Les grèves pour l’augmentation des salaires s’étendent en France

Francoise Riviere
8 Min Read
Elisabeth Borne devrait entamer dans les prochains jours des sondages avec les groupes politiques à l'Assemblée nationale

Les principaux syndicats ont appelé à la grève, dans leur plus grand défi au président Emmanuel Macron depuis qu’il a remporté un nouveau mandat présidentiel en mai 2022. Cet appel intervient après que les travailleurs de plusieurs raffineries et dépôts exploités par le géant de l’énergie TotalEnergies ont voté la prolongation de leur action de grève, défiant le gouvernement qui a commencé à forcer le personnel à reprendre le travail. Les grèves pour l’augmentation des salaires se sont propagées en France cette semaine. La « mobilisation interprofessionnelle » permettra de mesurer l’ampleur du conflit social qui a débuté dans les raffineries. Les revendications pour de meilleurs salaires dans un contexte de hausse des prix, avec une économie épuisée de l’inflation et une guerre en Europe, sont le principal moteur des mobilisations sociales en France. Divers secteurs, des transports publics à l’éducation et à la santé, sont appelés à faire grève et à manifester dans tout le pays, prolongement du conflit qui a débuté il y a trois semaines dans les raffineries de pétrole.
La nervosité règne à l’Elysée. Le président, Emmanuel Macron, a convoqué les ministres de l’économie et des finances, des transports, de l’énergie et de l’écologie. L’objectif était de remédier aux blocages de l’approvisionnement en énergie, qui continuent de paralyser environ un tiers des stations-service et de provoquer de longues files d’attente dans certaines régions du pays.
Les arrêts de travail permettront de mesurer l’ampleur réelle du mouvement. En d’autres termes, savoir si la France est un pays à la veille d’une grève générale et d’une explosion sociale ; si elle ne fait que suivre une longue tradition de grèves et que, par conséquent, il n’y a rien d’inhabituel ou d’alarmant pour les autorités ; ou si cela exprime quelque chose qui est typique de ces temps, et peut-être pas exclusif à la France : un malaise croissant parmi de larges couches de la population en raison de l’inflation et de la perte de pouvoir d’achat, et à la veille d’un hiver d’économies d’énergie et d’une possible récession. Cette journée donnera une mesure plus précise du danger réel que représente pour Macron le premier conflit social de son second et dernier quinquennat.
Des hommes politiques tels que Jean-Luc Mélenchon, leader de la gauche, ont appelé à une « grève générale » lors d’un rassemblement de la gauche unie à Paris. Selon les appels à une journée de protestation, la grève ne devrait pas, par exemple, empêcher le réseau du métro parisien ou les trains à grande vitesse de fonctionner. Mais le gouvernement part du principe qu’il va perturber la vie économique et sociale.
Le conflit dans les raffineries de TotalEnergies, où le syndicat minoritaire réclame une augmentation de salaire de 10% et s’est distancé de l’accord des autres syndicats pour une augmentation de 7%, menace les vacances scolaires d’automne. Les Français sont nombreux à se déplacer pendant ces vacances, qui commencent ce week-end.
Macron, lent de réflexe, a mis deux semaines à réagir à la grève et à la pénurie de carburant. La semaine dernière, il a commencé à mobiliser le personnel des raffineries et des dépôts par la loi pour rouvrir certaines raffineries et certains dépôts pétroliers. Il en a ensuite commandé deux autres pour les mettre en route.
La défense du droit de grève face à ces mobilisations est une autre des revendications des grèves. « La revendication qui nous unit tous est l’augmentation générale des salaires », a déclaré Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT. Les organisateurs n’appellent pas explicitement à une « grève générale », mais à une « mobilisation interprofessionnelle ». Parmi les secteurs où des débrayages ont également été annoncés figurent les ports, les transports routiers, les centrales nucléaires, le commerce et les services.
Pour compenser l’impact des pénuries de carburant, le gouvernement a annoncé qu’il prolongerait jusqu’au 15 novembre la remise existante de 30 cents par litre de carburant, à laquelle s’ajoutera une réduction de 20 cents par TotalEnergies pour la même période. Le gouvernement a demandé aux entreprises telles que TotalEnergies, qui enregistrent des bénéfices considérables en raison de la hausse des prix due à la crise, d’augmenter les salaires. Dans le même temps, il a exhorté la CGT à renoncer aux blocages, arguant que les autres syndicats ont déjà obtenu des augmentations de salaire dans les raffineries.
Le conflit dans les raffineries et dans d’autres secteurs, reflète les divisions entre les syndicats. Le plus grand syndicat de France, la CFDT modérée, ne s’y est pas associé. « Faire du grabuge pour faire du grabuge n’a jamais servi à personne », a prévenu Laurent Berger, son secrétaire général. Dans les chemins de fer, le deuxième syndicat du secteur, l’UNSA, ne participe pasé également à la manifestation. Les organisateurs de la grève interprofessionnelle sont la CGT, la FSU, Solidaires et Sud. La crainte de l’Elysée est pour l’instant que les files d’attente dans les stations-service se multiplient, qu’à cela s’ajoute une nouvelle grève prolongée dans les transports, et que la colère des Français ne soit pas dirigée contre les syndicats bloqueurs, mais contre le président. Surtout s’ils finissent par ruiner leurs vacances.
« Je suis du côté de nos compatriotes, qui vivent des moments difficiles et en ont assez de cette situation », a déclaré Macron. Et il a promis de la résoudre : « Nous continuerons à faire tout notre possible ». Le gouvernement n’a cependant pas osé annoncer une date pour le rétablissement de l’approvisionnement et de l’ordre dans les stations-service. La nouveauté, par rapport aux conflits sociaux précédents, est le contexte international et économique : la guerre en Ukraine et l’inflation. Et le contexte politique : depuis les élections législatives de juin, les Macroniens n’ont pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale, bien qu’ils forment le plus grand bloc de députés. Ils sont maintenant confrontés à leur premier véritable obstacle à la chambre : l’opposition oppose son veto au budget, bien que les rangs du président ne soient pas non plus enclins à accepter des accords. Le résultat est que cette semaine, le gouvernement prévoit d’imposer le budget par décret, en utilisant l’article 49.3 de la Constitution. La seule façon pour l’opposition d’arrêter le budget est de déposer une motion de censure contre la première ministre, Élisabeth Borne.

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