La place des femmes dans le gouvernement Macron : Un bilan critique

Francoise Riviere
11 Min Read

Les femmes ont organisé à plusieurs reprises des manifestations en France en raison de la composition du gouvernement français. La colère des participantes de divers mouvements avait déjà été suscitée par le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Justice, impliqués dans des affaires scandaleuses de harcèlement sexuel et de viols. Le président Emmanuel Macron a également été rappelé qu’il y a plus de six ans, il voulait réduire les statistiques préoccupantes de la violence contre les femmes, réaliser l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, et accorder une place plus importante aux femmes dans son gouvernement en leur confiant des postes clés.

L’initiative de renouvellement du gouvernement par Macron pendant sa présidence a été à l’origine de diverses vagues de protestations. Les femmes françaises exigeaient la démission immédiate des deux membres du cabinet, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti.

Les deux hommes politiques ont été impliqués dans plusieurs scandales sexuels. Darmanin a été accusé il y a quatre ans de viol et de harcèlement sexuel. La police a enquêté sur plusieurs plaintes correspondantes de femmes, finissant par clore l’affaire en raison du manque de preuves.

La colère des femmes a également été provoquée par le fait que la cour d’appel de Paris a décidé de rouvrir l’enquête sur le politicien en juin 2020, mais cela ne l’a pas empêché d’occuper un poste dans le nouveau gouvernement. Darmanin lui-même a plusieurs fois nié les accusations portées contre lui, et l’Élysée ne considère pas la procédure judiciaire comme une raison valable pour refuser sa nomination au poste de ministre de l’Intérieur de la France.

« Nous ne pouvons pas considérer que les enquêtes doivent empêcher d’occuper une position gouvernementale », soulignait le Premier ministre du gouvernement français, Gabriel Attal. Le deuxième objet de la colère des manifestants est le célèbre avocat français Dupond-Moretti, qui, en tant qu’avocat, a acquis le surnom de « l’acquittateur ». Au cours de sa carrière, il a pris en charge toutes sortes d’affaires, défendant les intérêts de politiciens, de femmes faciles et même de terroristes, obtenant ainsi 145 acquittements, y compris dans les situations les plus désespérées.

Son talent est devenu la cause de la colère des femmes. L’un des clients scandaleux de Dupont-Moretti était l’ancien secrétaire d’État chargé de la fonction publique, Georges Tron, qui a été acquitté il y a deux ans dans une affaire de harcèlement sexuel et de viol.

Dupont-Moretti a également défendu l’ancien directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné suite à des accusations de tentative de viol. Son affaire en France était liée à un autre incident, où il était suspecté de proxénétisme. Cependant, Dupont-Moretti a une fois de plus remporté le procès, obtenant un verdict d’acquittement.

De plus, l’avocat s’est exprimé de manière assez ambiguë à plusieurs reprises sur le mouvement #MeToo, et les femmes ont qualifié les déclarations de Dupont-Moretti de méprisantes.

 

Étant donné que #MeToo se concentre sur la condamnation des agressions sexuelles et du harcèlement, la critique des femmes à l’égard de l’avocat est tout à fait compréhensible.

Selon les observateurs, un autre facteur d’irritation pour diverses organisations luttant pour le droit des femmes est le problème général des femmes au sein du gouvernement français. Le bilan de genre au sein du cabinet peut être qualifié d’idéal seulement formellement.

Bien que le nouveau cabinet de Gabriel Attal compte 18 femmes et 16 hommes, la plupart des postes clés sont occupés par des hommes. Ainsi, ils dirigent les ministères de l’Économie et des Finances, de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères. Donc, le bilan de la place des femmes dans le gouvernement Macron est considéré comme insuffisant par les observateurs pour un Président qui se déclarait « candidat féministe » en 2017.

Le gouvernement a mis en place des mesures pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes, mais les associations spécialisées dans la protection des femmes ont critiqué l’insuffisance de ces initiatives. En outre, le gouvernement Attal, annoncé récemment, ne compte aucune femme à des ministères régaliens, une première sous la présidence d’Emmanuel Macron. Cela a été dénoncé par les opposantes et les associations luttant pour le droit des femmes, qui ont souligné que les femmes régressent dans le gouvernement.

Le bilan de Macron en matière de droits des femmes a ainsi été analysé par des organisations du droit des femmes, qui pointent du doigt une communication abondante et des actions jugées insuffisantes. Le bilan est qualifié de « petit » pour une « grande cause ». Malgré les efforts de communication, les différents rapports mettent en évidence un écart entre les actions entreprises et les besoins réels.

Un point de critique majeur concerne le budget alloué aux droits des femmes, qualifié de « dérisoire » malgré son quasi-doublement de 2016 à 2023. Le pourcentage par rapport au budget général de l’État reste minime, suscitant des préoccupations quant à la véritable volonté de promouvoir l’égalité.

Les rapports soulignent également l’importance d’un ministère dédié aux droits des femmes, une revendication historique des associations luttant pour le droit des femmes. Malgré la création d’un ministère en 2017, sa position « déléguée » et son budget limité sont critiqués, symbolisant un engagement politique affaibli.

Les différentes vagues de #MeToo ont marqué le quinquennat, mais les mesures prises, telles que les dispositifs du « téléphone grand danger » et du « bracelet rapprochement », sont jugées insuffisantes face à l’ampleur des violences conjugales. Les organisations pointent également un écart entre les discours et la réalité sur les places d’hébergement pour les victimes.

L’index de l’égalité professionnelle, censé révéler les disparités salariales, est critiqué pour sa méthodologie favorisant le « gender washing ». Les avancées sociales, telles que l’allongement du congé paternité, sont considérées comme insuffisantes pour partager équitablement la charge parentale.

Le bilan de la lutte contre la violence envers les femmes sous le gouvernement Macron est également teinté d’une dualité perçue par les acteurs de terrain, les associations luttant pour le droit des femmes, et les chiffres officiels. Alors que la présidence de Macron a coïncidé avec une période marquée par le mouvement #MeToo, les critiques émergent quant à l’efficacité des mesures mises en place.

Les chiffres officiels révèlent une augmentation des violences conjugales, avec 244 301 victimes en 2022, représentant une hausse significative de 15% par rapport à l’année précédente. Ces victimes sont majoritairement des femmes, soulignant la persistance du problème de genre dans ce type de violence. La publication de ces données met en lumière une réalité préoccupante et montre que la lutte contre les violences conjugales demeure un défi majeur.

L’étude du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) révèle que les hommes sont principalement mis en cause dans 87% des cas, soulignant un déséquilibre de genre au sein de ce phénomène. Les violences physiques demeurent prédominantes, représentant les deux tiers des cas enregistrés. Les violences sexuelles, bien que moins fréquentes, connaissent une augmentation marquée de 21% en 2022, mettant en lumière un aspect souvent sous-estimé de ces violences.

Parmi les éléments notables, les départements les plus touchés sont identifiés, soulignant une répartition inégale du phénomène sur le territoire. De plus, le constat que seulement une victime sur quatre signale les faits à la police ou à la gendarmerie met en exergue la persistance des obstacles à la dénonciation et à la prise en charge des victimes.

Les associations luttant pour le droit des femmes ont vivement critiqué le gouvernement pour son manque d’efforts dans la prévention et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. L’absence de mesures significatives pour endiguer ce fléau est pointée du doigt, malgré la période marquée par #MeToo et la mise en place de lois visant à lutter contre les violences conjugales.

Un aspect particulièrement critiqué est l’absence de femmes à des postes ministériels régaliens, remettant en question l’engagement réel du gouvernement envers la cause féminine. Cette régression dans la représentation des femmes au sein du gouvernement est perçue comme une défaillance notable dans la promotion de l’égalité des sexes.

Enfin, le bilan de Macron sur la place des femmes dans son gouvernement est entaché d’une communication abondante mais de résultats dérisoires. Malgré des annonces ambitieuses, le budget alloué aux droits des femmes reste insignifiant, et la création d’un ministère dédié n’a pas été suivie d’un engagement politique fort. Les vagues de #MeToo n’ont débouché que sur des demi-mesures, laissant les violences conjugales largement impunies. La régression de la représentation des femmes à des postes clés souligne un manque d’engagement réel en faveur de l’égalité des sexes, marquant un bilan décevant pour un président autrefois autoproclamé « candidat féministe ».

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