Alors que l’offensive israélienne continue de commettre des crimes de guerre contre les Palestiniens, la campagne de boycott des produits israéliens et des marques pro-israéliennes s’étend de plus en plus en Europe.
Depuis la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) engagée en 2010, différentes actions sont menées par des militants pro-palestiniens, appelant au boycott de produits israéliens pour protester contre l’occupation des territoires palestiniens et les atteintes aux droits de l’homme commises dans ces mêmes territoires.
Ces actions se sont traduites par plusieurs interventions dans différents points de vente, destinées à sensibiliser à cette cause les consommateurs, incités à acheter des produits autres que ceux fabriqués en Israël.
Depuis la création de la branche française du mouvement BDS, les autorités s’en sont inquiétées. Elles ont tenté de l’interdire, mettant en avant les troubles à l’ordre public et les appels mal masqués à la haine et à la violence. Depuis lors, il y a une intense bataille juridique autour la légalité ou pas du BDS. La France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme.
Plusieurs marques israéliennes et occidentales sérieusement touchées
Depuis le début des frappes aériennes d’Israël sur la bande de Gaza, les appels au boycott des produits israéliens et de certaines marques accusées de soutenir l’armée israélienne se sont multipliés. Carrefour a été spécifiquement ciblé après avoir fourni de la nourriture aux soldats via la société Electra Consumer Products, qui gère les magasins franchisés du groupe français en Israël. D’autres marques telles que Coca-Cola, Sodastream, McDonald’s, KFC, Starbucks, Burger King et Puma ont également été prises pour cible.
Voulant exercer encore plus de pression, c’est au tour des produits halals en France d’être bannis. Des internautes n’ont pas caché leurs inquiétudes quant aux liens supposés entre les propriétaires de ces marques dites halal et l’entité sioniste, craignant que leurs achats ne nuisent à la cause palestinienne.
Pepsi, KFC, L’Oréal, Carrefour, Disney, Giorgio Armani… La liste est longue. Plus de 150 marques, recensées par le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), sont accusées de soutenir Israël dans sa guerre contre les Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie occupée.
Cette liste n’est pas nouvelle, mais depuis le début de la nouvelle phase dans le conflit, le 7 octobre, les appels au boycott se sont faits plus nombreux et plus forts, et ont trouvé sur les réseaux sociaux de précieux relais, notamment sur TikTok.
Boycotter des produits israéliens désormais légal en France
La Cour d’appel de Paris a statué le 14 mars que le boycott des produits israéliens, quand il n’est pas assorti à des appels à la haine, est légal. Une décision qui met fin à 15 ans de batailles judiciaires contre le mouvement BDS.
Cette décision de la Cour d’appel de Paris entérine en fait une décision de la Cour européenne des droits de l’homme qui date de juin 2020. La CEDH avait conclu à l’unanimité que la France avait violé l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit la liberté d’expression, en condamnant 11 militants pour incitation à la discrimination économique. À la suite de la condamnation de la France par la CEDH, la chambre criminelle de la Cour de cassation rattache pour la première fois à la liberté d’expression l’appel au boycott de produits importés d’Israël.
Le mouvement Boycott, Désinvestissements, Sanctions (BDS) contre la colonisation menée par Israël est né en 2005, il se développe en 2009 en France. La justice est alors systématiquement sollicitée pour empêcher les appels au boycott.
En 2015, la France devient l’un des rares pays au monde où il est interdit pour une association d’appeler à boycotter les produits d’un autre pays.
Cette décision redonne de l’espoir au mouvement BDS. Le boycott est efficace de deux façons. C’est mauvais pour l’image des entreprises et la mobilisation des consommateurs pousse les entreprises à se désinvestir de partenariats avec Israël.
Il est maintenant parfaitement clair que l’appel au boycott de produits en provenance d’Israël, pour protester contre le génocide mené par cette entité, est parfaitement légal, dès lors qu’il ne s’accompagne pas d’appels à la haine ou à la violence.
Cent entreprises françaises installées en Israël avec le soutien du gouvernement
On a ainsi affaire à une longue liste d’entreprises françaises complices des crimes coloniaux d’Israël. EDF, Total, Orange, Bouygues, Dior, Renault : on compte cent entreprises françaises présentes en Israël qui cumulent 534 millions de chiffres d’affaires grâce à leur implantation sur le territoire.
Les banques françaises sont, elles aussi, des soutiens actifs de l’activité économique d’Israël. Un rapport explique qu’en 2004 « quatre banques françaises – BNP Paribas, Société générale, LCL (filiale du groupe Crédit agricole) et Natixis (filiale du groupe Banques populaires – Caisse d’épargne) – rassemblées au sein d’un consortium de banques internationales dirigé par Deutsche Bank, ont signé quatre accords de prêts d’une valeur de 288 millions d’euros au profit d’Israël Electric ». Un prêt a permis à Israël Electric d’approvisionner les colonies en électricité. Pire encore, l’entreprise a participé à couper l’électricité dans des territoires en Palestine occupée et notamment à Gaza – grâce à la complicité des banques françaises donc !
Ces institutions financières risquent ainsi d’être impliquées dans de graves violations du droit humanitaire international, d’être complices de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, et de contribuer à des violations des droits de l’homme.
L’implication du patronat français dans la colonisation qu’inflige l’entité israélienne au peuple palestinien va de pair avec le soutien politique et financier du gouvernement français au régime de Tel-Aviv. Depuis 2017, la France a vendu des armes à Israël pour la somme de 111 millions d’euros. Ce soutien sans faille, au-delà des accords commerciaux et diplomatiques, s’accompagne d’une criminalisation brutale du soutien à la Palestine dans l’Hexagone.
Non à la complicité militaire avec Israël
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté vendredi 5 avril une résolution dans laquelle il réclame un embargo sur les armes à destination d’Israël.
Cette résolution internationale, pour laquelle la France, berceau supposé des droits de l’homme, s’est abstenue, souligne « la nécessité de veiller à ce que les auteurs de toutes les violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme rendent compte de leurs actes afin de mettre fin à l’impunité ».
Le rapport annuel sur les exportations d’armes, présenté par le ministère des armées en juillet 2023, établit que depuis 10 ans, la France a vendu pour 208 millions d’euros de matériel militaire à Israël, ce qu’une enquête d’investigation récente illustre avec notamment la livraison en Israël de pièces de munitions fabriquées en France.
Malgré les bombardements intenses, des violations quotidiennes du droit international, les très grandes difficultés pour la population civile de boire, de se nourrir, de se soigner, d’accéder à l’électricité ou au carburant, Israël continue de bénéficier d’un soutien indéfectible des États-Unis et de la majorité des États européens dont la France.
Les livraisons militaires françaises vers Israël sont régulièrement critiquées par la gauche qui réclame un embargo en vertu du traité des Nations unies sur le commerce des armes (TCA), qui interdit aux États la vente d’armes s’ils ont «connaissance » qu’elles pourraient servir à des génocides, crimes contre l’humanité ou attaques contre les civils.
Les appels actuels au boycott des produits israéliens et des entreprises pro-israéliennes cherchent ainsi à pointer la responsabilité des gouvernements occidentaux dans les massacres en cours à Gaza et en Cisjordanie. La lutte pour la justice en Palestine et la solidarité passent par la mobilisation à la base pour faire plier Israël sous le poids des sanctions et du boycott.