La campagne présidentielle française a officiellement démarré lundi, 13 jours seulement avant le début du scrutin, avec Emmanuel Macron, 44 ans, un ancien banquier d’affaires centriste qui fera face à ses rivaux. Alors que les sondages suggèrent que Macron est le favori avant l’élection à deux tours des 10 et 24 avril, de nombreux électeurs restent indécis quant à savoir s’ils vont voter et pour qui, de sorte que le résultat reste incertain. La réélection d’Emmanuel Macron étant très probable, il est absolument important de jeter un coup d’œil sur son programme économique et social et sur les conséquences pour la croissance économique et les finances publiques.
Le principal point de l’agenda économique de Macron est la réforme du système de retraite. La réforme prévoit de faire passer l’âge de la retraite de 62 à 65 ans, ainsi que de verser un minimum de 1 100 euros par mois lorsque la retraite est complète. Outre la réforme du système de retraite, Macron souhaite soutenir l’emploi et la croissance économique en réduisant l’impôt sur les sociétés d’environ 7 milliards d’euros. Le revenu des ménages sera soutenu par une autre réduction d’impôts de 7 milliards d’euros.
Macron souhaite augmenter les dépenses consacrées à l’éducation
Du côté des dépenses, Macron souhaite augmenter les dépenses consacrées à l’éducation (de 12 milliards d’euros), à la transition énergétique (10 milliards d’euros), aux soins de santé (8 milliards d’euros) et aux familles et aux enfants (5 milliards d’euros). Les coûts supplémentaires totaux de 50 milliards d’euros (soit 2 % du PIB) ne devraient pas, selon ses plans, entraîner une augmentation de la dette publique, mais seront financés par les bénéfices de la réforme des retraites, une croissance économique supplémentaire et des économies dans l’administration publique (réformes et efficacité accrue). Alors qu’au cours de son premier mandat, Macron s’était clairement fixé pour objectif de limiter le déficit budgétaire au maximum de 3 % fixé par la CE, il est moins explicite sur cette question cette fois-ci, se contentant de mentionner qu’il souhaiterait ramener le solde budgétaire à -3 % vers 2027.
Macron pourrait être confronté à l’obstacle de ne pas avoir de majorité parlementaire à l’issue des élections législatives. Dans le système politique semi-présidentiel français, si le parti d’un président est différent de celui de la majorité des membres du Parlement, le gouvernement est divisé, on parle de « cohabitation ». Un tel scénario n’est pas à exclure en cas de victoire de Macron. Dans ce cas, le président peut devenir une figure marginale de la politique nationale, même s’il conserve la prééminence dans les domaines des affaires étrangères et de la sécurité nationale. Dans ce cas, la mise en œuvre des réformes devient très difficile.
Les réformes prévues du système de retraite pourraient augmenter la croissance du PIB à plus long terme
L’impact des plans politiques de Macron sur la croissance économique et les finances publiques en 2022-2023 devrait être relativement limité. Néanmoins, les réformes prévues du système de retraite et les mesures visant à stimuler l’emploi pourraient augmenter la croissance potentielle du PIB à plus long terme et contribuer à améliorer les finances publiques. À l’instar de ce qui s’est passé dans d’autres pays, les finances publiques de la France se sont considérablement détériorées pendant la pandémie, le solde budgétaire se détériorant de -3,1 % du PIB en 2019 à -9,1 % en 2020 et le ratio d’endettement passant de 97,5 % à 115 %. Le déficit budgétaire devrait diminuer sensiblement en 2021-23 grâce à la reprise économique et au dénouement des mesures de soutien temporaires liées à la pandémie.
Néanmoins, le déficit devrait avoisiner les 4 % en 2023, ce qui est bien supérieur à la limite de 3 % fixée par la Commission européenne (bien qu’il existe un soutien croissant en Europe en faveur d’une modification de ces règles). Le ratio d’endettement devrait diminuer légèrement au cours des prochaines années. Par rapport aux autres grands pays de la zone euro, le ratio d’endettement de la France devrait être bien supérieur à celui de l’Allemagne (environ 70 %) en 2023, mais inférieur à ceux de l’Italie et de l’Espagne (environ 150 % et 120 %, respectivement).
une réélection de Macron et le risque de représenter la poursuite des politiques macroéconomiques de son quinquennat actuel
Les marchés financiers n’ont pas prévu de changements radicaux dans la politique française. L’écart de rendement des obligations à 10 ans par rapport à l’Allemagne s’est quelque peu creusé ces dernières semaines, mais cela s’explique par un mouvement général vers les valeurs refuges lié à l’escalade du conflit Ukraine-Russie. L’écart de la France ne s’est pas élargi davantage que celui de ses pairs.
Cela contraste avec les événements d’il y a cinq ans, lorsqu’Emmanuel Macron est entré dans la course pour la première fois et que les sondages montraient qu’il était au coude à coude avec Marine Le Pen, qui menait alors une campagne anti-euro. En effet, l’écart de la France par rapport à l’Allemagne a fortement augmenté dans les mois précédant ces élections et a diminué après les résultats. Compte tenu de la victoire probable d’Emmanuel Macron cette année et de sa forte avance dans les sondages, nous pensons que l’impact de l’élection sur les marchés financiers restera modeste.
Enfin, une réélection de Macron devrait représenter la poursuite des politiques macroéconomiques de son quinquennat actuel, axées sur des réformes du marché du travail favorables aux entreprises. Plus particulièrement, les réformes controversées des retraites, qui ont déclenché des protestations massives dans tout le pays et ont été rapidement mises en attente en raison de l’apparition de la pandémie de Covid-19, devraient se poursuivre s’il est élu.
De même, son programme de politique étrangère devrait placer la France au centre de la politique internationale, avec le maintien des sanctions économiques contre la Russie et une position largement pro-UE. Cela dit, une série de crises consécutives – notamment le mouvement de protestation des « gilets jaunes », la pandémie et la guerre entre la Russie et l’Ukraine – ont continuellement contraint M. Macron à adopter une position budgétaire expansionniste, et il sera difficile d’évaluer dans quelle mesure il sera en mesure de réaliser ses projets à l’avenir.
Macron est parvenu à conserver une confortable avance sur ses adversaires au cours des derniers mois
L’électorat français se rendra aux urnes pour voter à une élection présidentielle à laquelle participeront 12 candidats issus de tous les horizons politiques, du communiste d’extrême gauche Fabien Roussel au nationaliste d’extrême droite Eric Zemmour. Dans une campagne très volatile centrée sur le pouvoir d’achat, l’inflation, les prix élevés de l’énergie et la reprise économique post-pandémie, la dernière ligne droite de la Présidentielle 2022 sera apparemment définie par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le déclenchement de la guerre dans l’est de l’Europe a une fois de plus mis en avant le rôle de la France sur la scène internationale.
D’après la plupart des sondages, le président Emmanuel Macron est parvenu à conserver une confortable avance sur ses adversaires au cours des derniers mois, après avoir bénéficié d’une forte hausse de l’opinion publique ces dernières semaines pour son rôle d’intermédiaire pendant le conflit. Marine Le Pen, trois fois candidate à la présidence, occupe la deuxième place. Cela dit, Jean-Luc Mélenchon, du Parti de Gauche, est apparu comme un concurrent de dernière minute, en troisième position, suivi de près par Valérie Pécresse et Éric Zemmour. Bien que les électeurs indécis – qui représentent environ 40 % de l’électorat – et un taux d’absentéisme important seront des facteurs significatifs et potentiellement décisifs, la plupart des experts s’attendent à un déjà-vu du second tour des élections présidentielles de 2017 entre Macron et Le Pen.
Le Pen a largement adouci sa position sur un éventuel « Frexit »
En revanche, si Marine Le Pen, du Rassemblement national, sort victorieuse, le résultat devrait être plus spéculatif. Bien qu’elle penche vers l’extrême droite et sur les questions de l’immigration, les dépenses de défense et les affaires internationales, ses propositions pour les élections de 2022 comprennent un large éventail de programmes fiscalement expansionnistes. Il s’agit notamment de hausses importantes du salaire minimum, d’exonérations fiscales pour les personnes de moins de 30 ans et de réductions considérables des taxes sur l’énergie et l’essence pour compenser l’inflation galopante. En termes de politique étrangère, Le Pen a largement adouci sa position sur un éventuel « Frexit ». Néanmoins, ses projets incluent des restrictions à la libre circulation des personnes au sein de l’espace Schengen, le retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN et un assouplissement des sanctions économiques à l’encontre de la Russie, principalement pour contrer leurs répercussions sur les consommateurs français.