L’Allemagne prévoit d’acheter jusqu’à 35 avions de combat F-35 de fabrication américaine et 15 Eurofighters Typhoon dans le cadre d’un vaste effort de modernisation des forces armées en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’avions F-35 fabriqué par Lockheed Martin contribueraie à remplacer la flotte allemande de Tornado, vieille de plusieurs décennies, selon des rapports médiatiques confirmés par la source. Les Tornados sont les seuls avions à réaction capables de transporter des bombes nucléaires américaines stationnées en Allemagne, qui constituent un élément clé de la dissuasion de l’OTAN. Les jets furtifs F-35 de Lockheed sont considérés comme les avions de combat les plus modernes au monde. Leur forme et leur revêtement uniques les rendent plus difficiles à détecter par les radars ennemis.
Les Eurofighters Typhoon supplémentaires que l’Allemagne envisage d’acheter, fabriqués par un consortium comprenant Airbus, seraient utilisés pour d’autres opérations, notamment des missions de guerre électronique et d’escorte. Le mois dernier, le chancelier allemand Olaf Scholz a promis d’investir 112 milliards de dollars dans la Bundeswehr, qui souffre d’un sous-financement constant.
La décision pourrait également contrarier la France. Paris a suivi les délibérations de l’Allemagne sur le F-18 ou le F-35 plus avancé, craignant qu’un accord ne compromette le développement d’un avion de combat franco-allemand commun qui devrait être prêt dans les années 2040.
Cette nouvelle initiative suscite toutefois des questions quant à l’avenir du « Système de combat aérien du futur » (FCAS) franco-allemand de prochaine génération. Paris a déjà fait part de ses craintes qu’une commande allemande d’achat de F-35 puisse rendre le projet FCAS, qui doit constituer l’épine dorsale des forces aériennes des deux pays après 2040, inutile.
L’approchement de deux pays à la suite du Brexit
Le programme a été entravé par les divisions entre les deux principaux partenaires industriels, le français Dassault et le paneuropéen Airbus. Éric Trappier, directeur général de Dassault, a récemment déclaré qu’il avait retiré ses ingénieurs du programme jusqu’à ce que son entreprise puisse se mettre d’accord avec Airbus et l’entreprise espagnole Indra sur les prochaines étapes.
La France et l’Allemagne se rapprochent ces dernières années en matière de politique de défense à la suite du Brexit et des critiques du président Trump à l’égard de l’OTAN. Le traité d’Aix-la-Chapelle récemment signé engage les deux nations à de nouveaux niveaux de coopération en matière de défense et de politique étrangère.
Dans son discours de février, Scholz a essayé de répondre aux inquiétudes concernant l’inutilité du projet, en déclarant que le projet européen commun était une « priorité absolue ». Mais la Bundeswehr doit remplacer à court terme sa flotte de Tornado, vieille de 40 ans, car elle est devenue « obsolète », a ajouté le chancelier. Le projet allemand d’achat de jets est également une mauvaise nouvelle pour le géant américain de l’aviation Boeing, dont les chasseurs F-18 étaient considérés comme les favoris pour remplacer les Tornados. Bien que moins cher que les F-35, le F-18 aurait dû être recertifié pour pouvoir transporter des armes nucléaires. Il n’y a pas eu d’indication immédiate sur le prix des nouveaux jets de combat de l’Allemagne. Mais la Finlande a commandé 64 avions à réaction F-35A en décembre, dans le cadre d’un contrat d’une valeur de 8,4 milliards d’euros.
Un projet de budget pour 2022 dévoilé lundi a confirmé les ambitions dépensières de l’Allemagne
Dans ce même discours historique prononcé à la fin du mois dernier, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est engagé à investir 100 milliards d’euros (112 milliards de dollars) supplémentaires dans les forces armées de la Bundeswehr, qui souffrent d’un sous-financement chronique. Cette augmentation des dépenses marque un revirement majeur pour la première économie d’Europe, qui met fin à sa politique de discrétion militaire, en partie par culpabilité vis-à-vis de la Seconde Guerre mondiale. Après des années de critiques selon lesquelles le pays n’assumait pas suffisamment la charge financière de l’alliance militaire de l’OTAN, Scholz s’est également engagé à consacrer annuellement « plus de deux pour cent » du produit intérieur brut de l’Allemagne à la défense, dépassant ainsi l’objectif de deux pour cent fixé par l’OTAN.
Ce changement a été motivé par le retour de la guerre sur le continent européen à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, qui a ébranlé le sentiment de sécurité de l’Allemagne et braqué les projecteurs sur l’état de ses forces armées. Un projet de budget pour 2022 dévoilé lundi a confirmé les ambitions dépensières de l’Allemagne. S’il est approuvé par le Parlement, ce budget verra Berlin dépenser plus de 50 milliards d’euros cette année pour la défense, a déclaré une source gouvernementale, qualifiant ce montant de « record ».
Le choix de l’appareil américain, qui conclut deux ans de débat sur le remplacement du Tornado, satisfait les cadres de l’armée de l’air. Il reste cependant très délicat sur le plan de la coopération militaire européenne. L’Allemagne développe avec Paris et Madrid un avion de combat 100% européen, le SCAF (Future Air Combat System), qui est censé entrer en service à l’horizon 2040.
Berlin ne mette pas assez de moyens financiers et de volonté politique dans le projet d’avion commun
Du point de vue de la France, cet avion européen ne pourrait pas développer et implanter dans leur contient et servir comme une solution aux tentions géopolitique, en cas de l’utilisation des F35 ultramodernes par L’Allemagne. Cette inquiétude est partagée par les Français, qui craignent que Berlin ne mette pas assez de moyens financiers et de volonté politique dans le projet d’avion commun.
Pour répondre à des soucis concernant la collaboration de l’Allemagne au projet de défense entre les Etat européens, Christine Lambrecht, ministre fédérale de la Défense, a souligné que la Force de Défense fédérale (Bundeswehr) achèterait également 15 avions Eurofighter, fabriqués par Airbus, qui seraient utilisés dans la guerre aérienne électronique, c’est-à-dire pour identifier et combattre les menaces aériennes hostiles. “Cela nous permet de garder une technologie importante en Allemagne et en Europe”, a-t-elle déclaré. Elle a ensuite insisté sur la volonté de l’Allemagne en faveur du SCAF. Elle a de même expliqué que l’Allemagne remplacera progressivement les Eurofighters par des SCAF à partir de 2040 et elle réalisera ce projet entre l’Espagne, La France et l’Allemagne comme un signe d’une profonde coopération européenne.