Les gouvernements imposent toutes sortes de mesures, depuis le plafonnement des prix de l’électricité, du gaz et du carburant jusqu’aux réductions d’impôts et aux aides directes aux ménages et aux entreprises. La crise énergétique, les problèmes de chaîne d’approvisionnement et la guerre en Ukraine se sont ajoutés à une situation de surchauffe de l’économie mondiale, entraînant une tempête parfaite de hausse des prix. Dans cette lutte contre l’inflation, les gouvernements du monde entier ont recours à des réductions d’impôts, à des aides directes aux ménages et aux entreprises, ou à des limitations des prix de l’énergie ou des exportations de matières premières. Pendant ce temps, les banques centrales optent pour des hausses de taux d’intérêt de plus en plus agressives dans l’espoir de refroidir l’économie. Telles sont quelques-unes des mesures prises par les dirigeants de divers pays dans leur guerre particulière contre la hausse des prix.
La France souffre actuellement de la flambée des prix de l’énergie. Outre la guerre en Ukraine et la hausse des prix du gaz, elle connaît un problème de maintenance de ses centrales nucléaires, l’une de ses principales sources de production. En juillet de cette année, le gouvernement français a annoncé la renationalisation de la compagnie d’électricité EDF, dont il détenait déjà 84 %. En août, le Parlement français a approuvé un ensemble de mesures anticrise d’un montant de 20 milliards d’euros. Cette aide vise à protéger le pouvoir d’achat des Français et comprend, entre autres, une hausse des pensions et des subventions, ainsi qu’une limitation des révisions à la hausse des loyers.
L’Allemagne, première économie de la zone euro, est également l’un des pays qui a pris le plus de mesures anti-inflationnistes. Lestés par sa forte dépendance au gaz russe, les prix de l’électricité s’envolent, entraînant une inflation qui pourrait atteindre deux chiffres d’ici l’automne, selon la Bundesbank. Ses principales actions sont donc axées sur le marché de l’électricité. En juillet de cette année, Berlin a annoncé un renflouement de 257 millions d’euros de la société gazière Uniper, le plus gros client international de la société russe Gazprom. En août, le chancelier Olaf Scholz a donné son feu vert à la baisse de la TVA sur le gaz de 19 % à 7 %. Et ce dimanche, après que la compagnie russe a coupé le flux de gaz jusqu’à la levée des sanctions occidentales, le gouvernement de coalition allemand a annoncé un troisième paquet de mesures anti-crise d’un montant de 65 milliards d’euros. L’aide comprend une augmentation des allocations familiales, une allocation énergétique pour les retraités et les étudiants, et une subvention pour une partie de l’abonnement aux transports publics.
Le président français Emmanuel Macron a récemment visité Algérie dans l’espoir de réparer les relations fracturées avec une nation dont les réserves de pétrole et de gaz revêtent une nouvelle importance stratégique en raison de la crise énergétique qui menace l’Europe. Sa visite intervient après une longue période de tension due à des souvenirs contradictoires de la guerre d’indépendance sanglante de l’Algérie. L’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris à la fin de l’année dernière pour cette raison. Mais les deux pays ont depuis signalé leur désir d’une remise à zéro. Selon l’Élysée, le président Macron a « fait le choix d’orienter cette visite vers l’avenir… et de poser les bases d’une relance de la relation ». Il voyage avec une délégation de 90 personnes composée de ministres, de chefs d’entreprise et de personnalités sportives. En octobre dernier, les tensions diplomatiques se sont exacerbées lorsqu’il a accusé le « système politico-militaire » au pouvoir à Alger d’ « exploiter les souvenirs de la guerre » pour justifier son existence. Un mois plus tôt, la France avait provoqué la colère de l’Algérie, ainsi que du Maroc voisin, en réduisant fortement le nombre de visas de voyage qu’elle délivre. Cette mesure faisait suite à des allégations selon lesquelles les deux pays d’Afrique du Nord faisaient obstacle au rapatriement de leurs ressortissants en situation irrégulière en France.
Le président français, Emmanuel Macron, a également mis au défi le président espagnol, Pedro Sánchez, de le convaincre que l’Europe doit construire le gazoduc MidCat, l’interconnexion gazière entre l’Espagne et la France à travers les Pyrénées, que le dirigeant français considère comme inutile pour faire face à la crise actuelle et nuisible à l’environnement. Macron a déclaré qu’il est « faux, factuellement faux » que le MidCat résoudra les pénuries de gaz et, paraphrasant le général de Gaulle, il a dit ne pas comprendre pourquoi il faut s’agiter et « sauter comme des chèvres pyrénéennes » sur cette question. « Je parle de faits, je ne fais pas de politique », a déclaré Macron pour justifier son opposition à MidCat, lors d’une conférence de presse à Paris, après avoir rencontré par vidéoconférence le chancelier allemand, Olaf Scholz. « Le chancelier Scholz », a-t-il ajouté, « ne m’a pas fourni de faits différents qui m’ont convaincu de la nécessité d’une interconnexion gazière ». Si demain le président Sánchez me dit : « voici les faits », je suis prêt à revoir ma position ».
Les villes de France éteignent les lampadaires et autres éclairages extérieurs pour réduire la consommation d’électricité. Alors que la Russie resserre son étau sur les approvisionnements énergétiques de l’Europe, la France se lance dans son plus grand effort d’économie d’énergie depuis la crise pétrolière des années 1970. Le gouvernement du président Emmanuel Macron appelle les Français à se préparer à une nouvelle ère de « sobriété énergétique » pour faire face à la menace d’un hiver rigoureux, tout en rassurant les ménages et les entreprises sur la capacité du gouvernement à les protéger. « Nous avons été confrontés à une série de crises, toutes plus graves les unes que les autres », a déclaré Macron dans un discours télévisé à la nation à la fin du mois dernier. « Le tableau que je peins est celui de la fin de l’abondance », a-t-il ajouté. « Nous avons atteint un point de basculement ». L’effort national appelle les entreprises et les particuliers à adopter la conservation de l’énergie en augmentant le covoiturage, en abaissant les thermostats et en éteignant les panneaux publicitaires lumineux la nuit, pour n’en citer que quelques-uns, ou à faire face au risque de pannes de courant ou de rationnement de l’énergie.