La Promesse Fidèle et la fin de la patience stratégique de l’Iran

Francoise Riviere
19 Min Read

Israël a été la cible de la plus grande frappe directe de drones-missiles de l’histoire. Un pays dont l’image de prétendue a été irréversiblement ternie au cours des derniers mois et dont la soi-disant invincibilité donnée a été cassée en mille morceaux par les héros de l’axe de la Résistance et les opprimés du monde entier qui les soutiennent. Cette question met en évidence une situation catastrophique qui prévaut dans les territoires occupés pour la gestion de l’opinion publique.

En fait, l’Iran a dû agir dans deux domaines contre le régime sioniste, que soutiennent férocement les États-Unis : d’abord, la défense coûteuse du régime sioniste en état de préparation complète, puis les opérations médiatiques et la mise en scène de l’espace médiatique occidental pour présenter la réaction de l’Iran comme insignifiante et sans impact.

Avant les opérations de missiles-drones de l’Iran, les médias occidentaux ont utilisé le titre « Réaction prévisible de l’Iran » pour créer une image de dédain envers les opérations de dissuasion de l’Iran. Puis après l’opération iranienne, ils ont admis ne pas être autorisés à publier des images des frappes iraniennes contre les territoires occupés sur leurs pages virtuelles, affirmant que « nous avons beaucoup plus d’images et de vidéos de la frappe de ce soir que nous ne pouvons en publier ! »

Le régime malveillant tout au long de ses trois quarts de siècle d’existence a toujours cherché à davantage coloniser  les territoires qui l’entourent. Ceci est à la fois une caractéristique du sionisme de ce régime, conforme au même fantasme talmudique de l’étendue de la terre promise d’Israël du Nil à l’Euphrate ou de la montagne Sion au Jourdain, et une nécessité géopolitique pour un régime qui, essentiellement en tant que bastion occidental au milieu du Moyen-Orient, devait être une « puissance régionale ».

A vrai dire, l’expansion des sionistes pour développer leur empire cancéreux et leur sphère d’influence territoriale est liée aux réalités géographiques. La terre de Palestine, sous occupation israélienne, a une largeur qui ne dépasse que 115 kilomètres à son point le plus large – entre la frontière de Rafah et la côte sud de la mer Méditerranée – une distance qu’un roquette ordinaire du Hezbollah peut facilement atteindre. En réalité, cette largeur est souvent beaucoup moins. Un jet de combat de troisième génération peut parcourir les 73 kilomètres du Jourdain à la mer Méditerranée en 4 minutes. Pour la nouvelle génération de missiles Rizwan (Hezbollah), cela prendra une minute, pour les drones à réaction de l’Iran, 7 minutes et pour les drones du Hezbollah et des Ansarallah, 10 minutes.

Ainsi, le territoire actuel de ce régime, bien qu’apparemment entouré d’obstacles géographiques tels que la mer Méditerranée à l’ouest, le désert du Sinaï, le désert de Negev et la mer Rouge au sud, le Jourdain et la mer Morte à l’est, les hauteurs du Golan et les montagnes de Galilée au nord-est et les hauteurs de Bint Jbeil et la vallée de la rivière Litani au nord, reste toujours une faiblesse historique face à toute force étrangère menaçante, et cette faiblesse est le manque de profondeur stratégique.

Pour cette raison, du jour de la Nakba jusqu’à aujourd’hui, les préoccupations des dirigeants du régime ont toujours été d’une manière ou d’une autre de se tailler une profondeur stratégique. Ils ont suivi cette voie ; du lobby politique pour influencer Londres et Washington sur le Royaume hachémite en Jordanie, en particulier avec l’avènement du roi Hussein dans les années 1950, à l’occupation des zones palestiniennes en 1948, y compris la rive ouest du Jourdain, Jérusalem-Est, Gaza, le Sinaï (Égypte) et le Golan (Syrie) dans la guerre des Six Jours (1967) en passant par l’invasion du Sud-Liban (1981), toutes ces actions ont créé l’espace d’action nécessaire pour la militarisation du régime sioniste dans la région.

Dans le domaine militaire, la stratégie du régime pour compenser le manque de profondeur stratégique a consisté à mettre l’accent sur des éléments tels que la capacité de manœuvre et le premier tir. Dans cette voie, les États-Unis et le Royaume-Uni, en fournissant les flottes aériennes militaires les plus modernes de l’Occident pendant sept décennies, ont presque assuré une « suprématie aérienne absolue » sur leurs voisins arabes. Dans la troisième décennie de l’existence du régime sioniste (1970), l’endiguement politique, économique et nucléaire est également devenu une priorité pour Tel-Aviv. La stratégie la plus importante était la doctrine nucléaire.

Selon cette stratégie, Israël n’a en aucun cas la capacité d’accepter la défaite dans une guerre, donc avec la préservation de la dissuasion, y compris l’option du droit de priorité, elle doit rechercher des attaques, bien que non conventionnelles, au-delà de ses frontières contre l’ennemi. Les missiles balistiques et les avions militaires capables de transporter des armes nucléaires, ainsi que les sous-marins, sont censés soutenir la doctrine de la dissuasion nucléaire avec l’option Samson ou l’attaque de représailles en cas de menace étrangère.

Tel Aviv, sous le gouvernement de Golda Meir avec la collaboration des Français, a commencé la production conjointe d’armes nucléaires en 1967 et a achevé son arsenal à Dimona jusqu’en 1980. Cependant, ces dernières années, surtout après les révélations internes sur l’arsenal nucléaire, le régime a cherché à réduire sa dépendance à la dissuasion non conventionnelle avec la doctrine nucléaire et à atteindre une « suprématie conventionnelle absolue ». Pendant cette période, les grandes compagnies de transport maritime et les compagnies aériennes appartenant à des capitaux juifs ont joué un rôle de flotte commerciale transocéanique et transcontinentale pour Tel Aviv.

Ensuite, le contrat déshonorant de Camp David (1978) a marqué le début officiel de l’approche sioniste pour étendre leur sphère d’influence politique et économique au Moyen-Orient afin d’acquérir une profondeur stratégique après la stabilisation du champ de bataille. Malheureusement, cette trahison d’Anouar Sadate et du gouvernement égyptien a eu un impact tel sur l’assurance de la profondeur stratégique dans la période de paix sioniste que l’on pourrait même dire que la formation parallèle de la doctrine nucléaire israélienne n’a pas été aussi efficace. Si la Révolution islamique en Iran, foncièrement antisioniste, n’avait pas triomphé  à cette époque, on peut dire que le régime odieux se serait stabilisé sans menace militaire sérieuse pendant une période improbable.

Cependant, au cours des cinq décennies suivantes de la révolution, la République islamique d’Iran et l’axe de la Résistance sont apparus comme une menace sur le terrain pour la stabilisation de cette tumeur cancéreuse. Les vagues successives de soulèvements et de combat des groupes de combat palestiniens qui mettent à mal les occupants à l’intérieur, conjuguées à la victoire de la Résistance libanaise, en particulier dans la guerre de 33 jours (2006), ont ralenti l’expansion militaire d’Israël et pratiquement arrêté la croissance physique de cette tumeur cancéreuse.

Plus nous avançons, plus le front de la Résistance non seulement réduit l’espace nécessaire à la mise en œuvre de la stratégie de dissuasion d’Israël en raison de la supériorité conventionnelle, mais ferme même les voies respiratoires des sionistes dans les territoires occupés. Cela témoigne d’une autre faiblesse de ce régime factice et colonial, à savoir sa dépendance aux puissances extérieures, en particulier aux États-Unis, pour sa survie.

Les énormes efforts des puissances occidentales pour maintenir en vie cette tumeur, grâce à l’extension de l’accord de Camp David à d’autres pays arabes sous le nom d’accords d’Abraham, ou même en liant la sécurité d’Israël au grand projet de transit arabe à l’Inde et à l’Union européenne, n’ont pas réussi à créer un espace sûr et suffisant autour ou même à l’intérieur de la Palestine occupée. Avec l’échec du libéralisme, la situation mondiale et au Moyen-Orient évolue vers la fin de l’hégémonie occidentale et les stratégies de sécurité et militaires souvent inefficace que propose l’Occident prennent le pas sur les alliances purement politiques et commerciales.

Aujourd’hui, avec de multiples fronts parfaitement concordants ouverts autour de la Palestine occupée, un front militaire à part entière sous la direction de l’Iran s’est ouvert autour de la Palestine, renvoyant le régime usurpateur à la situation pré-Camp David grâce à la dissuasion politique, économique et nucléaire. Dans une telle situation, le régime usurpateur a réalisé qu’il ne pouvait même pas se livrer à la propagande périphérique autant qu’il le pouvait il y a une décennie.

Cela équivaut à un échec de la stratégie de ces dernières décennies, ou même de la « guerre entre les guerres ». Cette stratégie, initiée par l’exploitation des troubles takfiristes en Irak et en Syrie à partir de 2013, avait pour objectif de bloquer les liaisons de la résistance libanaise et palestinienne avec la source révolutionnaire en affaiblissant le gouvernement central syrien et en maintenant l’Iran à distance des frontières de la Palestine occupée en créant une ceinture de sécurité de 40 à 80 kilomètres dans le Golan occupé. Avec cette manœuvre, Israël espérait devenir le principal acteur dans la tourmente du Moyen-Orient.

La défaite de Daech et la marginalisation d’Al-Qaïda ont empêché Israël et ses alliés américains, européens et arabes de contrôler le corridor du sud de la Syrie contrairement aux prévisions. Malgré l’occupation américaine dans le nord et l’est de la Syrie et environ 300 frappes aériennes israéliennes contre diverses installations militaires et non militaires en Syrie, y compris à la frontière de Bukamal avec l’Irak – parfois via l’espace aérien jordanien – l’accès de l’Iran aux côtes est de la Méditerranée, y compris la Palestine occupée, s’est accru. La domination douce et dure de l’Iran dans ces domaines a laissé peu de place à l’agression périphérique des sionistes dans le cadre de la stratégie de la « guerre entre les guerres ».

D’autre part, les branches de la résistance ont acquis une autonomie militaire encore plus complète. Tout comme le Yémen et l’Irak, qui sont sous l’ombre du pouvoir des groupes de résistance, le Liban lui-même est devenu un obstacle majeur à cette stratégie échouée. Des sources crédibles ont même révélé que le Hezbollah, après le début de la guerre de Gaza, a multiplié par au moins 6 la vitesse de son stockage d’armes et ce sans compter cette étonnante puissance de feu qui s’amplifie étape par étape. L’opération « Tempête d’Al-Aqsa » a montré à quel point le point faible principal du régime sioniste, c’est-à-dire le manque de profondeur stratégique, pourrait s’avérer fatal, car les combattants palestiniens, avec les armes les plus légères, ont parcouru moins de la moitié de la largeur du territoire du régime sioniste en moins d’une journée à moto ou même à pied.

Ensuite, la série de frappes  navales menée par Ansarallah de Yémen depuis la mi-automne dernière, dans le but de mettre fin aux crimes d’Israël contre Gaza en mer Rouge et dans le détroit de Bab-el-Mandeb, a révélé un autre point faible du régime, à savoir sa totale dépendance au commerce maritime que les Houthis ont réussi à réduire à zéro en à peine quelques semaines. L’entrée de l’Iran dans des opérations maritimes similaires peut garantir la suffocation des colonies. Avec la puissante coalition de l’Iran avec ses alliés syriens que la Russie soutiennent, les Israéliens se retrouvent maintenant confrontés à une cuisante réalité : ils ont perdu leur dernier espoir de terrain dans la région, la Syrie.

En fait, depuis l’attaque contre Gaza au cours des 6 derniers mois, l’entité est  entrée dans un processus de déclin et, pour la première fois, ne peut que simplement concentrés sur la guerre civile à Gaza et sur le littoral sud-ouest, ou réagir de manière passive aux attaques extérieures et aux tirs de missiles et de drones depuis 4 fronts différents : le sud du Liban, la Syrie, l’Irak (via l’espace aérien jordanien) et le Yémen. L’ouverture d’un front dévastateur directement depuis le sol iranien était le pire cauchemar que les Sionistes redoutaient et qu’ils ont à vivre désormais.

Seulement 6 mois et 3 semaines après l’opération « Tempête d’Al-Aqsa » et moins de 2 semaines après le crime commis par les Israéliens visant à cibler le consulat iranien à Damas, un acte contre l’humanité et les normes internationales, le mythe « Israël » s’effondre totalement : Un régime qui prétendait avoir la quatrième armée la plus puissante du monde a vu, pour la première fois dans son existence de 76 ans, son territoire être attaqué non seulement depuis la terre mais aussi depuis le ciel par des missiles-drones lancés par les Gardiens de la Révolution, soit un tir massif et destructeur comprenant environ 400 missiles et drones (200 drones Shahed 136 et Shahed 238 ainsi que des missiles de croisière Paveh et des missiles balistiques Khybarshekan et Emad).

Il est clair que 5 cibles militaires ou sensibles en Palestine et dans le Golan occupés dont la base aérienne stratégique de Nevatim, la base aérienne de Ramon et la base d’observation, de surveillance et de guerre dans le mont Sheik ont été visées avec succès. Il est également certain que, l’Iran, avec ses alliés militaires, a gravement affaibli à 100 % la puissance militaire et défensive des Sionistes.

De plus, les Sionistes ont clairement ressenti la puissance de l’Iran, car l’attaque a été lancée en informant préalablement l’ adversaire par le biais de divers canaux et en lui donnant suffisamment de temps pour se préparer, tout en n’ayant clairement pas l’intention de causer des dommages graves à l’ ennemi.

Malgré le tapage médiatique hystérique du gouvernement souterrain d’Israël, affirmant qu’ils répondront de manière sans précédent ou non conventionnelle à cette attaque, tout le monde sait qu’Israël n’a pas de moyen de riposter directement sur le sol iranien et même s’ils en trouvent un, ils craindront une riposte beaucoup plus sévère.

Tout pays qui commettrait une telle trahison et mettrait son ciel ou ses installations à la merci de la réaction aveugle des sionistes sera  confronté à une autre « Promesse honnête » qui, sans disposer des défenses aériennes du Dôme de fer, de la fronde de David et des avions de chasse avancés américains et britanniques et du service radar français, s’avérera des centaines de fois plus dévastatrice.

Que peuvent  les Sionistes ?   boire leur honte, ou tout au plus retenter de cibler des lieux et des personnalités iraniens. Mais est-ce une riposte, alors que l’adversaire ne cherche ni à réagir en secret ni à mener des attaques par le biais de l’axe de la Résistance, mais plutôt avec un drapeau levé, et chassant les chasseurs dans leurs propres terriers ?

L’initiative historique de l’Iran pour ouvrir le ciel de la Palestine occupée envoie des messages sérieux à Tel Aviv et à ses soutiens occidentaux. Au-delà de l’envoi du message « fin de la patience stratégique de l’Iran » en réponse aux méfaits des États-Unis et de son chien Harsh dans la région, qui a un contenu politique mais, dans le moment et sur le champ de bataille, l’opération pour le régime sioniste ressemble à une facture d’âme. Ce régime n’a désormais ni dissuasion, ni profondeur stratégique, ni réel terrain à déployer. Une telle entité inactive ne peut plus accomplir sa fonction de bras armé  régional, et sa fonction principale, du point de vue de ses maîtres occidentaux, est perdue. Israël n’est plus qu’un sinistre fantôme errant.

L’opération « Promesse Honnête » marque la fin de la période « guerre des fantômes » entre l’Iran et le régime sioniste et le début d’une ère de domination non occidentale et anti-hégémonique au Moyen-Orient, tandis que le sinistre fantôme sioniste dans la nouvelle équation sera confronté à un manque d’espace pour équilibrer les forces.

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