Les femmes travailleuses pauvres ; un phénomène en voie d’élargissement

Remy Legaros
4 Min Read
Manifestation à Toulouse, lors de la journée internationale des droits des femmes.

A l’occasion de la sortie du dernier film de François Ruffin, nous avons décidé de jeter un coup d’œil à la situation des femmes en France : un vrai désastre !

Avec Gilles Perret, l’élu insoumis de la Somme réalise Debout les femmes qui alerte sur la précarité des femmes occupant un métier dit du lien et du soin. Selon François Ruffin, c’est juste parce qu’ils sont dits “féminins” que ces métiers sont dévalorisés. Ils sont cependant pratiqués par environ trois millions de personnes en France et leur rôle est indispensable à l’équilibre de la base de la société. Avec le vieillissement de la population, un tel métier (aide à domicile) risque d’être de plus en plus nécessaire et devenir un véritable pilier dans l’économie de service. Malgré la condition de ces femmes et de leur métier qui est de plus en plus médiatisée et que ce film leur donne un coup de projecteur, la marche est encore longue.

 Alors que dans notre pays, les hommes gagnent 28,5% de plus, ne font que 20% des tâches ménagères et représentent 73% des députés à l’Assemblée Nationale, 83000 femmes sont les victimes d’agression sexuelle par an, une femme meurt tous les 2 jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Comment justifier ces différences qui subsistent malgré l’égalité en droits ?

Plus d’une sur quatre qui travaille est pauvre

Selon l’Insee, la plupart des personnels de 12 familles professionnelles qui sont financièrement et socialement dévalorisées, sont les femmes. Les métiers que leurs qualifications et leur pénibilité ne sont pas reconnues. Les employé(e)s de maisons, les assistant(e)s maternelles, aides à domicile et aides ménagères, les secrétaires et secrétaires de direction demeurent à plus de 95 % des femmes. Ce sont aussi des secteurs où les emplois sont précaires : les chiffres sont bien clairs. ! 78 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes, et 70 % pour les contrats à durée déterminée (CDD) et les intérims. Comme le rapport d’Oxfam France en 2018, le phénomène des « travailleuses pauvres » est purement augmenté chez les femmes qui sont particulièrement les mères de familles monoparentales : plus d’une sur quatre qui travaille est pauvre.

Le secteur du soin, qui consiste les métiers de la santé, de l’éducation, de l’aide à la personne, du travail social ou encore de la propreté, est en majorité féminin et confronté avec des risques physiques. En même temps ces risques ne sont malheureusement pas valorisés car les salaires dans ces secteurs sont notamment bas. Ainsi d’après l’OCDE, le salaire moyen d’un(e) aide-soignante français(e) était parmi les plus bas d’Europe.

Au contraire du secteur du soin, les femmes sont aujourd’hui sous-représentées parmi les cadres de l’industrie (25%), dans la construction et les travaux publics (19%) et dans l’armée, les pompiers (14%) et la police. Les femmes sont les grandes absentes pour occuper des postes à responsabilités : seulement 40% des cadres, 29% des PDG. Elles ne sont que 18,4 % à siéger dans les comités exécutifs des 120 plus grandes entreprises françaises. Ce qui montre l’intention des employeurs à l’embauche des hommes pour des postes à responsabilité.

Comme on pouvait s’y attendre, il existe les mêmes inégalités quand l’heure de la retraite arrive. Le système de retraite actuel est le reflet des inégalités qu’ont subies les femmes tout au long de leur vie professionnelle. Aujourd’hui, les femmes touchent en moyenne des pensions inférieures de 42 % à celles des hommes, 26 % si on prend en compte la pension de réversion.

Share This Article
Leave a comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *