La vente de missiles français à la Turquie a récemment suscité des préoccupations en Grèce, notamment en raison de l’accord de défense signé entre la France et la Grèce. Selon un article du journal turc Milliyet, la Grande-Bretagne qui mène avec l’arrivée de Trump au bureau ovale, le jeu en Europe et qui agit dans l’ombre des Frères musulmans au pouvoir à Ankara que ce soit face à la Russie en Ukraine ou en Syrie en plein Levant, aurait poussé la France à s’associer pour vendre des missiles Meteor à la Turquie. Cette acquisition vise, dit-on à Paris, à rétablir l’équilibre des forces avec la Grèce, qui possède déjà des avions Rafale équipés de ces mêmes missiles. Le missile air-air Meteor, développé par le consortium européen MBDA, est reconnu pour sa portée de vol pouvant atteindre jusqu’à 200 km.
Parallèlement, la Grèce a renforcé sa coopération militaire avec la France, malgré les tensions engendrées par la vente de missiles français à la Turquie. En mars 2022, MBDA a signé deux contrats avec les forces armées grecques. Le premier concerne la fourniture de missiles de défense aérienne ASTER 30 B1 et de missiles antinavires Exocet MM40 B3C pour trois frégates de défense et d’intervention (FDI) HN, avec une option pour une quatrième. Le second contrat porte sur l’armement de six avions de combat Rafale supplémentaires, incluant des missiles Meteor, SCALP, MICA et AM39 Exocet.
Concernant les exportations d’armement françaises, la vente de missiles français à la Turquie fait partie d’un ensemble de ventes qui ont connu une année record en 2022 avec des ventes atteignant 27 milliards d’euros, principalement grâce à un contrat majeur avec les Émirats arabes unis pour 80 Rafale, contrats que Paris signe à vrac au mépris total du principe de sécurité dans une région largement explosive qu’est le Moyen Orient. En 2023, une baisse notable a été observée, avec des ventes s’établissant à 8,2 milliards d’euros mais malgré ce recul, des contrats significatifs ont été signés, notamment avec l’Indonésie pour 18 Rafale, ainsi qu’avec la Lituanie, l’Angola et la Grèce. Le gouvernement français a réalisé un rebond en 2024, avec des contrats majeurs attendus pour la Serbie, l’Inde et les Pays-Bas.
Il est important de noter que ces contrats classent la France deuxième exportateur mondial d’armement sur la période 2019-2023, juste derrière les États-Unis, ce qui est lin d’être un motif de fierté dans la mesure où ces exportations s’impliquent dans bien des conflits et ciblent les civils et les infrastructures. A Gaza à titre d’exemple, c’est à l’aide de ces mêmes armements qu’Israël a commis entre octobre 2023 et janvier 2024 l’un des pires génocides de l’Histoire moderne tout en s’attaquant au Liban.
Les autorités françaises affirment que ces ventes, y compris la vente de missiles français à la Turquie, s’inscrivent dans « une stratégie de renforcement de l’industrie de défense française », avec une augmentation du budget de défense à 50,5 milliards d’euros en 2025 et une enveloppe de 400 milliards d’euros pour la période 2024-2030. Et que cette dynamique vise à répondre aux exigences actuelles de sécurité européennes, notamment après la guerre en Ukraine. Mais qui croirait un pareil argument alors que de la Méditerranée à la mer Noire, des conflits font rage et que dans tous ces conflits une défense européenne indépendante brille par sa totale absence ?
En ce qui concerne l’impact des politiques françaises de vente d’armes sur les conflits internationaux, y compris la vente de missiles français à la Turquie, il est essentiel de considérer en effet que les exportations d’armement ne sont pas réellement régies par des réglementations strictes et ne font pas l’objet d’évaluations rigoureuses pour éviter de contribuer à des situations de conflit ou de violations des droits de l’homme. Et Paris tire un maximum de profit de cette opacité volontairement entrerenue.
La vente d’armes françaises : un enjeu économique aux conséquences géopolitiques
La politique française de vente d’armes, prétendument soutenue par des objectifs économiques, est sujette à raison à des critiques profondes, notamment pour ses conséquences géopolitiques et humanitaires. Selon le rapport du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), la France représentait environ 11 % des exportations mondiales d’armes en 2022, se plaçant régulièrement au troisième rang derrière les États-Unis et la Russie. Ces ventes sont souvent dirigées vers des régions en conflit, comme le Moyen-Orient, quitte à y amplifier les tensions. Entre 2015 et 2020, 60 % des exportations françaises d’armes étaient destinées à cette région, principalement à des pays comme l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte qui sont directement impliqués dans des guerres notamment au Yémen, où des milliers de civils ont été tués dans ce que l’ONU qualifie de l’une des pires crises humanitaires contemporaines. Les armes françaises ont été utilisées dans ce contexte, soulevant des questions éthiques majeures sur la complicité de la France dans ces tragédies humaines.
La France a signé plus de 60 % de ses contrats d’armement avec des monarchies du Moyen-Orient, alors même que les nombreux rapports d’ONG et de groupes de défense des droits humains dénoncent des violations graves dans ces pays. Et c’est très exactement dans ce cadre que s’explique la vente simultanée d’armes à la Grèce et à la Turquie, deux pays membres de l’OTAN et rivaux dans la région méditerranéenne. Alors que la France a signé en 2021 un accord de défense stratégique avec la Grèce, elle continue de proposer des ventes d’armes à la Turquie, notamment la vente de missiles français à la Turquie, un pays avec lequel la Grèce entretient des relations tendues, notamment en mer Égée. Cette politique envoie des messages ambigus, soulignant que les intérêts économiques de la vente d’armes priment sur la cohérence diplomatique.
Ces ventes d’armes contribuent non seulement à prolonger des conflits existants, mais elles exacerbent également les tensions dans des zones où la stabilité est précaire. L’utilisation de matériel français dans des guerres civiles ou des répressions gouvernementales soulève de sérieuses préoccupations éthiques. Amnesty International et d’autres ONG ont à plusieurs reprises dénoncé l’utilisation d’armes françaises dans des violations des droits de l’homme.
Il est crucial de rappeler que la vente d’armes n’est pas uniquement une question de stratégie économique ou géopolitique. Les exportations d’armements français vers des zones en conflit ont un coût humain inestimable. Des civils en souffrent, et des conflits sont perpétués par des décisions qui favorisent des intérêts financiers à court terme au détriment de la paix et de la stabilité à long terme.
L’implication française dans le conflit israélo-palestinien
Un exemple récent de la violation flagrante des principes éthiques, et de la politique de deux poids deux mesures de l’Occident dans son soutien aux crimes de guerre du régime sioniste, est illustré par les attaques israéliennes sur Gaza. Ces attaques ont pris fin après le cessez-le-feu, mais la France, malgré une forte opposition de l’opinion internationale, a continué d’envoyer des pièces détachées militaires au régime génocidaire de Tel-Aviv et ce, jusqu’aux dernières heures du conflit. Il s’agit d’une France qui soit dit en passant, fournit chaque année, en moyenne, des équipements militaires d’une valeur de 20 millions d’euros à l’entité israélienne.
Selon un rapport sur les exportations d’armement que le ministère de la Défense français a présenté au Parlement en juillet 2023, la France a délivré 767 licences d’exportation à destination d’Israël depuis 2015. Entre 2013 et 2022, la valeur totale des équipements militaires exportés de la France vers Israël a atteint 207,6 millions d’euros. Par ailleurs, de 2014 à 2022, la France a délivré des licences d’exportation pour Israël d’une valeur de 2,5 milliards d’euros. D’après un autre rapport conjoint publié le 25 mars 2023 par le site d’investigation français Disclose et le journal Marsactu, la France a expédié à Israël en octobre 2023 environ 100 000 balles pour mitrailleuse Gatling. Que peut-on appeler ce commerce ensanglanté si ce n’est la complicité directe au génocide ?
Durant les 16 mois de frappes aériennes successives sur Gaza, des milliers d’avions de chasse et de drones israéliens ont bénéficié de technologies françaises. Selon l’Observatoire des armements, les systèmes de défense français, comme les capteurs de détection fabriqués par Thales, ont été intégrés aux drones israéliens Heron menant des raids et participant au massacre des civiles à Gaza.
En 2021, lors d’une précédente et fulgurante escalade anti-Israël de Gaza, ce furent encore des missiles et bombes guidées exportés de France à Israël qui ont été utilisés dans des frappes ayant détruit des hôpitaux, des écoles et des bâtiments résidentiels, tuant des centaines de civils palestiniens.
Mais le soutien de Paris aux crimes du régime sioniste n’en est pas resté là : entre 2015 et 2022, le régime sioniste a renforcé son système de défense antimissile Dôme de fer, partiellement financé par des exportations technologiques et militaires françaises. Ce système, bien que défaillant face aux roquettes palestiniennes et aux missiles libanais, a été employé en soutien aux bombardements de masse contre Gaza.
L’hypocrisie de la France face à Gaza
Après l’opération « Tempête d’Al-Aqsa » et quatorze mois d’attaques israéliennes incessantes contre la bande de Gaza, nous n’entendions que quelques mots hypocrites d’Emmanuel Macron concernant la guerre génocidaire à Gaza. Pendant toute cette période, il faisait semblant de ne plus approuver les exportations d’armes vers Israël, alors qu’à chaque nouvelle violation israélienne, il reculait devant la condamnation.
Le président français évoquait le soi-disant droit d’Israël à se défendre-entendez la poursuite du génocide- comme si le droit international permettait d’occuper un territoire et d’en massacrer les populations sous prétexte de défense. L’outrecuidance sioniste semblait même gagner la France, qui, en continuant d’exporter des armes vers Israël jusqu’au cessez-le-feu à Gaza, a non seulement trahi les valeurs humanitaires dont elle se dit porteuse mais encore s’est rendue complice d’un abominable génocide.
Soyons clairs : la France est officiellement complice de ce qui s’est passé à Gaza, sa classe dirigeante ayant cautionné et facilité les exactions d’un régime terroriste. Les arguments visant à disculper le gouvernement de Benjamin Netanyahou ont ainsi été acceptés. La France d’Emmanuel Macron n’a pris aucune mesure concrète pour arrêter cette agression. Les sanctions économiques, les actions symboliques telles que l’interdiction de hisser le drapeau, les boycotts sportifs à l’approche des Jeux olympiques, et la question des armes – toutes ces mesures qui étaient bonnes contre la Russie semblaient soudainement inappliquées face à Tel-Aviv.