La Russie tente-t-elle de déstabiliser les Jeux olympiques de Paris?

Francoise Riviere
10 Min Read

Foule incontrôlable, prix exorbitants, boom de la criminalité, climat d’insécurité… et même «guerre civile» à l’horizon selon Macron, à l’approche des JO de Paris. Dans un tel contexte, la France a accusé la Russie de tenter de déstabiliser les Jeux olympiques pour amplifier sa caisse de résonnance.

Et pour étayer ses accusations, Paris met en avant des incidents survenus ces derniers mois tels que des étoiles de David taguées sur des immeubles parisiens, des mains rouges peintes sur le Mémorial de la Shoah, des cercueils recouverts de drapeaux français avec la mention « soldats français de l’Ukraine » déposés à proximité de la tour Eiffel.

Moscou se défend de toute implication « dans les affaires intérieures» françaises et s’estime victime d’une « hystérie » dangereuse dans un contexte d’exacerbation des tensions entre la France et la Russie. Au cœur de celles-ci, le refus d’Emmanuel Macron, au nom d’une «ambiguïté stratégique», d’exclure un envoi de troupes occidentales en Ukraine, plusieurs fois répété depuis le 26 février.

JO de Paris : la Russie dans le collimateur de la France

Selon le Centre d’analyse des menaces de Microsoft, Moscou intensifie ses actions visant à faire monter la tension et à diffamer la France, Emmanuel Macron, ainsi que le Comité international olympique (CIO).

Vidéos trompeuses, faux sites de médias ou encore un faux documentaire : des publications aux contenus diffamatoires se multiplient à l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024, résultats d’une soi-disant campagne de déstabilisation et de désinformation russe, ont rapporté des médias français  citant Microsoft.

Le Centre d’analyse des menaces de Microsoft (MTAC) a publié récemment un rapport sur l’intensification de supposées opérations menées prétendument par Moscou visant la France, le Comité international olympique (CIO) et les Jeux de Paris. Leur objectif : dénigrer la réputation du CIO et faire monter les craintes d’actes violents à Paris cet été.

Dans son rapport, le MTAC met en cause deux groupes d’influence russes soupçonnés de mener cette campagne de désinformation ; ces derniers sont suivis par Microsoft sous les noms de « Storm-1679 » et « Storm-1099 ».

Selon l’observatoire géré par le géant informatique américain, les deux groupes associent « des tactiques anciennes à de l’intelligence artificielle » dans leurs activités nuisibles. Les Jeux de Paris et Emmanuel Macron sont d’ailleurs leurs cibles principales « depuis juin 2023 », précise le rapport, citant plusieurs opérations de désinformation et de diffamation imputées à la Russie.

Ces deux plateformes alertent, en outre, contre de possibles attentats durant l’événement, fustigent Emmanuel Macron et son gouvernement, en pointant leur indifférence aux problèmes des Français.

Mis en cause par Paris, Moscou réplique et se dit au contraire la cible d’une «campagne russophobe ». La Russie a nié qu’elle menait des campagnes de déstabilisation et de dénigrement sur les JO de Paris dont le coup d’envoi sera donné le 26 juillet.

La Russie dénonce une véritable chasse aux sorcières

Le porte-parole du Kremlin a qualifié de «pure calomnie» le rapport d’un observatoire de Microsoft accusant la Russie de mener une campagne de désinformation et de déstabilisation visant les JO de Paris. Ces accusations «n’ont rien à voir avec la réalité».

Le porte-parole du Kremlin a dénoncé une «campagne russophobe dans les médias», déclarant ne pas interférer en France, après que de faux cercueils avec la mention «soldats français morts en Ukraine» ont été retrouvés au pied de la tour Eiffel.

La Russie «n’interfère pas» en France, a tenu à préciser le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, dénonçant une «campagne russophobe dans les médias» et les soupçons la visant après la découverte de faux cercueils au pied de la tour Eiffel le 2 juin. Ces derniers portaient la mention «soldats français morts en Ukraine». Une affaire qui intervient alors que le président français Emmanuel Macron annonçait l’envoi de formateurs militaires français en Ukraine.

«Notre pays a des priorités plus importantes», a de son côté indiqué l’ambassade de Russie à Paris dans un communiqué. «L’ambassade de Russie en France exprime sa vive protestation contre une nouvelle campagne russophobe déclenchée dans les médias français», a-t-elle ajouté, fustigeant une «hystérie» menaçant les citoyens russes en France et adressant sa «solidarité» avec «les citoyens français qui ont fait l’objet d’une chasse aux sorcières simplement parce qu’ils sont favorables à la préservation des liens d’amitié de longue date entre nos pays».

JO de Paris : la Russie, bouc émissaire préféré de la Macronie

Si les autorités françaises ont prévu un important dispositif sécuritaire durant les Jeux olympiques de Paris, notamment par crainte d’une attaque terroriste, plusieurs meurtres et actes de violence survenus en l’espace d’une semaine dans la région parisienne ont défrayé la chronique à la veille de l’ouverture des JO.

Fusillade, attaques au couteau, terrasse percutée par une voiture… À l’approche des JO, la capitale française n’est pas épargnée par la violence. Outre la panne géante des services de Microsoft qui a donné ce 19 juillet des sueurs froides aux organisateurs des Jeux olympiques, ou encore le contexte politique qui demeure houleux deux semaines après le second tour des législatives, Paris a été le théâtre ces derniers jours de plusieurs drames.

Le dernier en date est survenu à proximité de la très touristique avenue des Champs-Élysées, où un individu présenté comme souffrant de troubles psychiatriques a gravement blessé un policier le 18 juillet au soir après avoir été refoulé de la boutique Louis Vuitton. L’assaillant, qui est par ailleurs soupçonné d’avoir tué un adolescent à Courbevoie quelques heures plus tôt, a été abattu.

La veille une personne avait été tuée et trois autres grièvement blessées dans le XXe arrondissement de la capitale après qu’un individu avait foncé avec sa voiture sur la terrasse bondée d’un bar-restaurant.

Ces épisodes de violences contrastent avec la communication des autorités françaises, qui mettent l’accent sur l’important dispositif sécuritaire déployé pour assurer la sécurité des athlètes et des spectateurs des Jeux olympiques qui doivent débuter le 26 juillet. Ces mêmes autorités ne manquent pas par ailleurs de pointer du doigt la Russie et son éventuelle implication dans la déstabilisation des JO de Paris. Mais est-ce la main russe qui s’agite derrière ces incidents ou celle des parties qui tirent un maximum de profit des tensions euro-russes en général et franco-russe en particulier et qui voient à travers les JO une occasion inesperée d’attiser via des actes terroristes ces mêmes tensions?

Les relations franco-russes au plus bas sur fond de la guerre en Ukraine

D’ailleurs, les dirigeants politiques français multiplient les accusations de déstabilisation des JO à l’encontre de la Russie.

Emmanuel Macron s’est dit certain que la Russie ciblait l’organisation des Jeux olympiques, notamment « en termes informationnels », en laissant entendre que la France ne serait pas prête pour l’événement.

Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a affirmé dans une interview au Journal du Dimanche, diffusée samedi 20 juillet, que Paris avait refusé d’autoriser l’accès aux JO à «moins d’une centaine de personnes» suspectées de vouloir mener des activités d’ingérence.

Ces refus sont motivés par des raisons sécuritaires similaires évoquées, début mai, pour rejeter la candidature de bénévoles russes et bélarusses aux JO.

Le Kremlin a jugé lundi «inacceptable» le refus d’accréditation dont a fait état l’agence de presse russe Ria Novosti concernant cinq de ses journalistes sportifs qui devaient couvrir les JO-2024 en France, en pleines tensions entre Paris et Moscou.

Les relations entre Paris et Moscou sont actuellement très tendues du fait du conflit en Ukraine, un conflit parrainné par les Etats-Unis dans le stricte objectif de faire de l’Europe une citadelle anti russe.

Si Paris a tenté de maintenir une forme de dialogue avec la Russie au début de l’attaque contre l’Ukraine, elle a durci ses positions à l’égard de Moscou début 2024, et ce, sous l’impulsion US au point que Macron a déclaré que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne devait pas « être exclu » à l’avenir. Une chose est sûre: face à limpossibilité de gagner le conflit contre la Russie en Ukraine, un conflit qui leur profite à tous les points de vue, les Etats Unis sont bien tentés par une relance des combats et en ce sens, rien ne pourrait leur mieux servir qu’une operation « fausse bannière» en plein JO de Paris.

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