Les Etats du Sahel (AES) et la relation avec la CDEAO, UEMOA la France et les Yankees.

Francoise Riviere
10 Min Read

eIntroduction

L’Alliance des Etats du Sahel (AES) sont des pays qui ont partagés la même zone géographique du Sahel, les trois états voisins sont, non seulement dirigés par des militaires, mais font face à la même menace terroriste, coloniale occidentale, et CEDEAO qui l’instrument occidental de la mainmise économique sur le continent. C’est ainsi que le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont décidé de mutualiser leurs forces afin de faire face aux défis communs.

Dans sa forme actuelle, il couvre une superficie environ de trois cent soixante-dix mille kilomètres carrés, c’est un espace économique qui dispose d’énormes potentialités agropastorales et minières.

Le retrait de AES de la CEDEAO est révolutionnaire, et une façon de désarmer la France

La CEDEAO est une organisation dirigée par la France et ses acolytes en Afrique occidentale tout juste pour empêcher les Etats-nations africains de disposer pleinement de leur droit à la souveraineté économique et politique. Sa dissolution s’avère tout autant nécessaire que révolutionnaire pour le bien être des Etats de cette région.

Près d’un demi-siècle après le mouvement de décolonisation qui a tendu sans grand succès à affranchir l’Afrique occidentale du joug colonial et a en transformer le visage, la région reste fragmentée entre des ingérences politiques occidentales et une économie ligoté par le libéralisme occidentale. La progression vers la coopération est lente en raison d’une grande diversité linguistique largement héritée de la colonisation, qui au nom d’unification et de regroupement, a davantage atomisé la zone y implantant les germes d’interminables crises et frictions.

Est venue ensuite la dite « coopération militaire française » qui a constamment  viser à maintenir une présence militaire permanente dans la région, non pas pour intervenir en cas de danger afin de rétablir la paix et la sécurité et assurer la défense des États mais plutôt pour protéger  les agents français, ainsi que des intérêts économiques et stratégiques de Paris. Et dans ce schéma,  la CEDEAO a toujours eu sa part de contrat à remplir.

Prenons le cas de la crise ivoirienne de 2002 qui illustre parfaitement les limites de la force de la CEDEAO à titre d’une organisation propre à servir les intérêts africains. En 2002 et alors même que la Côte d’Ivoire plongeait dans la guerre civile, l’occasion d’appliquer le concept RECAMP n’a pas été saisie. L’organisation s’est montrée  incapable de présenter des options militaires viables pour garantir la sécurité dans la sous-région, et les intentions d’intervention pour la paix ne se sont pas concrétisés comme il fallait, puisque  la France ne l’avait pas voulu.

Cet exemple est extensible à l’ensemble des pays de la région. Selon le général burkinabé Kassoum Coulibaly, la CEDEAO “s’est détournée de son objectif principal d’être au service des peuples, ce qui justifie amplement notre décision de retrait qui est irréversible ». C’est cette logique qui a convaincu les trois Etats de l’Alliance des Etats du Sahel  de dénoncer l’instrumentalisation de la CEDEAO, et décider d’en claquer les portes. Pour les trois pays victimes directes des politiques interventionnistes de Paris tant bien au niveau économique qu’en termes sécuritaires et militaires il s’agit d’une « décision mûrement réfléchie » et répondant à des aspirations de « souveraineté totale ». Mais la CEDEAO est-elle la seule caisse de résonance des intérêts occidentaux a travers le continent ?

L’ UEMOA ligote et asservit les pays africains

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est une organisation régionale dont la mission est en apparence de « réaliser l’intégration économique entre les États membres, en renforçant la compétitivité des activités économiques » dans le cadre d’un « marché ouvert et compétitif et d’un environnement juridique rationnel et harmonieux ». Créée à Dakar (Sénégal) le 10 janvier 1994, elle est basée à Ouagadougou (Burkina Faso). Mais quelle est sa vraie mission ? Asservir monétairement l’Afrique.  Cette monnaie présentée par l’État français comme un symbole de la coopération apparaît de plus en plus pour ce qu’elle est : un symbole provocateur d’une dépendance coloniale qui outre le CFA possède d’autres outils : la dette, l’Accord de Partenariat Économiques (APE), les accords de défense, la francophonie.  Tandis que les autres monnaies africaines symbolisent la rupture avec la colonisation et l’indépendance acquise au début des années 1960 par leur nom (naira au Nigeria, cedi au Ghana, dinar en Afrique du Nord), la monnaie qui circule de Dakar à Yaoundé en passant par Abidjan, Lomé, Bamako et Malabo continue de faire référence au colonisateur

En effet, la zone Franc d’avant comme d’après les indépendances est régie par les mêmes cinq règles impératives donnant le contrôle des politiques économiques des pays de la zone franc à Paris.

 

La première règle est celle de « la centralisation des réserves de changes » par la banque de France. C’est-à-dire l’obligation de déposer une partie essentielle des réserves en devises des pays de la zone franc (65 % jusqu’en 2005 et 50 % depuis) à la Banque de France. Ces réserves ne sont plus à la libre disposition d’États pourtant officiellement souverains. Ces dépôts sont placés au profit de l’économie française et produisent des intérêts. Le contrôle de la moitié des recettes des pays africains est ainsi mis au service de l’économie française.

 

La seconde règle est celle de la parité fixe entre le franc CFA et le Franc puis depuis la mise en place de l’Euro avec celui-ci. La valeur du Franc CFA par rapport aux autres monnaies (dollars, Yen, etc.) varie selon des pourcentages égaux à ceux des variations entre l’euro et les autres monnaies. Quand l’euro baisse ou monte par rapport au dollar par exemple, le Franc CFA fait de même. Il s’agit de fait d’une véritable négation des économies africaines. Les pays de la zone Franc sont privés de la possibilité d’agir sur le taux de change de leur monnaie.

 

La troisième règle est la libre transférabilité. Il n’y a donc avec cette règle aucune limite aux transferts d’argent vers l’Europe et la France. Le pillage est légalisé. Les bénéfices réalisés dans la zone sont rapatriés vers l’Europe faisant de l’Afrique un financeur de l’Europe en général et de la France en particulier. Le rapatriement devient la règle et le réinvestissement sur place l’exception.

 

La quatrième règle est avancée comme la contrepartie positive des trois précédentes. Ces trois règles sont posées comme des conditions pour « bénéficier » de cette dernière : la garantie de convertibilité illimitée par le trésor français. Si un État de la zone Franc est dans l’impossibilité d’assurer le paiement en devise de ses importations, le trésor français s’engage à le suppléer en fournissant les devises manquantes. Toute personne disposant de Franc CFA a la garantie de pouvoir les convertir en devises. Cette convertibilité n’est, comble du cynisme, pas valable pour les différents francs CFA entre eux avec un effet logique de découragement des échanges inter-africains.

 

La dernière règle instaure la dépendance directe par la cogestion des deux banques centrales africaines de la zone : la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale) et la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest). Quatre administrateurs français siègent au conseil d’administration de la BEAC et deux à la BCEAO. Surtout l’unanimité est exigée pour toute décision importante.

La question qui se pose est des lors la suivante : à qui profite l’UEMAO, aux Africains ou à la France ? La réponse est claire et justifie amplement la décision de AES de se tourner le dos a ces organisations pseudo-africaines et de chercher à créer une monnaie unique.

 

Conclusion

L’independence africaine en génerale et sahélienne en particulier ne pourrait avoir lieu sans que les carcans du vieux colonialisme ne soit secoués avant d’être brisés en morceaux. C’est à cette tache que s’attèlent le Mali, le Burkina Faso et le Niger en ayant décidé de mutualiser leurs forces afin de faire face aux défis politiques et économiques qu’ils partagent. Une première etape serait de quitter les organisations qui au nom de l’africanisme, verrouillent la pratique du droit des pays du continent a exercer leur souveraineté politique et économique et en faire un terrain pour des ingerences gratuites des occidentaux. Le retrait de ces pays de la  CEDEO et de l’UEMOA est donc une décision fondatrice d’une ère nouvelle.

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