sur les scénarios après la mort de Sinwar. Le Hamas va-t-il fléchir après l’assassinat du grand cerveau de l’opération historique du 7 octobre 2023 ou le mouvement va-t-il rapidement s’en remettre tout comme le Hezbollah au lendemain de la mort de Nasrallah et intensifier ses frappes contre l’entité sioniste ?
La réponse est claire rien qu’au regard des événements qui ont suivi la mort de Sinwar : un net renforcement des attaques anti israéliennes des unités de Qassam à Gaza et ce malgré la folie meurtrière sioniste qui s’abat en ce moment même contre les civiles palestiniens du Nord gazaouite, une intensification qui se fait nettement ressentir en Cisjordanie jusqu’aux frontières de la Jordanie où les Sionistes viennent d’être attaqués par les commandos palestiniens.
Dans le cadre d’une allocution diffusée à la télévision, Khalil al-Hayya a rendu hommage à « la mémoire du martyr, Yahya Sinwar », le qualifiant de « déterminé, valeureux et audacieux ». Il a souligné que Sinwar « a sacrifié sa vie pour la lutte en faveur de la libération de la Palestine », et salué « le héros qui a combattu les forces israéliennes jusqu’à son dernier souffle ».
Alors que les médias occidentaux et pro Israël accusaient Sinwar de s’être caché dans des tunnels souterrains disséminés à travers le territoire palestinien assiégé, des images apparues jeudi et circulant à un rythme fou sur les plateformes de médias sociaux le montraient au-dessus du sol et en combat actif avec les forces d’occupation, ayant perdu l’usage d’une de ses mains mais se battant contre un drone sioniste.
Pour des millions de personnes à travers le monde et d’innombrables partisans de la lutte pour la libération de la Palestine contre l’occupation sioniste, le martyre de Sinwar marque peut-être la fin d’un légendaire guerrier anticolonialiste, mais il ne signifie pas la fin de la Résistance vu que des milliers de jeunes palestiniens tireront l’exemple sur lui.
Sinwar a écrit la première ligne de la guerre de libération
Le Hamas a diffusé un communiqué par la voix de son responsable Khalil al-Hayya dans lequel il a confirmé le martyre du chef de son bureau politique, tué ainsi que ses compagnons le mercredi 16 octobre après des accrochages avec des militaires de l’armée d’occupation à Tal Sultan au sud de Rafah.
Le Hamas a décrit le leader martyr comme étant « l’un des hommes les plus nobles et les plus courageux, un homme qui a consacré sa vie pour l’amour de la Palestine et a donné son âme pour l’amour de Dieu sur le chemin de sa libération. »
« Il s’est élevé comme un héros martyr, dans un combat frontal, sans battre en retraite, dégainant son arme, affrontant et affrontant l’armée d’occupation en tête des rangs. Il s’est déplacé entre toutes les champs de combat, inébranlable, attaché à la terre fière de Gaza, défendant la terre de Palestine et ses lieux sacrés. Et il s’est affirmé comme une source d’inspiration en attisant l’esprit de fermeté, de patience, de sang-froid et de résistance », poursuit Hayya en lisant le communiqué.
Résumant le parcours de sa lutte, il rappelle que « Sinwar a entamé son chemin dans le mouvement Hamas dès son plus jeune âge, s’impliquant dans ses activités de combat. Pendant ses 23 années de captivité, il a défié son geôlier sioniste, et après sa libération dans le cadre de l’accord de loyauté envers le peuple libre, il a continué ses sacrifices, sa planification et son combat. »
S’en sont suivies les épopées de la fermeté légendaire de notre peuple et de la valeur de notre résistance victorieuse avec la bataille de Tempête d’Al-Aqsa, poursuit le haut responsable du Hamas. Et enfin, il a atteint la position la plus honorable et la plus haute distinction et s’est élevé auprès de son Seigneur comme témoin, martyr, satisfait de l’effort et du don qu’il a offert. »
De toute évidence, un tel parcours en dit long sur les scénarios après la mort de Sinwar plus particulièrement sur l’avenir de la Résistance palestinienne et de la lutte contre l’occupation israélienne.
Qui est Yahya Sinwar, le dirigeant charismatique du Hamas ?
Alors que Netanyahu prétend que l’assassinat du chef du Hamas marque le début de la fin de la guerre, les observateurs estiment que les scénarios après la mort de Sinwar seront profondément marqués par une volonté inébranlable de poursuivre le chemin de cette figure emblématique de la Résistance contre l’occupation israélienne.
Yahya Sinwar, chef du bureau politique du Hamas, est né le 29 octobre 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza.
Originaire d’Askalan, dans les territoires occupés par Israël en 1948, Sinwar est diplômé du département de langue et de littérature arabes de l’université islamique de Gaza.
Arrêté une première fois par Israël en 1982 et emprisonné pendant quatre mois, Sinwar a été arrêté une seconde fois en 1985 pour « création d’une organisation secrète ».
Lorsque Sinwar a été arrêté par Israël en 1988, il a été condamné à quatre reprises à une peine de prison à vie aggravée.
Libéré après 23 années passées dans les prisons israéliennes au terme d’un accord d’échange de prisonniers entre le Hamas et Israël le 11 octobre 2011, Sinwar est devenu membre du bureau politique du Hamas.
Il a survécu à plusieurs tentatives d’assassinat. Sa maison a été bombardée et détruite en 1989, une deuxième fois en 2014, une troisième fois en 2021 et une quatrième fois pendant le génocide en cours à Gaza en décembre 2023.
« Le Hamas n’abandonnera jamais la voie de la Résistance… Notre résistance continuera jusqu’à la libération de toute la Palestine », a-t-il déclaré lors d’un discours à Gaza fin octobre 2017.
Sinwar avait été choisi comme chef du Hamas après l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh par Israël en juillet alors que ce dernier se trouvait en visite officielle à Téhéran, un assassinat que l’Iran a vengé en frappant et pour la deuxième fois des dizaines de sites militaires dans les territoires occupés.
Sinwar et la revivification d’une légende
Dans un bâtiment partiellement en ruine, choisissant le type de son martyre, Sinwar transmettait le dernier message de commandant aux enfants de son pays : combattre jusqu’au dernier moment, ne céder jamais.
En choisissant le type de son martyre, Yahya Sinwar s’est ressuscité des milliers de fois dans l’esprit de tous les épris de liberté de l’histoire.
L’histoire se souviendra de Yahya Sinwar avec sa main amputée, avec son regard courageux braqué sur le drone, avec le morceau de bois qui était sa dernière arme, le dernier mouvement de son corps dont il lança de toute sa force le bois vers le drone. Avec une balle qui lui a été tirée dans la tempe et a fait de lui une image immortelle.
Avec cette fin, il a enseigné aux enfants palestiniens la voie à suivre. N’ayez pas peur, n’abandonnez pas et combattez jusqu’à la dernière goutte de votre sang. Peut-être que pour certains, ces mots ont perdu leur sens originel à force de répétition, mais non pas pour ceux qui se sont plongés dans leur propre sang et qui résiste dans une enclave de 360 km2 et depuis 13 mois non seulement à l’entité sioniste mais aussi à toutes les armées occidentales mobilisées pour sauver la peau à un Israël en agonie.
Yahya Sinwar n’est pas fini. En diffusant la vidéo des derniers instants de sa vie, l’armée israélienne a rendu le plus grand service aux enfants palestiniens qui y ont vu de leurs propres yeux les scénarios après la mort de Sinwar : poursuivre la Résistance. Ils savent désormais exactement de quoi on parle lorsqu’on leur raconte la légende de Sinwar.
C’était comme une course de relais, Sinwar a transmis le « témoin » à la personne suivante, mais les assassins de Tal Al Sultan à Rafah n’ont pas compris et ont diffusé triomphalement la vidéo.
Avec ce film de quelques secondes, l’histoire se souviendra et témoignera comment les enfants de Palestine ont tenu tête et combattu avec un morceau de bois contre un drone tueur. Ce document doit être conservé pour le jour de la libération de Qods. Le jour où l’histoire se souviendra de ceux qui ont sacrifié 60 ans de leur vie à l’autel de cette libération.
On se souviendra de Sinwar pour son leadership. Il ne se cachait pas dans un tunnel souterrain ou ne retenait pas des prisonniers comme « boucliers humains », comme l’a faussement affirmé le régime israélien pendant plus d’un an. Il était à la surface, tenant un fusil dans ses mains et combattant sur la ligne du front.