Le prix du gaz double en un mois, ce qui complique la saison de ravitaillement en Europe. La menace d’une grève en France et la baisse des livraisons en provenance des États-Unis font grimper le prix à environ 160 euros par mégawattheure, contre 80 au début du mois de juin qui a conduit à la crise énergétique en Europe et en France. Les doutes croissants concernant l’approvisionnement en gaz à partir de l’automne continuent de perturber les marchés européens de l’énergie à un moment critique : au milieu de la saison où l’on remplit les réservoirs pour l’hiver, en profitant de la baisse de la consommation saisonnière et généralement des prix. Malgré la réactivation relative des flux de gaz naturel dans les gazoducs qui relient la Russie à l’UE, qui sont toutefois encore loin de leurs niveaux habituels, le gaz naturel a atteint lundi son prix le plus élevé depuis quatre mois, doublant son prix en moins d’un mois et compliquant les prévisions d’inflation déjà compliquées pour le reste de l’année.
Quelle est la cause de la crise énergétique en France ?
Le prix du gaz sur le marché français, qui sert de référence pour le marché européen, est d’environ 160 euros par mégawattheure (MWh), contre 80 début juin, mais encore loin du record de 200 euros du 7 mars, peu après le début de la guerre. Cette énième flambée s’explique par les grèves prévues pour les mois à venir en France. La baisse des importations américaines de gaz à la suite de l’accident survenu à l’usine de Freeport (Texas), qui a ramené les expéditions à leur niveau le plus bas depuis plusieurs mois, y contribue également. Il ne fait aucun doute que nous sommes entrés dans une phase de destruction de la demande. Quelque chose qui pourrait éventuellement contribuer à stabiliser le marché et cela peut aider à contrôler cette crise énergétique.
Le rôle de la Russie dans la prévention de la crise énergétique
La toile de fond reste toutefois la même que ces derniers mois : le président russe Vladimir Poutine contrôle entièrement la clé de son approvisionnement en gaz vers l’Europe. Et cela, alors que les relations bilatérales connaissent leur pire moment depuis des décennies, est synonyme de risque élevé. Si elle devait franchir le pas et fermer complètement le robinet du gaz à l’Ouest, l’Europe serait confrontée à des risques évidents d’approvisionnement en hiver : s’il est actuellement rempli à près de 60 %, et aux 80 % que l’exécutif européen a fixé comme objectif pour novembre, les réservoirs de stockage seraient pratiquement vides à la fin de la saison froide. Une telle pénurie serait particulièrement difficile à supporter pour l’industrie allemande, qui consomme plus d’un tiers du gaz importé par le pays le plus peuplé de la zone euro et qui est un candidat évident aux coupures pour préserver l’approvisionnement des ménages.
Les ramifications de cette combinaison de prix élevés et de doutes sur l’offre future sont toutefois multiples. Le cas le plus évident est celui du marché de l’électricité : les contrats à terme pour les mois à venir annoncent une flambée des prix dans les principaux pays européens. La situation est particulièrement grave en France, où cette nouvelle hausse des prix s’ajoute à la forte baisse de la production nucléaire : près de la moitié des réacteurs du parc nucléaire sont arrêtés pour des raisons techniques. Cette situation oblige la deuxième économie de l’Union à consommer davantage de gaz, à des prix stratosphériques : pour replacer le chiffre dans son contexte, il y a un an, le prix du MWh était de 20 euros – et à recourir à l’importation d’électricité des pays voisins (Allemagne, France, Italie et Espagne) pour répondre à sa demande.
Crise énergétique en France 2022
En France, la récente mise en œuvre d’un plafonnement des prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité lui a permis de découpler partiellement sa trajectoire de celle de ses voisins. Mais cet outil d’urgence, qui a rendu possible cette exception, est loin d’être infaillible : les consommateurs finaux doivent eux-mêmes compenser le plafond pour les centrales à cycle combiné. Et plus leur prix est élevé, plus la compensation est importante. Par conséquent, l’efficacité de ce pare-feu est moindre avec le gaz aux prix de pointe.
Les mesures proposées par la Première ministre Borne pour faire face à la crise énergétique en France
Selon les annonces de la Première Ministre, Élisabeth Borne, le plafonnement des prix de l’énergie en France a été prolongé jusqu’à la fin de cette année. Le bouclier tarifaire, introduit pour la première fois en novembre de l’année dernière, a gelé les prix du gaz aux taux d’octobre 2021 et a également limité l’augmentation des prix de l’électricité à plus de 4 %. Cette mesure, qui devait prendre fin à juillet, a été prolongée. Borne a déclaré qu’un décret annonçant la prolongation serait publié dans les prochains jours. « Le plafonnement des prix offre aux consommateurs français des tarifs garantis et c’est l’État qui paie la différence entre les tarifs du marché, qui ont évidemment augmenté considérablement en France et dans d’autres pays européens », ont les revendications de la Première ministre française.
Ce que les française attend du gouvernement, c’est la sortie de crise énergétique.
On estime que la France dépensera 38 milliards d’euros en mesures destinées à contrer la hausse des prix. La ministre française de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré que la France pourrait bientôt se passer du gaz russe, à condition que les stocks de gaz naturel liquéfié (GNL) du pays soient suffisants. « En termes absolus et comme nous bénéficions du gaz naturel liquéfié, nous pourrions nous passer du gaz russe, en supposant que toutes les livraisons de GNL arrivent à temps et que nous puissions confortablement compléter nos stocks stratégiques », a-t-elle déclaré. « Nous prenons le maximum de mesures dès que possible pour éviter toute difficulté à l’avenir et pour ne pas avoir à obliger les industriels à réduire leur consommation d’électricité. »
Elle a également déclaré que la France fournirait du gaz à ses voisins européens, comme l’Allemagne, la Pologne, la République tchèque ou la Slovaquie, s’ils en avaient besoin. Par ailleurs, Elisabeth Borne a déclaré que le pays visait à disposer de près de 100 % de ses réserves de gaz au début de l’automne et avant la période hivernale. Elle a également déclaré qu’un nouveau terminal de stockage de GNL serait ouvert pour augmenter les réserves de gaz de la France. Il faut attendre si ces mesures pourront avoir un impact sur la crise énergétique en France.