La sécurité demeure une préoccupation majeure des habitants de l’Hexagone. Les incidents se multiplient en France, faisant ainsi monter le sentiment d’insécurité dans tout le pays, comme le démontre le dernier baromètre sur la « sécurité des Français ». Les récents incidents et prises d’otage illustrent une fois de plus la dégradation de la sécurité en Île-de-France.
C’est un incident rare qui s’est produit le samedi 16 novembre 2024 à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine. Durant plusieurs heures, un homme s’est retranché dans un restaurant et menacé de se suicider. Plusieurs personnes se trouvaient à l’intérieur. Finalement, l’homme a été interpellé et les otages libérés. Le lendemain, un homme a été abattu après avoir menacé les forces de l’ordre à Villeneuve-Saint-Georges.
Si le pouvoir d’achat caracole toujours en tête des préoccupations des Français, l’insécurité dépasse la santé, une première. Chez les 65 ans et plus, l’insécurité est même plus préoccupante que le pouvoir d’achat.
Ce sentiment de vulnérabilité traverse toutes les catégories de population, quel que soit le genre, l’âge, la classe sociale, le lieu d’habitation ou encore la sensibilité politique du répondant. Ainsi, le recul de l’autorité, laxisme de la justice et violence répandue dans la société sont un constat partagé par les Français.
La France sous le signe de la violence et de l’insécurité
Les derniers chiffres esquissent le portrait d’une société en proie à la violence et plus particulièrement à la détérioration de la sécurité en Île-de-France. Le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), rattaché directement au ministère de l’Intérieur, en esquisse les contours dans sa «note de conjoncture» en 2024. On y découvre que quasiment tous les indicateurs des violences sont en hausse, les coups et blessures volontaires atteignant le record de de l’année dernière : près de 1000 agressions par jour en moyenne.
Il s’agit uniquement des actes signalés aux autorités de police et transmis à la justice, sachant que toutes les victimes ne portent pas plainte. Ces faits trahissent la violence au fil des jours: attaques de rue, rixes à l’école, mauvais gestes dans le cadre familial. Ils renseignent sur un climat qui se dégrade.
Depuis 2017, la progression de ces seuls coups et blessures volontaires a donc atteint 63 %! Il y a sept ans, quand Emmanuel Macron arrivait au pouvoir, les autorités en comptabilisaient en effet 222.000.
Marseille, Annecy, Arras, Crépol, Châteauroux, Souffelweyersheim, Bordeaux, Compiègne, Rennes, Lyon, Mâcon, Cholet… La liste pourrait être encore plus longue lorsqu’il s’agit d’énumérer tous les lieux où se sont déroulés des attaques au couteau. Loin devant les attaques par armes à feu, la part de celles commises par armes blanches est affolante.
Classique de la délinquance ou non, 92 % des Français ont le sentiment que l’insécurité augmente dans le pays. Une observation qui n’est pas près de changer si rien n’est sérieusement mis en place pour endiguer les faits de violences avec ou sans armes.
Plus de 3/4 des Français partagent le constat d’une société de plus en plus violente
La sécurité en Île-de-France occupe de plus en plus l’esprit des Franciliens. Dans l’enquête dite de « victimation », la question sécuritaire gagne du terrain : c’est la deuxième préoccupation des sondés, derrière la lutte contre la pauvreté.
Aux yeux de l’opinion publique, la société française vit une réelle augmentation de l’insécurité (77%), rejetant l’hypothèse d’une sur-médiatisation qui déformerait la réalité. Seuls 23% jugent que les médias parlent plus qu’avant de la violence mais sans réelle augmentation de la violence dans la société française.
88% des Français partagent l’idée que le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française. Une opinion largement majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats.
Ce sentiment d’un recul de l’autorité est notamment nourri du constat d’une justice trop laxiste (85% d’accord). Une opinion à nouveau partagée par toutes les catégories de population et électorats.
Les Français considèrent majoritairement que la violence se répand dans toute la société, 58% sont en désaccord avec la phrase suivante : « c’est faux de dire que la violence se répand dans toute la société, elle n’est le fait que de quelques-uns ». Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron sont plus partagés et sont une courte majorité à estimer que la violence est le fait de quelques-uns.
Malgré ces constats, 73% réfutent l’idée selon laquelle « la violence est inéluctable, quel que soit les moyens que l’on donne à la police et à la justice, on ne peut rien faire contre la hausse de la violence ». Aucune catégorie de population ne se montre fataliste, le désaccord est majoritaire dans tous les pans de la société et électorats.
De plus, 60% considèrent que la France n’est pas un cas isolé et qu’il n’y a ni plus ni moins de violences en France que dans les pays voisins et les pays occidentaux de manière générale, la France n’est pas une exception. Les électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour sont en revanche nettement plus critiques et considèrent en majorité que la France fait exception quant au niveau d’insécurité.
Insécurité : le gouvernement accusé d’inaction, la justice jugée trop laxiste
Face à la violence persistante à travers le pays en l’occupation la situation préoccupante de la sécurité en Île-de-France, le ministre de l’Intérieur a présenté le 25 octobre sa stratégie « pour combattre la délinquance du quotidien ». Au programme : création de plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, nouveau plan de lutte contre les stupéfiants et loi sur les polices municipales.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau , a ainsi envoyé ses consignes aux préfets du territoire afin de lutter « contre la délinquance du quotidien » qui « empoisonne désormais toute notre vie sociale ». Dans un document de cinq pages qu’Europe 1 a consulté, le « premier flic de France » demande aux préfets un « plan d’action » pour le 15 janvier prochain.
Le locataire de la place Beauvau demande aux préfets des résultats. Pour cela, il leur demande de réaliser un plan d’action départemental de la restauration de la sécurité du quotidien (PADRSQ). Ce dernier devra comporter un diagnostic territoire par territoire, des modes d’action spécifiques et la mobilisation de l’intégralité des acteurs du continuum de sécurité.
D’abord, ils devront s’adapter à chaque territoire. Un diagnostic identifiera les types de délinquances notables d’un département, illustrés par une cartographie. Pour « taper où il faut quand il le faut », propose la circulaire, il faut inclure les gendarmes, les policiers, la justice, mais aussi les élus, les bailleurs et les sociétés de transport, en passant par les gardes champêtres et les assureurs. Jusqu’ici, rien de bien neuf sous le soleil.
Depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau tente d’imprimer sa marque. Déplacements, annonces sur le narcotrafic, sorties sur l’immigration ou l’État de droit… Le ministre martèle sa volonté d’une « tolérance zéro ». Et entreprend un virage à droite.
En d’autres termes : le gouvernement n’en fait pas assez dans la lutte contre l’insécurité. Et la justice est encore jugée trop laxiste. «Si près d’une personne sur trois cite comme principale cause de cette délinquance une absence de moralité, nombreuses sont celles qui évoquent plutôt une justice trop indulgente ou encore le chômage.