Huit des douze candidats à l’élection présidentielle française ont participé à une émission de télévision intitulée La France face à la guerre, diffusée lundi soir sur TF1. Une sorte de grand oral portant majoritairement sur la crise russo-ukrainienne et ses impacts sur la vie quotidienne du pays, notamment en matière de pouvoir d’achat. Les autres candidats ont vu l’occasion de remettre en question le bilan du président afin de mieux présenter leurs projets.
Contrairement à un débat, chaque candidat avait 15 minutes pour présenter sa propre position par rapport à la crise ukrainienne, qui a fortement marqué la campagne électorale. Le président français Emmanuel Macron et ses sept principaux challengers à la prochaine élection présidentielle ont été interrogés lundi soir lors du premier débat télévisé avant le vote du 10 avril. L’émission de trois heures, présentée par TF1 était la première de trois émissions télévisées avant le premier tour de l’élection le 10 avril, lorsque le groupe de 12 candidats à la présidence sera réduit à deux seulement.
Ce débat porte essentiellement sur des questions telles que les relations avec le président russe Vladimir Poutine, le rôle de l’Europe, l’énergie et le prix des carburants, le pouvoir d’achat ou la retraite. Un à un, les candidats ont été confrontés à des questions posées par deux journalistes. Ces journalistes étaient chargés de veiller à ce que le timing soit parfaitement contrôlé.
Ce nouveau débat télévisé a été lancé par les brèves présentations des candidats. L’ordre de passage des candidats a été déterminé par tirage au sort auparavant. Dans cette rapide introduction, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, promettant de rendre aux Français leur « pouvoir d’achat, en sauvant notre système de protection sociale ». Elle a également ajouté : « je vous rendrai votre pays ».
L’invasion de l’Ukraine par la Russie ; la première occupation de la campagne présidentielle française
Quand Emmanuel Macron prend la parole, il refuse de se couper en deux et estime qu’il est à la fois président et candidat. Evoquant d’abord ses efforts diplomatiques pour tenter de résoudre la crise internationale et mettre un terme à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le chef de l’Etat a affirmé vouloir essayer d’arrêter la guerre et obtenir un cessez-le-feu au plus vite que possible. En attendant de parvenir à une solution paisible, il a en même temps souligné qu’il était prêt à accueillir au moins 100.000 réfugiés voire plus, et a affirmé que tout est possible en termes de sanctions contre Moscou.
Le président-candidat a obtenu jusqu’ici environ 30% des intentions de vote, selon les derniers sondages d’opinion. “Ce que j’essaie de faire au nom de la France, c’est ce que tous les Européens essaient de faire, c’est-à-dire arrêter cette guerre sans entrer en guerre”, a-t-il déclaré au public, ajoutant qu’il faisait pression pour un cessez-le-feu, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a amené les questions internationales au premier plan de la campagne présidentielle française, ce qui a bouleversé la campagne dans laquelle trois des cinq principaux candidats étaient d’ardents opposants à l’alliance transatlantique dirigée par les États-Unis. La guerre a offert aux partis d’extrême-droite français – dont les candidats sont en difficulté dans les sondages, une nouvelle occasion de s’en prendre à certains de leurs rivaux les plus radicaux et de les accuser de s’allier avec le Russe Vladimir Poutine tout en méprisant l’OTAN.
Éric Zemmour ; « Poutine français »
Les critiques se sont concentrées sur un trio de candidats à l’élection présidentielle, les rivaux d’extrême droite Marine Le Pen et Éric Zemmour, ainsi que le candidat de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui se situent respectivement en deuxième, troisième et quatrième position dans les sondages et sont souvent regroupés en raison de leur discours « souverainiste », malgré leurs désaccords sur de nombreux sujets.
Sur la guerre en Ukraine, Jean-Luc Mélenchon a défini son attitude de non-aligné, expliquant qu’il avait mis en garde par tous les moyens depuis 2014 contre les risques d’un conflit. Il a également souligné sa position selon laquelle lorsque les Américains ont dit « nous allons emmener l’OTAN aux portes de la Russie », j’ai dit « danger ». Bien que Mélenchon n’ait pas d’affinités avec le chef d’Etat a Kremlin, il s’est joint par le passé à ses rivaux pour minimiser la menace de Moscou, tout en accusant l’OTAN de semer le trouble.
Le candidat d’extrême droite Éric Zemmour de la partie Reconquête, qui a dit autrefois qu’il rêvait d’un « Poutine français », a affirmé qu’il était contre l’invasion. Il a déclaré que l’invasion avait détourné l’attention de l’un des problèmes intérieurs de la France, l’immigration. Il a également réitéré sa promesse de quitter l’OTAN.
Yannick Jadot : « Nous installerons des panneaux solaires partout pour produire notre électricité »
Valérie Pécresse est interrogée sur l’adhésion de nouveaux Etats membres à l’Union européenne, elle a déclaré sa non-volonté à un nouvel élargissement européen. Elle a d’ailleurs insisté sur la nécessité d’une réforme dans cette Union, précisant qu’il ne faut pas se donner de faux espoirs aux Ukrainiens. La candidate de parti Les Républicains a admis qu’elle aurait pu éviter la guerre. Sur la question de la flambée des prix du carburant, Valérie Pécresse a plaidé pour que la transparence soit faite afin de savoir combien l’Etat gagne. Il a insisté sur ce fait que cet argent doit être rendu et que l’Etat n’a pas à le prendre à cause de cette crise. Enfin, sur les retraites, elle souhaite, comme Emmanuel Macron, porter l’âge de la retraite à 65 ans : « Je pense qu’il a écouté mon programme et j’en suis heureuse », conclut-elle.
Selon le leader des Verts Yannick Jadot, Poutine a toujours été un dictateur. Jadot a décrit le leader russe comme une personne qui a toujours promis la mort à ceux qui se battaient pour la liberté et qui a toujours promis la guerre aux pays qui se battaient pour la démocratie, déplorant la complaisance de l’Occident face à Poutine en raison de notre dépendance aux sources énergétiques russes.
Il a insisté sur la nécessité de traquer les millionnaires russes et de faire pression pour un embargo sur le gaz et l’essence. Jadot, qui obtient un score d’environ 5 %, a promis de réduire la consommation de gaz de la France jusqu’à 15 % afin d’étrangler l’économie russe. « Nous installerons des panneaux solaires partout où nous le pourrons pour produire notre électricité et coordonnerons les achats de gaz au niveau européen », a ajouté le candidat écologiste, qui a juré de sortir progressivement du nucléaire.
Le candidat communiste a averti des répercussions économiques pour les Français
Fabien Roussel, candidat communiste, a déclaré qu’il n’était pas venu dire aux Français que la vie était dure. Condamnant l’invasion russe en Ukraine et appelant à “la pression la plus forte”, le candidat communiste a averti des répercussions économiques pour les Français. Il ne souhaite donc pas d’embargo sur le gaz russe. Autre sceptique de l’OTAN, il a semblé atténuer son envie de quitter l’Alliance de l’Atlantique Nord, invitant plutôt à un plan sur la construction d’un autre cadre de sécurité collective pour l’Europe.
La maire de Paris qui a été interrogé à propos de ses propos concernant la complaisance des autres candidats à l’égard de la Russie, Anne Hidalgo a rappelé que la situation nécessitait de la clarté. Elle a souligné qu’il n’est pas possible de se manifester complaisant avec un dictateur. Cette guerre pose la question de la dépendance aux énergies fossiles et le bilan d’Emmanuel Macron n’est pas défendable sur ce sujet. La candidate socialiste est ensuite entrée dans le détail de son programme, proposant de baisser la TVA sur l’essence à 5,5% afin de geler le prix au moins pendant cette période exceptionnelle. Pour elle, on n’oppose jamais l’écologie et le social. Sur la question des retraites, elle veut maintenir l’âge de la retraite à 62 ans et proposer un départ même avant 60 ans pour les personnes qui ont une occupation difficile.